30 Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé en ces termes :
m La majeure partie du « livre de la consolation », 30.1-31.22, a été écrite entre la réforme de 622 et la mort de Josias (609). La réforme deutéronomique, cf. 2 R 22.3 — 23.24, avait relevé en même temps la foi yahviste, en rompant avec le syncrétisme religieux inauguré par Manassé, et l’espérance nationale le déclin de l’Assyrie avait permis à Josias d’entreprendre la reconquête de la Samarie et de la Galilée, 2 R 23.15, 19 ; 2 Ch 35.18. L’espoir naquit d’un retour des exilés de 721 dans le royaume de David restauré. Les poèmes qui suivent expriment cet espoir Yahvé aime encore l’Israël du Nord, 31.3, 15-20, cf. Os 11.8-9 ; il ramènera ses exilés sur leurs terres, 30.3 ; 31.2-14, cf. Os 10.11, dans l’unité religieuse retrouvée autour de Sion, 31.6, cf. Isa 11.10-16. Cette annonce du retour fut ensuite étendue à Juda, à son tour conquis et déporté. Des oracles postérieurs, 30.8-9 ; 31.1, 23-26, 27-28, et des gloses en 30.3, 4 ; 31.31, associent Juda à Israël, donnant ainsi au « livre de la consolation » de Jérémie sa portée définitive et messianique Israël et Juda seront rassemblés, cf. 3.18, pour servir sur leur terre « Yahvé leur Dieu et David leur roi », 30.9. Ce rassemblement d’Israël dispersé deviendra l’un des thèmes majeurs des prophètes de l’Exil, Isa 43.5s ; 49.5-6, 12, 18-23, etc. ; Ez 11.17 ; 20.34 ; 28.25 ; 34.12-13, etc., et d’après l’Exil, Za 10.6-12, cf. encore Jn 11.52.
4 Voici les paroles qu’a prononcées Yahvé à l’adresse d’Israël (et de Juda) :
5 Ainsi parle Yahvé :
Nous avons perçu un cri d’effroi,
c’est la terreur, non la paix.
6 Interrogez donc et regardez.
Est-ce qu’un mâle enfante ?
Pourquoi vois-je tout homme
les mains sur les reins comme celle qui enfante ?
Pourquoi tous les visages sont-ils devenus livides ?
7 Malheur ! C’est le grand jour !
Il n’a pas son pareil !
Temps de détresse pour Jacob,
mais dont il sera sauvé.
8 (Ce jour-là — oracle de Yahvé Sabaot — je briserai le joug qui pèse sur ta nuque et je romprai tes chaînes. Alors les étrangers ne t’asserviront plus,
n « le joug » grec, Vet. Lat. ; « son joug » hébr. — « t’asserviront » conj. ; « l’asserviront » hébr. ; « les asserviront » grec (qui lit « leur nuque... leurs chaînes »). — « Israël et Juda » est suppléé ; en hébr. le sujet est sous-entendu. — Ces deux vv. sont une addition qui, comme les mots « et Juda » des vv. 2 et 4, tend à étendre à tout le peuple les promesses messianiques (cf. la mention d’un nouveau David).
10 Toi donc, ne crains pas, mon serviteur Jacob
— oracle de Yahvé —,
ne sois pas terrifié, Israël.
Car voici que je vais te sauver des terres lointaines
et tes descendants du pays de leur captivité.
Jacob reviendra et sera paisible,
tranquille, sans personne qui l’inquiète.
11 Car je suis avec toi pour te sauver
— oracle de Yahvé —,
je vais en finir avec toutes les nations
où je t’ai dispersé ;
avec toi je ne veux pas en finir,
mais te châtier selon le droit,
ne te laissant pas impuni.
12 Oui, ainsi parle Yahvé.
Incurable est ta blessure,
inguérissable ta plaie.
13 Personne pour plaider ta cause ;
pour un ulcère, il y a des remèdes,
pour toi, pas de guérison.
14 Tous tes amantso t’ont oubliée,
ils ne te recherchent plus !
Oui, je t’ai frappée comme frappe un ennemi,
d’un rude châtiment
(pour ta faute si grande, tes péchés si nombreux).
o Ici, les nations sur lesquelles s’appuyait Israël, cf. Ez 16 et 23.
15 Pourquoi crier à cause de ta blessure ?
Incurable est ton mal !
C’est pour ta faute si grande, pour tes péchés si nombreux,
que je t’ai ainsi traitée !
16 Maisp tous ceux qui te dévoraient seront dévorés,
tous tes adversaires, absolument tous, iront en captivité,
ceux qui te dépouillaient seront dépouillés,
et tous ceux qui te pillaient seront livrés au pillage.
p « Mais » conj. ; « c’est pourquoi » hébr.
17 Car je vais te porter remède, guérir tes plaies
— oracle de Yahvé —,
toi qu’on appelait : « la Répudiée »,
« Sion dont nul ne prend soin. »q
q Littéralement « c’est Sion, celle dont nul ne prend soin »; il s’agit sans doute d’une relecture faisant de l’« Israël » de ce chap. l’ensemble du peuple de Dieu, et non simplement le royaume du Nord. À la place de « Sion » le grec a « votre butin », sans doute pour « notre butin », pourrait refléter le texte primitif (çâdenû , corrigé en çîyôn).
18 Ainsi parle Yahvé :
Voici que je vais rétablir les tentes de Jacob,
je prendrai en pitié ses habitations ;
la ville sera rebâtie sur son tell,
la maison forte restaurée à sa vraie place.
19 Il en sortira l’action de grâces et les cris de joie.
Je les multiplierai : ils ne diminueront plus.
Je les glorifierai : ils ne seront plus abaissés.
20 Ses fils seront comme jadis,
son assemblée devant moi sera stable,
je châtierai tous ses oppresseurs.
21 Son chef sera issu de lui,
son souverain sortira de ses rangs.r
Je lui donnerai audience et il s’approchera de moi ;
qui donc en effet aurait l’audace
de s’approcher de moi ? — Oracle de Yahvé.
r Par opposition à la période de vassalité assyrienne, où le gouverneur représentait le pouvoir étranger.
22 Vous serez mon peuple et moi, je serai votre Dieu.s
s Ce v., qui est une addition, contient la formule de l’Alliance, cf. Dt 26.17-18 ; 27.9 ; 28.9, etc., souvent rappelée par Jérémie, cf. 31.31.
23 Voici l’ouragan de Yahvé, sa fureur qui éclate,
c’est un ouragan qui gronde,
sur la tête des impies il fait irruption.
24 L’ardente colère de Yahvé ne se détournera pas
qu’il n’ait accompli et réalisé les desseins de son cœur.
À la fin des jours, vous comprendrez cela.