Nouvelle Bible Segond – Genèse 39
Joseph chez Potiphar
39 On avait amené Joseph en Egypte ; un Egyptien, Potiphar, haut fonctionnaire du pharaon, commandant des gardes, l'acheta aux Ismaélites qui l'y avaient amené. [37.36n. – amené : litt. fait descendre, cf. 12.10n.]2 Le SEIGNEUR fut avec Joseph ; tout lui réussissait ; il était dans la maison de son maître, l'Egyptien. [Dt 2.7. – tout lui réussissait... : litt. ce fut un homme de réussite.]3 Son maître vit que le SEIGNEUR était avec lui : tout ce qu'il entreprenait, le SEIGNEUR le faisait réussir. [V. 23 ; 26.3 ; cf. 1S 18.14 ; Ps 1.3. – le faisait réussir : litt. faisait réussir en (ou par) sa main.]4 Joseph trouva grâce aux yeux de son maître et il resta à son service. Son maître le nomma intendant de sa maison et lui confia tout ce qui lui appartenait. [trouva grâce... 6.8+. – et il resta à son service : autre traduction et il devint son auxiliaire ; même verbe en 40.4 ; Ex 24.13 ; 33.11 ; Nb 3.6n (assister) ; 1R 1.4. – intendant v. 5 ; 40.4n ; 41.40 ; cf. 1R 4.6n ; Est 2.9+ ; Dn 1.9+.]5 Dès qu'il l'eut nommé intendant de sa maison et de tout ce qui lui appartenait, le SEIGNEUR bénit la maison de l'Egyptien, à cause de Joseph ; la bénédiction du SEIGNEUR était sur tout ce qui lui appartenait, à la maison comme aux champs. [30.27. – Voir bénédiction.]6 Il abandonna à Joseph tout ce qui lui appartenait ; avec lui, il ne s'occupait plus de rien, sinon de sa propre nourriture.
Or Joseph était d'une très grande beauté.[V. 4. – avec lui... : cf. v. 8. – s'occupait... de : litt. connaissait. – de sa propre nourriture : litt. du pain qu'il mangeait ; cf. v. 9 ; 43.32 ; voir aussi Jg 14.14n ; Pr 30.20n.]
Le conte égyptien des deux frères
On a souvent rapproché les mésaventures de Joseph chez Potiphar (Gn 39) d’un texte retrouvé sur un papyrus égyptien de la fin du XIIIe siècle av. J.-C. En voici quelques extraits :
Il était une fois deux frères, de la même mère et du même père. L’aîné s’appelait Anubis, le cadet Bata. Anubis avait une maison et une femme, et son frère cadet vivait chez lui... Il confectionnait ses vêtements, conduisait son bétail aux champs, labourait et moissonnait pour lui. Il se chargeait pour lui de tous les travaux des champs. Ce cadet était vraiment un homme de valeur. Il n’y avait personne comme lui dans tout le pays. Il avait en lui la force d’un dieu. (...)
Bien des jours après, alors qu’ils étaient aux champs, la semence vint à manquer. Alors il envoya son frère cadet, en lui disant : « Va nous chercher de la semence au village. » Le frère cadet trouva la femme de son aîné assise, en train de se coiffer. Il lui dit: « Lève-toi et donne-moi de la semence. Mon frère [aîné] m’attend, ne tarde pas ! » Elle lui dit : « Va, ouvre la réserve et prends ce que tu veux. Ne me dérange pas avant que j’aie fini de me peigner ! » Le garçon alla dans sa grange et prit une grande jarre, car il voulait emporter beaucoup de semence. (...) Alors elle lui dit: « Que tu es fort !... » Elle voulait le connaître comme on connaît un homme.
Elle se leva, le saisit et lui dit : « Viens passer un moment au lit avec moi ! Tu seras content, je te ferai de beaux vêtements. » A cette proposition malhonnête, le garçon fut saisi de rage, comme un léopard. Elle eut très peur. Il lui dit: « Comment ! Tu es comme une mère pour moi, et ton mari est comme un père pour moi ! C’est lui qui m’a élevé, parce qu’il était plus âgé que moi. Comment as-tu pu me parler d’un tel crime ? Ne m’en reparle plus jamais ! Je ne le dirai à personne... » (...)
Mais la femme du frère aîné eut peur à cause de la proposition qu’elle avait faite. Elle prit de l’huile et des baumes, pour faire croire qu’elle avait été cruellement battue ; elle voulait dire à son mari : « C’est ton frère cadet qui m’a battue ! » Quand son mari rentra le soir... il trouva sa femme couchée, très malade... Son mari lui dit : « Qui donc est venu te voir ? » Elle lui répondit: « Personne n’est venu me voir, sinon ton frère cadet. Quand il est venu prendre de la semence pour toi, il m’a trouvée assise toute seule, et il m’a dit: “Viens passer un moment au lit avec moi ! Mets ta coiffure bouclée !” Voilà ce qu’il m’a dit ; mais je ne l’ai pas écouté. Je lui ai dit : “Ne suis-je pas ta mère? Ton frère aîné est comme un père pour toi !” Alors il a eu peur, et il m’a battue, pour que je ne te dise rien. Si tu le laisses en vie, je me tuerai ! Quand il arrivera, ne le [laisse pas parler]... »
Suit une très longue histoire : le frère aîné veut tuer le cadet, mais celui-ci, averti par ses vaches (!), prend la fuite. Son frère le poursuit. Le cadet invoque le dieu Rê, qui place entre lui et son poursuivant un grand fleuve plein de crocodiles. Il parvient à lui dire la vérité et, en gage de sa bonne foi, se tranche le pénis et le jette aux poissons du fleuve. Il en mourra. Le frère aîné, bouleversé, rentre chez lui, tue sa femme et jette son cadavre aux chiens. Après bien d’autres péripéties, les dieux lui permettront de retrouver son frère et de le ressusciter. Celui-ci deviendra pharaon.
