4 Alors Éliphaz, de Théman, prit la parole, et dit :
2 Si nous commençons à vous parler, peut-être le supporterez-vous avec peine ; mais qui pourrait retenir les paroles qu'il a dans l'esprit ?
3 N'est-ce pas vous qui avez instruit plusieurs, et qui avez soutenu les mains lasses et affaiblies ?
4 Vos discours ont affermi ceux qui chancelaient, et vous avez fortifié les genoux tremblants.
5 Maintenant l'affliction est venue sur vous, et vous perdez courage ; elle vous a touché, et vous voilà dans le trouble.
6 Où est votre crainte de Dieu, votre force, votre patience, et la perfection qui paraissait dans toutes vos voies ?
7 Considérez, je vous prie, si jamais un innocent a péri, ou quand est-ce que ceux qui avaient le cœur droit ont été exterminés*.
Cette proposition, vraie par rapport au salut et à la vie éternelle, ne l'est pas par rapport à la vie présente, puisque les justes s'y trouvent jusqu'à la mort exposés à la persécution des impies ; mais elle est encore plus fausse par l'application qu'Éliphaz en fait à Job affligé sans l'avoir mérité : car ces maux étaient à son égard une épreuve et non un châtiment.
8 J'ai vu, au contraire, que ceux qui opèrent l'iniquité, et qui sèment les douleurs et les moissonnent*,
Qui en recueillent le fruit malheureux par quelque avantage temporel.
9 Ont été renversés par le souffle de Dieu, et que le vent de sa colère les a consumés.
10 Le rugissement du lion et la voix de la lionne ont été étouffés, et les dents des lionceaux ont été brisées.
11 Le tigre a péri parce qu'il n'avait plus de proie, et les petits lions ont été dissipés.
12 Cependant une parole m'a été dite en secret, et à peine en ai-je entendu les faibles sons qui se dérobaient à mon oreille.
13 Dans l'horreur d'une vision de nuit, lorsque le sommeil s'appesantit sur les hommes,
14 La crainte et la frayeur me saisirent, et tous mes os tremblèrent d'épouvante.
15 Un esprit passa devant moi, et les cheveux de ma tête se hérissèrent.
16 Il se présenta quelqu'un dont je ne connaissais pas le visage ; une image s'arrêta devant mes yeux, et j'entendis une voix comme un léger souffle :
17 L'homme osera-t-il se justifier en se comparant à Dieu, et sera-t-il plus pur que Celui qui l'a créé ?
18 Ceux mêmes qui le servent ne sont pas stables, et il a trouvé du dérèglement jusque dans ses anges.
19 A combien plus forte raison ceux qui habitent des maisons de boue et qui n'ont qu'un fondement de terre, seront-ils consumés et comme rongés des vers !
20 Du matin au soir ils seront moissonnés ; et parce qu'aucun d'eux n'aura l'intelligence, ils périront pour jamais.
21 Les restes de leur race seront emportés ; ils mourront, parce qu'ils n'ont point eu la sagesse.