Bible du Rabbinat – Lamentations 4
4 Hélas. Comme l'or est terni, et altéré le métal précieux ! Comme les pierres sacrées se trouvent éparpillées à tous les coins de rue ! 2 Les fils de Sion, si prisés, qui valaient leur pesant d'or fin, hélas ! les voilà estimés à l'égal de vases de terre, œuvre des mains du potier ! 3 Même les chacals présentent leurs mamelles et allaitent leurs petits : la fille de mon peuple est devenue, elle, cruelle comme l'autruche du désert11. [11 Voir Job. XXXIX, 13-18.]4 La langue du nourrisson, altéré de soif, s'attache à son palais ; les petits enfants demandent du pain : personne ne leur en offre. 5 Ceux qui se nourrissaient de mets exquis se meurent dans les rues ; ceux qu'on couvrait d'étoffes de pourpre se nichent dans des tas de fumier. 6 Le châtiment de la fille de mon peuple a été plus grand que la punition de Sodome, frappée d'une destruction instantanée, à laquelle des mains (humaines) n'ont pas coopéré12. [12 Selon d'autres : « Sans que les mains eussent le temps de se tordre ».]
7 Ses princes étaient plus brillants que la neige, plus blancs que le lait ; leur corps avait la teinte vermeille du corail, leurs contours l'éclat du saphir. 8 Et leur figure est devenue plus noire que la suie : on ne les reconnaît pas dans les rues. Leur peau est collée à leurs os, desséchée comme du bois. 9 Plus heureuses les victimes du glaive que les victimes de la faim, qui s'étiolèrent, débilitées par le manque de tout produit des champs13 ! [13 La fin du verset est obscure dans le texte.]10 De leurs propres mains, de tendres femmes ont fait cuire leurs enfants, pour s'en nourrir dans le désastre de la fille de mon peuple. 11 L'Éternel a lâché tout son courroux, il a répandu le feu de sa colère ; il a allumé un incendie dans Sion, qui en a dévoré jusqu'aux fondements. 12 Ils ne pouvaient croire, les rois de la terre, les habitants du globe, qu'un ennemi victorieux franchirait les portes de Jérusalem ! 13 À cause des péchés de ses prophètes, des crimes de ses prêtres, qui versèrent dans son enceinte le sang des innocents, 14 ils titubaient comme des aveugles dans les rues, tellement souillés de sang qu'on ne pouvait toucher à leurs vêtements. 15 « Hors d'ici, impurs que vous êtes ! — leur criait-on ; hors d'ici, hors d'ici ! Ne touchez rien ! » C'est ainsi qu'ils se sont dispersés, errant çà et là, tandis que l'on disait parmi les peuples : « Il ne faut pas qu'ils restent plus longtemps ! » 16 La colère de l'Éternel les a disséminés, il ne veut plus leur accorder un regard : on n'a pas respecté les prêtres, ni montré des égards aux vieillards. 17 Nos yeux n'avaient cessé de se consumer dans le vain espoir d'un secours ; dans notre (folle) confiance, nous mettions notre attente en un peuple impuissant à secourir. 18 On s'est jeté sur nos talons, nous fermant l'accès de nos propres rues : notre fin s'approchait, nos jours étaient consommés. Ah ! elle est venue, notre fin ! 19 Plus légers que les aigles dans les airs étaient nos persécuteurs ; ils nous ont pourchassés sur les montagnes, guettés dans le désert. 20 Celui qui était pour nous un principe de vie, l'oint de l'Éternel, a été pris dans leurs chausses-trapes, lui dont nous disions : « A son ombre, nous vivrons au milieu des peuples ! »
21 Sois donc gaie et joyeuse, fille d'Élam, habitante du pays d'Ouç ! À toi aussi sera présenté le calice : tu tomberas en ivresse et tu te mettras à nu ! 22 Fille de Sion, tes fautes sont expiées : Il ne t'enverra plus en exil ! Fille d'Élam, il va châtier tes fautes, faire éclater au grand jour tes crimes !