Mt 3.1-6 ; Mc 1.2-6 ; cf. Jn 1.19-23
3 La quinzième année du gouvernement de Tibère César – alors que Ponce Pilate était gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de la Galilée, Philippe, son frère, tétrarque de l'Iturée et du territoire de la Trachonitide, Lysanias tétrarque de l'Abilène, [Cf. 1.5 ; 2.1s ; Ac 26.26. – La quinzième... année de Tibère peut commencer en octobre 27, en janvier ou en août-septembre 28 en fonction du moment précis de la carrière de Tibère qu'on interprète comme le début de son gouvernement de César, comme successeur d'Auguste (2.1n). – Ponce Pilate 13.1 ; 23.1ss ; Ac 3.13 ; 4.27 ; 13.28. – était gouverneur : terme apparenté à celui qui a été traduit précédemment par gouvernement ; cf. 20.20 ; une inscription retrouvée à Césarée lui donne le titre de praefectus (préfet) ; il a occupé ce poste de 26 à 36 apr. J.-C. (voir « Ponce Pilate »). – Hérode Antipas, fils cadet d'Hérode le Grand (1.5), tétrarque (à l'origine titre de celui qui gouvernait le quart d'une région donnée, dans l'évangile au sens plus général de prince de second rang) de 4 av. J.-C. à 39 apr. J.-C. ; c'est encore de lui qu'il sera question v. 19 ; 8.3 ; 9.7ss ; 13.31s ; 23.7ss ; Mc 6.14 ; Ac 4.27 ; 13.1. – Philippe, autre fils d'Hérode le Grand, tétrarque de l'Iturée et de la Trachonitide (entre autres), régions situées à l'est du Jourdain, vers la frontière syrienne ; cf. Mc 6.17 ; 8.27. – Le Lysanias le plus connu est un fils de Ptolémée, roi de Chalcis en Coelésyrie, mort en 39 av. J.-C. Mais ce nom a été porté plus tard par plusieurs autres princes de la région (l'Abilène est la région d'Abila, au nord-ouest de Damas, dans l'Anti-Liban).]
3 Il se rendit dans toute la région du Jourdain, proclamant un baptême de changement radical, pour le pardon des péchés, [la région du Jourdain : cf. Gn 13.10ss. – proclamant 4.18s,44 ; 8.1,39 ; 9.2 ; 11.32 ; 12.3 ; 24.47 ; Ac 8.5 ; 9.20 ; 10.42 ; 19.13 ; 20.25 ; 28.31 ; voir Mc 1.4n. – baptême : cf. v. 16 ; Mc 1.4n ; Jn 3.22ss ; Ac 18.25 ; 19.3s. – changement radical ou repentance, conversion v. 8 ; 5.32 ; 10.13 ; 11.32 ; 13.3,5 ; 15.7,10 ; 16.30 ; 17.3s ; 24.47 ; Mt 3.2n ; Ac 13.24 ; 19.4. – pardon des péchés : cf. 1.77 ; voir aussi Nb 14.19 ; Ps 25.18.]
C'est celui qui crie dans le désert :
préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers ! [Cf. 1.76 ; Es 40.3ss ; Mc 1.2s,5 et les notes ; voir aussi prophète. – chemin ou voie : cf. 20.21. – rendez droits : autre traduction aplanissez, mais cf. v. 5.]
5 Toute vallée sera comblée,
toute montagne et toute colline seront abaissées,
les passages tortueux deviendront droits,
les chemins raboteux seront nivelés, [Cf. 1.79 ; voir aussi 1.52 ; 14.11 ; 18.14 ; Es 2.2ss ; Ps 68.16s.]
6 et tous verront le salut de Dieu. [2.30+s ; Ac 28.28 ; Tt 2.11. – tous : litt. toute chair.]
Un document caché dans l’Evangile selon Luc ?Pour rendre compte des ressemblances et des différences entre les trois évangiles synoptiques (voir « De l’Evangile aux quatre évangiles » et le tableau « Les évangiles synoptiques : un inventaire comparatif »), les savants du XIXe siècle ont élaboré une théorie célèbre, dite « des deux sources ». Celle-ci reconnaît en Marc le premier évangile, dont Matthieu et Luc se sont inspirés (cf. Lc 1.1-3) ; quant aux passages communs à Matthieu et à Luc, mais absents de Marc, elle les suppose issus d’un autre document (désigné par la lettre Q, de l’allemand Quelle qui signifie « source »), un document ignoré de Marc et perdu pour nous ; en outre, elle repère des matériaux propres, à Matthieu d’une part et à Luc d’autre part, auxquels elle attribue respectivement les symboles SMt et SLc (S signifiant Sondergut, le « bien propre » de chacun). On arrive ainsi au schéma suivant : Selon ce schéma, il suffirait de sélectionner les passages communs à Matthieu et à Luc et absents de Marc pour retrouver le document Q (ou, plutôt, ce que Matthieu et Luc en ont retenu) ; d’après une reconstruction récente, on pourrait se faire une bonne idée de ce document en lisant les passages suivants dans Luc :
A quelques nuances près, cette théorie maintenant classique convainc toujours la majorité – mais non pas la totalité – des spécialistes du Nouveau Testament. Evidemment, la délimitation précise des textes et a fortiori l’ordre dans lequel ils se présentaient dans le document Q restent sujets à discussion. Dans certains cas, on peut se demander si telle ressemblance entre Matthieu et Luc doit s’expliquer par une même source écrite ou par un fonds commun de tradition orale. Enfin, la théorie n’explique pas pourquoi, dans certains détails de textes globalement inspirés de Marc, Matthieu et Luc s’accordent entre eux en divergeant de Marc. Des remises en question plus radicales sont possibles. Ainsi, on pourrait envisager que Marc ait lui aussi connu le document Q, mais qu’il en ait délibérément fait un usage plus restreint que Matthieu et Luc. Du reste, si, comme certains le croient, les évangiles sont le fruit de plusieurs rédactions successives, qui ont pu s’influencer réciproquement à chaque étape, il en résulte forcément un système beaucoup plus complexe. En tout état de cause, force est de constater que les textes indiqués ci-dessus forment un ensemble assez cohérent, constitué essentiellement de paroles de Jésus (et non de récits). S’il y a bien derrière eux un document source, celui-ci pourrait être beaucoup plus ancien encore que l’Evangile selon Marc. |
7 Il disait donc aux foules qui venaient pour recevoir de lui le baptême : Vipères, qui vous a montré comment fuir la colère à venir ? [aux foules qui venaient... : cf. 7.29. – baptême 3.3+. – Vipères : voir Mt 3.7n. – la colère 21.23 ; cf. Es 13.9 ; Ez 7.19 ; So 1.14ss ; 2.2 ; voir aussi Rm 1.18 ; 2.5 ; 3.5 ; 9.22 ; Ep 5.6 ; Col 3.6 ; 1Th 1.10.]
