Vigouroux – Apocalypse 3
L’ange de Sardes mort devant Dieu, quoiqu’on le croie vivant. L’ange de Philadelphie aimé de Dieu pour sa fidélité et sa patience ; celui de Laodicée menacé d’être rejeté comme tiède.
3 Ecris aussi à l’ange de l’Eglise de Sardes : Voici ce que dit celui qui a les sept Esprits de Dieu et les sept étoiles : Je connais tes œuvres ; tu passes pour être vivant, et tu es mort. [3.1 Sardes, métropole de la Lydie, en Asie Mineure, toute adonnée aux plaisirs, sur la pente du Tmolus, baignée par le Pactole, ancienne capitale de Crésus. Il y avait beaucoup de Juifs.]2 Sois vigilant, et affermis ce qui reste et qui est près de mourir ; car je ne trouve pas tes œuvres pleines devant mon Dieu. [3.2 Tous les restes. Il y a dans le texte le genre neutre, ce qui est un pur hébraïsme qui a pour but de marquer une universalité complète, qui n’admet aucune exception.]3 Rappelle-toi donc comment tu as reçu et entendu ; et retiens-le, et fais pénitence. Si donc tu n’es pas vigilant, je viendrai à toi comme un voleur, et tu ne sauras pas à quelle heure je viendrai à toi. [3.3 Voir 1 Thessaloniciens, 5, 2 ; 2 Pierre, 3, 10 ; Apocalypse, 16, 15.]4 Cependant tu as à Sardes un petit nombre de noms qui n’ont pas souillé leurs vêtements ; ils marcheront avec moi vêtus de blanc, parce qu’ils en sont dignes. [3.4 Noms. Dans les énumérations, le mot nom se prend pour tête, individu, personne. Comparer à Actes des Apôtres, 1, 15, où la Vulgate elle-même a rendu par hommes le terme grec qui signifie noms.]5 Celui qui vaincra sera ainsi vêtu d’habits blancs, et je n’effacerai point son nom du livre de vie ; et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges. 6 Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Eglises. 7 Ecris aussi à l’ange de l’Eglise de Philadelphie : Voici ce que dit le Saint et le Véritable, qui a la clef de David, qui ouvre et personne ne ferme(ra), qui ferme et personne n’ouvrira (n’ouvre). [3.7 Voir Isaïe, 22, 22 ; Job, 12, 14. ― Philadelphie était en Lydie, comme Sardes, au pied du mont Tmolus, sur le Caïstre. Elle avait été bâtie par Attale II Philadelphe qui lui avait donné son nom. Depuis l’an 132 avant Jésus-Christ, elle était soumise à la province romaine.]8 Je connais tes œuvres ; voici, j’ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer, parce que tu as peu de force, et que (cependant) tu as gardé ma parole et n’as pas renié mon nom. [3.8 J’ai posé ; littéralement, j’ai donné. Le verbe hébreu correspondant réunit ces deux significations.]9 Voici, je te donnerai (produirai, note) de ceux qui sont de la synagogue de Satan, qui se disent Juifs et ne le sont point, mais qui mentent ; voici, je ferai qu’ils viennent et qu’ils se prosternent (adorent) à tes pieds ; et ils sauront que je t’ai aimé. [3.9 Je produirai, je poserai, j’établirai. Voir le verset 8. ― Qui se disent, etc., Voir Apocalypse, 2, 9. ― Qu’ils adorent. On a déjà vu que dans le style des Hébreux, le mot adoration signifiait souvent un simple hommage de respect.]10 Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de la tentation, qui va venir sur l’univers entier, pour éprouver les habitants de la terre. [3.10 La parole de ma patience. Le mot parole est mis pour précepte. Saint Jean, en effet, emploie souvent la phrase garder la parole, pour garder la loi. De plus, l’expression la parole de ma patience, est une hyperbate hébraïque ; la construction régulière est : Ma parole, ou mon précepte de la patience, touchant la patience.]11 Voici, je viens bientôt ; retiens ce que tu as, afin que personne ne prenne (reçoive) ta couronne. 12 Celui qui vaincra, je ferai de lui une colonne dans le temple de mon Dieu, et il n’en sortira plus ; et j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la ville de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem, qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu, et mon nom nouveau. 13 Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Eglises. 14 Ecris aussi à l’ange de l’Eglise de Laodicée : Voici ce que dit l’Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu : [3.14 Voir Jean, 14, 6. ― Des créatures. Le texte porte au singulier de la créature, mais c’est évidemment un nom collectif ; ou bien ce mot doit se prendre ici, comme en plusieurs autres passages, dans le sens de création. ― Laodicée. Voir Colossiens, 2, 1.]15 Je connais tes œuvres, je sais que tu n’es ni froid ni chaud. Ah ! que n’es-tu froid ou chaud ! 16 Mais parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni chaud, je vais (suis prêt de) te vomir de ma bouche. 17 Car tu dis : Je suis riche, et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien ; et tu ne sais pas que tu es malheureux, et misérable, et pauvre, et aveugle, et nu. 18 Je te conseille d’acheter de moi de l’or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs pour t’en couvrir, et que la honte de ta nudité ne paraisse point ; oins (applique) aussi tes yeux d’un collyre, afin que tu voies. [3.18 Cet or éprouvé au feu est le symbole de la charité ; ces habits blancs, celui de l’innocence, des vertus chrétiennes, des œuvres saintes (voir Apocalypse, 19, 8), et ce collyre, celui de l’humilité qui nous ouvre les yeux, en nous faisant connaître nos défauts.]19 Ceux que j’aime, je les reprends et les châtie ; aie donc du zèle, et fais pénitence. [3.19 Voir Proverbes, 3, 12 ; Hébreux, 12, 6.]20 Voici, je me tiens à la porte, et je frappe : si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre la porte, j’entrerai chez lui, et je souperai avec lui, et lui avec moi. [3.20 Dieu frappe à la porte de notre cœur par les avertissements qu’il nous donne ; il entre en nous par la charité qu’il répand dans nos cœurs ; il soupe avec nous par les grâces dont il nous comble en cette vie, considérée comme le soir qui précède le grand jour de l’éternité.]21 Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, de même que moi aussi j’ai vaincu, et me suis assis avec mon Père sur son trône. 22 Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Eglises.