34 Élihu reprit son discours et dit :
2 Et vous, les sages, écoutez mes paroles,
vous, les savants, prêtez-moi l’oreille.
3 Car l’oreille apprécie les discours
comme le palais goûte les mets.
4 Examinons ensemble ce qui est juste,
voyons entre nous ce qui est bien.
5 Job a dit : « Je suis juste
et Dieu écarte mon droit.
6 Malgré mon bon droit, je passe pour un menteur,
une flèche m’a blessé sans que j’aie péché. »e
e Texte difficile ; on suit le TM, mais la trad. reste incertaine.
7 Où trouver un homme tel que Job,
qui boive le sarcasme comme l’eau,f
f Élihu, se méprenant sur l’attitude religieuse de Job, l’assimile aux « railleurs » que combat la littérature sapientielle, cf. Pr 21.24.
8 fasse route avec les malfaiteurs,
marche du même pas que les méchants ?
9 N’a-t-il pas dit : « L’homme ne tire aucun profit
à se plaire dans la société de Dieu ? »
10 Aussi écoutez-moi, en hommes de sens.
Qu’on écarte de Dieu le mal,
de Shaddaï, l’injustice !
11 Car il rend à l’homme selon ses œuvres,
traite chacun d’après sa conduite.g
g Énoncé classique de la doctrine de la rétribution. Le NT en renvoie la réalisation au dernier Jour.
12 En vérité, Dieu n’agit jamais mal,
Shaddaï ne pervertit pas le droit.
13 Autrement qui donc aurait confié la terre à ses soins,
l’aurait chargé de l’univers entier ?h
h Le sens de l’argumentation paraît être le suivant Dieu ne régit pas l’univers en second. Il n’applique pas le droit posé par un autre, mais c’est sa propre toute-puissance qui a fondé le droit. Il ne peut donc violer la justice, ni par intérêt, ni sous la contrainte. Cf. Sg 11.20-26 ; 12.11-18.
14 S’il n’appliquait sa pensée qu’à lui-même,
s’il concentrait en lui son souffle et son haleine,
15 toute chair expirerait à la fois
et l’homme retournerait à la poussière.
16 Si tu sais comprendre, écoute ceci,
prête l’oreille au son de mes paroles.
17 Un ennemi du droit saurait-il gouverner ?
Oserais-tu condamner le Juste tout-puissant ?
18 Lui, qui dit à un roi : « Vaurien ! »
traite les nobles de méchants,
19 n’a pas égard aux princes
et ne distingue pas du faible l’homme important.
Car tous sont l’œuvre de ses mains.
20 Ils meurent soudain en pleine nuit,
le peuple s’agite et ils disparaissent,
on écarte un tyran sans effort.
21 Car ses yeux surveillent les voies de l’homme
et il regarde tous ses pas.
22 Pas de ténèbres ou d’ombre épaisse
où puissent se cacher les malfaiteurs.
23 Il n’envoie pas d’assignationi à l’homme,
pour qu’il se présente devant Dieu en justice.
i « assignation » mô`ed. conj. ; hébr. `ôd (haplographie).
24 Il brise les grands sans enquête
et en met d’autres à leur place.
25 C’est qu’il connaît leurs œuvres !
Il les renverse de nuit et on les piétine.
26 Comme des criminels, il les soufflette,
en public il les enchaîne,j
j Le texte des vv. 26-33 est très corrompu et la traduction en est incertaine. Le grec omet les vv. 28-33. — « les enchaîne » ’asaram, est restitué d’après 36.13 et le premier du mot v. 27 ’asher.
27 car ils se sont détournés de lui,
n’ont rien compris à ses voies,
28 jusqu’à faire monter vers lui le cri du faible,
lui faire entendre l’appel des humbles.
29 Mais s’il reste immobile qui le condamnera ?
s’il cache sa face, qui l’apercevra ?
Pourtant il veille sur les nations et les hommes,
30 pour que ne règnent pas des hommes pervers,
qu’il n’y ait pas de pièges pour le peuple.k
k Traduction incertaine d’un texte très obscur.
31 Mais si on dit à Dieu :
« J’ai expié, je ne ferai plus le mal ;
32 ce qui est hors de ma vue, toi, montre-le-moi :
si j’ai commis l’injustice, je ne recommencerai plus »,
33 d’après toi, devrait-il punir ?
Mais tu t’en moques !
Comme c’est toi qui choisis et non pas moi,
fais-nous part de ta science.l
l Élihu cite Job 7.16, cf. 36.5. — Quand il juge la conduite de Dieu, Job se laisse guider par une conception rigide de la justice distributive. Or si la loi de la rétribution était sans exception, Dieu ne devrait pas pardonner. On pourrait conclure que Job ne doit pas juger de son propre cas selon cette loi, mais penser que Dieu l’éprouve pour d’autres raisons. Élihu en conclut, lui, que Job « ajoute à son péché la rébellion », v. 37.
34 Mais les gens sensés me diront,
ainsi que tout sage qui m’écoute :
35 « Job ne parle pas avec science,
ses propos manquent d’intelligence.
36 Veuille donc l’examiner à fond,
pour ses réponses dignes de celles des méchants.m
m « Veuille donc », trad. conjecturale, le terme hébreu ’abî semble exprimer le souhait ou la supplication. — « dignes de », litt. « comme » mss. ; « parmi » hébr.
37 Car il ajoute à son péché la rébellion,
sème le douten parmi nous
et multiplie contre Dieu ses paroles »
n Sens incertain (mais qui correspond à l’hébreu moderne) ; le verbe signifie généralement « battre des mains ».