Bible de Jérusalem – Jonas 4
Dépit du prophète et réponse divine.
4 Jonas en eut un grand dépit, et il se fâcha.
2 Il fit une prière à Yahvé : « Ah ! Yahvé, dit-il, n’est-ce point là ce que je disais lorsque j’étais encore dans mon pays ? C’est pourquoi je m’étais d’abord enfui à Tarsis ; je savais en effet que tu es un Dieu de pitié et de tendresse, lent à la colère, riche en grâce et te repentant du mal.
3 Maintenant, Yahvé, prends donc ma vie, car mieux vaut pour moi mourir que vivre. »
4 Yahvé répondit : « As-tu raison de te fâcher ? »
5 Jonas sortit de la ville et s’assit à l’orient de la ville ; il se fit là une hutte et s’assit dessous, à l’ombre, pour voir ce qui arriverait dans la ville.
6 Alors Yahvé Dieu fit qu’il y eut un ricin qui grandit au-dessus de Jonas, afin de donner de l’ombre à sa tête et de le délivrer ainsi de son mal. Jonas éprouva une grande joie à cause du ricin.
7 Mais, à la pointe de l’aube, le lendemain, Dieu fit qu’il y eut un ver qui piqua le ricin, celui-ci sécha.
8 Puis, quand le soleil se leva, Dieu fit qu’il y eut un vent d’est cinglant ;o le soleil darda ses rayons sur la tête de Jonas qui fut accablé. Il demanda la mort et dit : « Mieux vaut pour moi mourir que vivre. »
o « cinglant », sens incertain litt. « qui laboure ». Le grec a « brûlant ».
9 Dieu dit à Jonas : « As-tu raison de te fâcher pour ce ricin ? » Il répondit : « Oui, j’ai bien raison d’être fâché à mort. »
10 Yahvé repartit : « Toi, tu as de la peine pour ce ricin, qui ne t’a coûté aucun travail et que tu n’as pas fait grandir, qui a poussé en une nuit et en une nuit a péri.
11 Et moi, je ne serais pas en peine pour Ninive, la grande ville, où il y a plus de cent vingt mille êtres humains qui ne distinguent pas leur droite de leur gauche, ainsi qu’une foule d’animaux ! »p p Ce dernier chap. achève de mettre en relief l’universelle miséricorde divine. Dieu a eu pitié de son prophète englouti, 2.7, de Ninive repentante ; il a encore pitié de Jonas affligé dans son égoïsme. Et sa réponse, 4.10-11, est pleine d’une douce et bienveillante ironie ; la sollicitude divine s’étend jusqu’aux animaux ; à plus forte raison s’inquiète-t-elle des hommes, y compris les enfants en bas âge, « qui ne distinguent pas leur droite de leur gauche ». Tout le livre est en consonance avec la révélation évangélique et tout particulièrement avec l’évangile de Luc.