10 Les foules l'interrogeaient : Que devons-nous donc faire ? [V. 7,12,14 ; 10.25 ; 18.18 ; Ac 2.37 ; 16.30 ; 22.10.]
Mt 3.11-12 ; Mc 1.7-8 ; cf. Jn 1.24-28
15 Comme le peuple était dans l'attente, et que tous se demandaient si Jean n'était pas le Christ, [se demandaient : litt. se demandaient en leurs cœurs ; voir 1.29n. – si Jean n'était pas le Christ (ou le Messie 2.11n) ; cf. Jn 1.19-20+ ; l'attente d'un (ou de plusieurs) Messie(s) (roi et / ou prêtre idéal) est attestée dans le judaïsme au moins depuis le IIe s. av. J.-C. Elle est particulièrement présente dans les écrits de Qumrân ; cf. Dn 9.25n ; voir aussi onction.]
18 Jean annonçait la bonne nouvelle au peuple avec beaucoup d'autres encouragements. [annonçait la bonne nouvelle 1.19n. – encouragements ou exhortations ; un terme apparenté est traduit par consolation en 2.25 ; Ac 2.40+.]
19 Mais Hérode le tétrarque, à qui Jean faisait des reproches au sujet d'Hérodiade, femme de son frère, et au sujet de toutes les mauvaises actions qu'Hérode avait commises, [Hérode le tétrarque v. 1n. – son frère Hérode, un autre fils d'Hérode le Grand, d'après Josèphe ; ou bien Hérode Philippe (v. 1n), d'après Mc 6.17n. Cf. Lv 18.16 ; 20.21.]
Mt 3.13-17 ; Mc 1.9-11 ; cf. Jn 1.29-34.
21 Quand tout le peuple reçut le baptême, Jésus aussi reçut le baptême ; et, pendant qu'il priait, le ciel s'ouvrit, [Autre traduction Après que tout le peuple (cf. v. 7 ; 7.29) eut reçu le baptême... – pendant qu'il priait : cf. 1.10 ; 5.16 ; 6.12 ; 9.18,28s ; 10.21 ; 11.1s ; 22.32,40ss ; 23.34,46 ; cf. Mt 14.23+ ; Mc 6.46+. – le ciel s'ouvrit : cf. Ez 1.1. – Cf. Evangile des ébionites (Epiphane, Panarion, 30,13,7s) : « Le peuple ayant été baptisé, Jésus vint aussi se faire baptiser par Jean. Comme il remontait de l'eau, les cieux s'ouvrirent et il vit l'Esprit saint sous la forme d'une colombe qui descendait et entrait en lui. Une voix venant du ciel dit : “Tu es mon Fils bien-aimé, en toi je me suis complu.” Et à nouveau : “Je t'ai engendré aujourd'hui.” Aussitôt une grande lumière éclaira tout l'endroit. »]
23 Jésus, à ses débuts, avait environ trente ans. Il était, à ce qu'on pensait, fils de Joseph, fils de Héli, [La généalogie de Lc compte, selon le texte le plus probable, 77 (11 x 7) générations d'Adam à Jésus (cf. Mt 1.17n) ; cf. 4 Esdras 14.11 : « La durée du monde est divisée en douze parties. » Un ms (le principal témoin du texte occidental) reproduit ici, dans l'ordre inverse, la généalogie de Mt 1. – à ses débuts : litt. quand il commença ; cf. 1.3 ; 23.5 ; Ac 1.1,22 ; 10.37 ; 11.15. – environ trente ans : cf. v. 1 ; 1.5 ; 2.2 ; Gn 41.46 ; Nb 4.3 ; 2S 5.4. – Il était, à ce qu'on pensait... : autre traduction il était considéré, en droit, comme fils de Joseph... ; cf. 2.27,41,48 ; 4.22 ; Jn 1.45 ; 6.42. – fils de Héli : comparer avec Mt 1.16.]