Aleph.
4 Quoi ! il s’est terni, l’or, il s’est altéré,
l’or si fin !
Les pierres sacrées ont été semées
au coin de toutes les rues.f
f L’or et les pierres sacrées symbolisent la population de Jérusalem.
Bèt.
2 Les fils de Sion, précieux
autant que l’or fin,
quoi ! ils sont comptés pour des vases d’argile,
œuvre des mains d’un potier !
Gimel.
3 Même les chacals tendent leurs mamelles
et allaitent leurs petits ;
la fille de mon peuple est devenue cruelle
comme les autruches au désert.
Dalèt.
4 De soif, la langue du nourrisson
s’attache à son palais ;
les petits enfants réclament du pain :
personne ne leur en partage.
Hé.
5 Ceux qui mangeaient des mets délicieux
expirent dans les rues ;
ceux qui étaient élevés dans la pourpre
étreignent le fumier.
Vav.
6 La faute de la fille de mon peuple a surpassé
les péchés de Sodome,
qui fut renversée en un instant
sans qu’on s’y fatiguât les mains.
Zaïn.
7 Ses jeunes gensg étaient plus éclatants que neige,
plus blancs que lait ;
plus vermeil que le corail était leur corps,
leur teint était de saphir.
g « Ses jeunes gens » ne`arêka conj. ; « Ses nazirs » nezîrêka hébr. — Au dernier stique, on traduit « leur teint » d’après la Syro-hexaplaire et Origène ; le mot hébr. gizerah (d’une racine qui signifie « couper », « séparer ») reste ici inexpliqué.
Hèt.
8 Leur visage est plus sombre que la suie,
on ne les reconnaît plus dans les rues.
Leur peau est collée à leurs os,
sèche comme du bois.
Tèt.
9 Heureuses furent les victimes de l’épée
plus que celles de la faim,
qui succombent, épuisées,h
privées des fruits des champs.
h Littéralement « qui s’écoulent, transpercées », peut-être au sens de rendues comme transparentes par la famine.
Yod.
10 De tendres femmes ont, de leurs mains,
fait cuire leurs petits :
ils leur ont servi d’aliment
dans le désastre de la fille de mon peuple.
Kaph.
11 Yahvé a assouvi sa fureur,
déversé l’ardeur de sa colère,
il a allumé en Sion un feu
qui a dévoré ses fondations.
Lamed.
12 Ils ne croyaient pas, les rois de la terre
et tous les habitants du monde,
que l’oppresseur et l’ennemi franchiraient
les portes de Jérusalem.
Mem.
13 C’est à cause des péchés de ses prophètes,
des fautes de ses prêtres,
qui en pleine ville avaient versé
le sang des justes !
Nun.
14 Ils erraient en aveugles dans les rues,
souillés de sang ;
alors on ne pouvait toucher
leurs vêtements.
Samek.
15 « Arrière ! Impur ! » leur criait-on,
« Arrière ! Arrière ! Pas de contact ! »
S’ils partaient et fuyaient chez les nations,
ils ne pouvaient y séjourner.i
i Les coupables sont traités comme des lépreux. — Après « fuyaient », l’hébr. ajoute « on disait ». On peut aussi comprendre « on disait chez les nations ils ne pourront séjourner ».
Phé.
16 La Face de Yahvé les dispersa,
il ne les regarda plus.
On ne marqua plus de respect aux prêtres,
d’égard aux anciens.
Aïn.
17 Toujours nos yeux se consumaient,
épiant un secours : illusion !
De nos tours nous guettions
une nationj qui ne peut sauver.
j L’Égypte, alliée de la dernière guerre.
Çadé.
18 On observait nos pas,
pour nous interdire nos places.
Notre fin était proche, nos jours accomplis,
oui, notre fin était arrivée !
Qoph.
19 Nos pourchasseurs étaient rapides
plus que les aigles du ciel ;
dans les montagnes ils nous traquaient,
nous dressaient des embûches au désert.
Resh.
20 Le souffle de nos narines, l’oint de Yahvék
fut pris dans leurs fosses,
lui dont nous disions : « À son ombre
nous vivrons chez les nations. »
k Sédécias, cf. 2 R 25.6. — « Le souffle de nos narines », c’est-à-dire notre vie elle-même.
Shin.
21 Réjouis-toi, exulte, fille d’Édom,
qui habites au pays de Uç !l
À toi aussi passera la coupe :
tu te soûleras et montreras ta nudité !
l Uç, cf. Gn 36.28 ; Jb 1.1 ; les peuples voisins, Moab, Ammon et surtout Édom, loin de soutenir Israël vaincu, profitèrent de sa défaite, cf. Isa 34.5, d’où les anathèmes contre Édom fréquents dans la littérature prophétique postexilique, cf. Isa 34 ; Ez 25.
Tav.
22 Ta faute est expiée, fille de Sion.
Il ne te déportera plus !
Il va châtier ta faute, fille d’Édom.
Il va dévoiler tes péchés !