3 Enfin, Job ouvrit la bouche et maudit son jour. [son jour désigne le jour de sa naissance, voir v. 3 ; comparer Jr 20.14-18.]
2 Job prit la parole et dit :
3 Périsse le jour où j'allais être enfanté
et la nuit qui a dit : « Un homme a été conçu ! » [Jb 10.18 ; Si 23.14 ; Mt 26.24 par.]
4 Ce jour-là, qu'il devienne ténèbres,
que, de là-haut, Dieu ne le convoque pas,
que ne resplendisse sur lui nulle clarté ;
5 que le revendiquent la ténèbre et l'ombre de mort,
que sur lui demeure une nuée,
que le terrifient les éclipses !
6 Cette nuit-là, que l'obscurité s'en empare,
qu'elle ne se joigne pas à la ronde des jours de l'année,
qu'elle n'entre pas dans le compte des mois !
7 Oui, cette nuit-là, qu'elle soit infécondée,
que nul cri de joie ne la pénètre ;
8 que l'exècrent les maudisseurs du jour,
ceux qui sont experts à éveiller le Tortueux ; [Autre traduction le Léviatan, voir Jb 41.1 (40.25)
— Jb 41.26 ; Es 27.1 ; Ps 74.14 ; 104.26. C'est un animal fabuleux, décrit sous les traits du crocodile. On pensait que, sous l'influence des magiciens, il pouvait provoquer des éclipses de soleil (v. 9).]
9 que s'enténèbrent les astres de son aube,
qu'elle espère la lumière — et rien !
Qu'elle ne voie pas les pupilles de l'aurore ! [Lorsque les pupilles de l'aurore s'entrouvrent, le soleil apparaît.]
10 Car elle n'a pas clos les portes du ventre où j'étais,
ce qui eût dérobé la peine à mes yeux.
11 Pourquoi ne suis-je pas mort dès le sein ?
A peine sorti du ventre, j'aurais expiré.
12 Pourquoi donc deux genoux m'ont-ils accueilli,
pourquoi avais-je deux mamelles à téter ?
13 Désormais, gisant, je serais au calme,
endormi, je jouirais alors du repos,
14 avec les rois et les conseillers de la terre,
ceux qui rebâtissent pour eux des ruines, [Es 14.9-11 ; Ez 32.18-30.]
15 ou je serais avec les princes qui détiennent l'or,
ceux qui gorgent d'argent leurs demeures,
16 ou comme un avorton enfoui je n'existerais pas,
comme les enfants qui ne virent pas la lumière. [Jb 10.19 ; Ps 58.9 ; Qo 6.3.]
17 Là, les méchants ont cessé de tourmenter,
là, trouvent repos les forces épuisées. [Ap 14.13.]
18 Prisonniers, tous sont à l'aise,
ils n'entendent plus la voix du garde-chiourme.
19 Petit et grand, là, c'est tout un,
et l'esclave y est affranchi de son maître. [Même séjour des morts pour tous Jb 21.26 ; Qo 9.2-3.]
20 Pourquoi donne-t-il la lumière à celui qui peine,
et la vie aux ulcérés ? [Le sujet sous-entendu est Dieu.]
21 Ils sont dans l'attente de la mort, et elle ne vient pas,
ils fouillent à sa recherche plus que pour des trésors. [Jb 6.9 ; 7.15 ; 1 R 19.4 ; Jr 8.3 ; Jon 4.3 ; Ap 9.6.]
22 Ils seraient transportés de joie,
ils seraient en liesse s'ils trouvaient un tombeau.
23 Pourquoi ce don de la vie à l'homme dont la route se dérobe ?
Et c'est lui que Dieu protégeait d'un enclos ! [Les mots Pourquoi ce don de la vie, sous-entendus dans le texte original, constituent une reprise de la pensée du v. 20.
— enclos Jb 1.10.]
24 Pour pain je n'ai que mes sanglots,
ils déferlent comme l'eau, mes rugissements. [Ps 42.4 ; 80.6 ; 102.10.]
25 La terreur qui me hantait, c'est elle qui m'atteint,
et ce que je redoutais m'arrive. [Jb 15.24 ; Pr 10.24 ; Ez 11.8.]
26 Pour moi, ni tranquillité, ni cesse, ni repos.
C'est le tourment qui vient. [Dt 28.65-67 ; Mt 11.28-29 ; Ap 14.11.]