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Bible de Jérusalem – Nahum 3

Sentence sur Ninive la prostituée.r

3 Malheur à la ville sanguinaire,
toute en mensonges,
pleine de butin,
où ne cesse pas la rapine !

r Nouveau tableau de la ruine de Ninive, accompagné d’un jugement sur les péchés qui ont entraîné ce châtiment. En représentant Ninive comme une prostituée, Nahum vise moins son idolâtrie (Ninive n’est pas comme Israël l’épouse de Yahvé) et sa prostitution sacrée, que l’avidité et l’habileté avec lesquelles elle a établi son pouvoir sur tous les peuples, pour les dépouiller.

2 Claquement des fouets,
fracas des roues,
chevaux au galop,
chars qui bondissent,
3 cavaliers à la charge,
flammes des épées,
éclairs des lances,
foule des blessés,
masse des morts,
sans fin des cadavres,
on bute sur leurs cadavres !
4 C’est à cause des prostitutions sans nombre de la prostituée,
la beauté gracieuse, l’habile enchanteresse
qui asservissaits les nations par ses débauches,
les peuples par ses enchantements.

s « asservissait », litt. « vendait »; on propose hakkomeret « prenait dans ses filets, enjôlait » (simple interversion de consonnes).

5 Me voici contre toi, oracle de Yahvé Sabaot.
Je vais relever jusqu’à ton visage les pans de ta robe,
montrer aux nations ta nudité,
aux royaumes ton ignominie.
6 Je vais jeter sur toi des ordures,
te déshonorer, t’exposer au pilori.t

t Le châtiment de Ninive est celui des adultères, cf. Os 2.5 ; Ez 16.36-43 ; 23.25-30.

7 Alors, quiconque te verra
se détournera de toi. Il dira :
« Ninive ! quelle désolation ! »
Qui la prendrait en pitié ?
Où pourrais-je te chercher des consolateurs ?

L’exemple de Thèbes.

8 Valais-tu mieux que No-Amonu
assise sur les Fleuves ?
(les eaux l’entouraient)
Pour avant-mur, elle avait la mer,
pour rempart, les eaux.v

u Sans doute Thèbes en Haute-Égypte, la « ville d’Amon »; elle fut saccagée en 663 par les armées d’Assurbanipal qui l’avaient peut-être atteinte déjà en 667.

v « Pour avant-mur elle avait », litt. « son avant-mur », 4 Qp Nahum ; « avant-mur » TM. — « les eaux » mayim 4 Qp Nahum ; « de la mer » miyyam TM. — Cette description poétique a été glosée par l’expression beaucoup plus plate « les eaux l’entouraient ».

9 Sa puissance, c’était Kush
et l’Égypte, sans fin.
Put et les Libyens étaient ses auxiliaires.w

w « ses auxiliaires » grec, syr. ; « tes auxiliaires » hébr.

10 Elle aussi est allée en exil,
en captivité ;
ses petits enfants aussi ont été écrasés
à tous les carrefours ;
ses nobles, on les a tirés au sort,
tous ses grands ont été liés avec des chaînes.
11 Toi aussi, tu seras enivrée,
tu seras celle qui se cache ;
toi aussi, tu devras chercher
un refuge contre l’ennemi.

Inutilité des préparatifs de Ninive.x

12 Tes places fortes sont toutes des figuiers
aux figues précoces :
on les secoue, elles tombent
dans la bouche de qui les mange.

x Cet oracle semble faire allusion à des revers déjà subis par les armées assyriennes (prise d’Assur en 614).

13 Regarde ton peuple :
ce sont des femmes qu’il y a chez toi ;
les portes de ton pays
s’ouvrent toutes grandes à l’ennemi ;
le feu a dévoré tes verrous.
14 Puise de l’eau pour le siège,
consolide tes places fortes,
marche dans la boue, foule l’argile,
prends le moule à briques.
15 Là, le feu te dévorera
et l’épée t’exterminera.y
Amoncelle-toi comme les criquets,
amoncelle-toi comme les sauterelles ;

y L’hébr. ajoute « il te dévorera comme le criquet », glose inspirée par la suite.

L’envol des sauterelles.z

16 multiplie tes courtiers
plus que les étoiles du ciela
— les criquets déploient leurs élytres,
ils s’envolent —,

z L’invasion des Assyriens dans les pays occupés (commerçants, soldats, fonctionnaires) est comparée à celle d’une nuée de sauterelles. La même image sert à annoncer leur disparition subite et totale.

a « multiplie », litt. « tu multiplies ». — On serait tenté de lire le v. 16 au milieu du v. 17, mais aucun témoin ancien ne fait cette transposition.

17 tes garnisons comme les sauterelles,
tes scribes comme un essaim d’insectes.
Ils campent sur les murs
au jour du froid.
Le soleil paraît :
ils sont partis, nul ne sait où.
Où sont-ils ?b

b Au lieu de ’ayyam , « où sont-ils », le grec a lu ’oy mah « Malheur ! Comment... » rattaché à la suite.

Lamentation funèbre.

18 Ils dorment, tes bergers, roi d’Assur,
ils reposent, tes capitaines.
Ton peuple est dispersé sur les montagnes,
nul ne pourra plus les rassembler.
19 À ta blessure, pas de remède !
Ta plaie est incurable.
Tous ceux qui entendent ce qu’on dit de toi
battent des mains sur toi ;
sur qui donc n’est pas passée,
sans trêve, ta méchanceté ?

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