3 Voici les nations que Yahvé a laissé subsister afin de mettre par elles Israël à l’épreuve, tous ceux qui n’avaient connu aucune des guerres de Canaan
y Le grec a lu « hittites ». Cette mention pourrait provenir de Jos 11.3 (qui nomme les deux peuples), mais le reste du v. 3 semble un résumé de Jos 13.6.
7 Les Israélites firent ce qui est mal aux yeux de Yahvé. Ils oublièrent Yahvé leur Dieu pour servir les Baals et les Ashéras.
z La coutume est d’appeler « grands » Juges ceux dont l’histoire est racontée avec plus ou moins de détails Otniel, Éhud, Débora (et Baraq), Gédéon, Jephté, Samson, et « petits » Juges ceux qui ne reçoivent qu’une brève mention Shamgar, Tola, Yaïr, Ibçan, Elôn, Abdôn. Cette distinction n’est pas faite par le texte, mais elle correspond à peu près à deux types différents de personnages qu’il présente. Les premiers sont suscités par Dieu pour délivrer le peuple de l’oppression, ils sont des chefs charismatiques et des sauveurs. Les seconds remplissent évidemment une charge, mais il est difficile de préciser leurs attributions. Ils « jugent », ce qui inclut l’administration de la justice mais la dépasse. Le même verbe, rarement en hébreu mais plus souvent dans d’autres langues sémitiques de l’ouest, signifie « gouverner », et « juge » devient synonyme de « roi ». Au « Juge » (shophet), on peut comparer les « Suffètes » de Tyr et de Carthage. Les chiffres précis donnés pour le temps où ils furent en charge indiquent une bonne source historique, mais l’extension de leur autorité à tout Israël et leur succession chronologique semble être une construction secondaire. L’auteur du livre des Juges étend le nom de cette fonction aux héros libérateurs dont il recueille les histoires. Il se les représente comme ayant, eux aussi, « jugé » Israël, et leur série, complétée par les « petits » Juges pour atteindre au chiffre des douze tribus, lui sert à meubler le temps qui s’est écoulé entre la mort de Josué et l’installation de Saül. De fait, le régime des Juges a été, au niveau de la cité et du district, une étape entre le gouvernement tribal et la monarchie.
a Ce petit récit est énigmatique. Otniel ne peut être que le conquérant de Debir (1.13), ville du Sud judéen. L’oppresseur est Kushân-Risheatayim, roi d’Aram-Naharayim d’après l’hébr., et le nom géographique désigne la région des deux Fleuves, la Mésopotamie du Nord, cf. Gn 24.10. Ces données ne semblent pas conciliables. Une solution possible est de lire Edom au lieu d’Aram, car l’écriture des deux noms est très proche en hébr. ; Naharayim, précision qui n’existe pas au v. 10, aurait été ajouté par la suite. Ce qui est certain, c’est qu’un rédacteur tardif a utilisé une ancienne tradition du Sud pour donner à un homme de la tribu de Juda une place dans la galerie des Juges. En effet, à partir de David, les Calébites ont été intégrés dans cette tribu.
b Le nom du roi signifie « Kushân à la double méchanceté » ; c’est peut-être un nom ancien modifié par dérision.
9 Alors les Israélites crièrent vers Yahvé et Yahvé suscita aux Israélites un sauveur qui les libéra, Otniel fils de Qenaz, frère cadet de Caleb.
12 Les Israélites recommencèrent à faire ce qui est mal aux yeux de Yahvé et Yahvé fortifia Églôn, roi de Moab, contre Israël, parce qu’ils faisaient ce qui est mal aux yeux de Yahvé.
c L’histoire suppose que les Moabites ont dépassé l’Arnon, occupé les « Steppes de Moab » et franchi le Jourdain leur roi a une résidence à Jéricho (la « ville des Palmiers »). Ils sont ainsi dans le territoire de Benjamin. Cette expansion doit être mise en relation avec l’affaiblissement de la tribu de Ruben, au début de la période des Juges. L’intervention du rédacteur deutéronomiste est ici réduite au minimum vv. 12, 15a et 30. Il utilise un récit qui se racontait peut-être à Gilgal, v. 19, et rapportait avec complaisance et sans souci de jugement moral la ruse du Benjaminite Éhud. L’élargissement de l’action à tout Israël, vv. 27-29, est secondaire, mais peut-être antérieur à l’utilisation du récit par le deutéronomiste.
15 Alors les Israélites crièrent vers Yahvé et Yahvé leur suscita un sauveur, Éhud, fils de Géra, Benjaminite, qui était gaucher. Par son intermédiaire les Israélites envoyèrent un tribut à Églôn, roi de Moab.
d Ces idoles de pierre (pesîlîm) étaient bien connues de la tradition locale et servent de repère géographique, ici et v. 26. Nous ne savons pas ce qu’elles étaient, mais il ne peut pas s’agir des pierres érigées par Josué. Jos 4.19-20, qu’on n’aurait pas appelées des « idoles ». — Le mot traduit par « Silence » est sans doute à comprendre comme un signal pour que s’éloigne l’entourage du roi.
22 La poignée même entra avec la lame et la graisse se referma sur la lame, car Éhud n’avait pas retiré le poignard de son ventre ; alors les excrémentse sortirent.
e L’hébr. a ici un mot unique (« hapax »), parshedonah, dont la traduction est difficile. Les derniers mots du v. 22 veulent établir un parallèle plein d’ironie puisque Éhud sort par le vestibule (?), misderônah, autre mot unique dans la Bible.
24 Quand il fut sorti, les serviteurs revinrent et ils regardèrent : les portes de la chambre haute étaient fermées au verrou. Ils se dirent : « Sans doute il se couvre les piedsf dans le réduit de la chambre fraîche. »
f Euphémisme pour satisfaire un besoin naturel.
26 Pendant qu’ils attendaient, Éhud s’était enfui. Il dépassa les Idoles et se mit en sûreté à Ha-Séïra.
28 Et il leur dit : « Suivez-moi, car Yahvé a livré votre ennemi, Moab, entre vos mains. » Ils le suivirent donc, coupèrent à Moab le passage des gués du Jourdain et ne laissèrent passer personne.
31 Après lui il y eut Shamgar, fils d’Anat. Il défit les Philistins au nombre de six cents hommes avec un aiguillon à bœufs, et lui aussi sauva Israël.
g Ce v. est une addition, cf. 4.1. Shamgar semble n’être pas israélite son nom est étranger, et il est apparemment originaire de Bet-Anat, en Galilée, qui était restée cananéenne. 1.33. Son insertion dans la liste des Juges vient probablement de 5.6 mal compris.