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Joseph et la femme de son maître
7 Après cela, la femme de son maître leva les yeux vers Joseph, en disant : Couche avec moi ! [1S 16.12.]8 Il refusa et dit à la femme de son maître : Avec moi, mon maître ne s'occupe plus de rien dans la maison, il m'a confié tout ce qui lui appartient ; [V. 12 ; Pr 5.3-7 ; 7.5-27 ; Ec 7.26 ; 1Co 6.9,13.]9 il n'y a personne de plus grand que moi dans cette maison, et il ne m'a rien interdit, sauf toi, parce que tu es sa femme. Comment pourrais-je faire un aussi grand mal, et pécher ainsi contre Dieu ? [personne de plus grand 41.40 ; 45.8. – pécher ainsi contre Dieu 2S 12.13 ; Ps 51.6.]10 Elle avait beau parler jour après jour à Joseph, il ne l'écoutait pas ; il ne voulait pas coucher auprès d'elle pour s'unir à elle. 11 Un beau jour, il entra dans la maison pour faire son travail. De tous les gens de la maison, personne n'était dans la maison ; 12 alors elle le saisit par son vêtement en disant : Couche avec moi ! Il abandonna son vêtement dans sa main et s'enfuit dehors. [V. 8 ; Pr 5.8.]13 Lorsqu'elle vit qu'il avait abandonné son vêtement dans sa main et qu'il s'était enfui dehors, 14 elle appela les gens de sa maison et leur dit : Regardez, il nous a amené un Hébreu pour qu'il s'amuse de nous. Il est venu vers moi pour coucher avec moi ; mais j'ai crié très fort. [elle appela et j'ai crié traduisent deux formes d'un même verbe hébreu. – il nous a amené : sujet sous-entendu mon mari. – un Hébreu : litt. un homme hébreu, voir 10.21n. – pour qu'il s'amuse de nous : autre traduction pour se moquer de nous ; v. 17 ; sur le verbe correspondant, cf. 21.9n ; 26.8.]15 Quand il m'a entendue élever la voix et crier, il a abandonné son vêtement auprès de moi et il s'est enfui dehors. 16 Elle posa le vêtement de Joseph auprès d'elle, jusqu'à ce que son maître rentre à la maison. 17 Alors elle lui dit, de la même manière : L'esclave hébreu que tu nous as amené est venu vers moi pour s'amuser de moi. 18 Comme je me mettais à crier, il a abandonné son vêtement auprès de moi et il s'est enfui dehors. [je me mettais à crier : litt. j'ai élevé ma voix et j'ai crié, cf. v. 15.]19 Après avoir entendu les paroles de sa femme, qui lui disait : « Voilà ce que m'a fait ton esclave ! », il se mit en colère. [colère Pr 6.29ss.]20 Le maître de Joseph le fit arrêter et mettre en prison, là où étaient enfermés les prisonniers du roi ; il resta là, en prison. [prison : l'expression hébraïque beth (== maison de) hassohar n'apparaît que dans ce récit. Il vient d'une racine évoquant l'idée de rondeur et pourrait désigner une tour ou une sorte de puits (cf. 40.15n), à moins qu'il ne s'agisse d'un mot égyptien ou d'un nom propre. – Ps 105.18.]
Joseph en prison
21 Le SEIGNEUR fut avec Joseph et il lui accorda de la faveur. Il lui donna de la grâce aux yeux du chef de la prison. [Ps 106.46. – il lui accorda de la faveur : litt. il étendit sur lui la fidélité (ou bienveillance, faveur) ; on peut comprendre il lui témoigna sa fidélité, il lui accorda sa faveur, mais des formules analogues évoquent ailleurs la faveur d'autorités humaines, obtenue par l'action de Dieu (Esd 7.28 ; 9.9 ; voir aussi Est 2.9,17 ; Dn 1.9). – donna de la grâce aux yeux du chef 6.8+.]22 Le chef de la prison confia à Joseph tous les prisonniers qui étaient dans la prison, et tout ce qui s'y faisait passait par lui. [passait par lui : litt. c'était lui qui le faisait.]23 Le chef de la prison ne regardait rien de ce dont Joseph s'occupait, parce que le SEIGNEUR était avec lui ; le SEIGNEUR faisait réussir ses entreprises. [Cf. v. 3-6 ; Ac 7.10 ; Sagesse 10.13s : « Elle (la Sagesse) n'abandonna pas non plus le juste qui fut vendu, mais elle l'arracha au péché ; elle descendit avec lui dans la fosse et ne l'abandonna pas dans ses liens avant de lui avoir procuré le sceptre de la royauté et l'autorité sur ceux qui étaient ses maîtres ; par là elle convainquit de mensonges ses calomniateurs et elle lui conféra une gloire éternelle. » – ses entreprises : litt. ce qu'il faisait.]