Vigouroux – Psaumes 40
(Hébreu : 40).
Le Psalmiste rend grâces à Dieu des secours qu’il lui a donnés. Il lui en demande de nouveaux, et il espère les recevoir de sa bonté. Une partie de cette belle prière ne trouve son application parfaite que dans le Messie comme saint Paul nous l’apprend dans Hébreux, 10, 5-8, et comme nous le montre d’ailleurs une simple lecture attentive du psaume lui-même.
39 Pour la fin, psaume de David lui-même.
[39.1 Par. Voir le titre du Psaume 15 (Hébreu : 16). ― Psaume prophétique : saint Paul, voir Hébreux, 10, 5-10, place dans la bouche de Notre-Seigneur venant dans le monde les versets 7 à 9. David le composa peut-être dans les derniers temps de la persécution de Saül. Ce psaume est construit très irrégulièrement, et il a plutôt le caractère d’une simple prière que celui d’un poème lyrique.]
2 (Attendant) J’ai attendu (, et encore attendu) le Seigneur, et il a fait attention à moi. [39.2 Attendant, j’ai attendu ; c’est-à-dire j’ai attendu avec la plus grande anxiété. En hébreu, comme en bien d’autres langues, cette sorte de répétition donne de l’intensité à l’idée exprimée par le verbe.][39.2-4 Chant d’actions de grâces envers Dieu qui a retiré David du bourbier, c’est-à-dire du danger.]3 Il a exaucé mes prières, et il m’a (re)tiré de l’abîme (d’un lac) de misère et de la boue profonde. Et il a placé mes pieds sur la pierre, et il a conduit mes pas. 4 Et il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, un hymne à (en l’honneur de) notre Dieu. Beaucoup le verront, et craindront, et espéreront dans le Seigneur. 5 (Bien)Heureux l’homme qui a mis son espérance dans le nom du Seigneur, et qui n’a point arrêté son regard sur des vanités et des folies mensongères. [39.5-6 Heureux l’homme qui se confie en Dieu, dont les merveilles sont sans nombre !]6 Vous avez fait, Seigneur mon Dieu, un grand nombre d’œuvres admirables, et il n’y a personne qui vous soit semblable dans vos pensées. J’ai voulu les annoncer et en parler, mais leur multitude est (elles ont été multipliées) sans nombre. [39.6 Et dans vos pensées, etc. Personne n’a des pensées aussi profondes et aussi élevées que les vôtres. Or, le mot pensées comprend aussi les desseins et les jugements. ― J’ai annoncé, etc. ; c’est-à-dire, suivant l’explication de Symmaque et de saint Jérôme, lorsque j’ai voulu annoncer ces pensées et en parler, elles se sont trouvées en trop grand nombre pour pouvoir être racontées. ― Elles ont été multipliées (vos pensées) ; le verbe en latin est au masculin : multiplicati, parce que l’auteur de la Vulgate l’a fait concorder, non pas avec le latin cogitationes, qui est du féminin, mais avec le grec dialogismoï, qui est du masculin, et dont cogitationes est la traduction. Ce genre d’anomalie se trouve encore dans le livre de la Sagesse, 1, 7, où le neutre hoc quod concorde, non avec le latin spiritus, qui est du masculin, mais avec le grec pneuma, qui signifie aussi esprit, mais qui est du genre neutre.]7 Vous n’avez voulu ni sacrifice ni oblation, mais vous m’avez façonné des (parfaitement disposé les) oreilles. Vous n’avez pas demandé d’holocauste ni de sacrifice pour le péché ; [39.7 Voir Hébreux, 10, 5. ― Vous m’avez parfaitement disposé les oreilles. Le texte hébreu porte : Vous m’avez percé les oreilles ; ce qui, selon bien des interprètes, serait une allusion à la coutume des anciens hébreux chez lesquels on perçait une oreille à un esclave qui ne voulait pas quitter son maître à l’année sabbatique (voir Exode, 21, 5-6 ; Deutéronome, 15, 17). Ce percement de l’oreille était un signe symbolique d’acquiescement et d’obéissance. On peut remarquer que la leçon de la Vulgate n’est pas opposée à celle du texte primitif, bien qu’elle ne soit pas aussi explicite. Les éditions des Septante, la plupart des Pères grecs ou latins et saint Paul lui-même, appliquant ce texte à Jésus-Christ (voir Hébreux, 10, 5), porte : Vous m’avez préparé, adapté un corps ; ce qui caractérise plus expressément le sacrifice de Jésus-Christ.][39.7-9 Comment remercier Dieu de ses bienfaits ? Par des sacrifices ? Non, par l’obéissance.]8 alors j’ai dit : Voici que je viens. En tête de son (d’un) livre il est écrit de moi [39.8 En tête d’un livre. C’est ainsi qu’on lit dans la Vulgate et les Septante ; l’hébreu porte dans un rouleau de livre ; sens que quelques-uns donnent aussi à la traduction des Septante. D’autres, se fondant principalement sur ce que Jésus-Christ dit dans Luc, 24, vv. 25-27, 44 et dans Jean, 5, 39 ; 7, 38, expliquent le mot tête de la Vulgate et des Septante par somme, totalité des Ecritures. Le Sauveur dit formellement, en effet, dans Jean, 5, 39 : « Scrutez les Ecritures…, car ce sont elles qui rendent témoignage de moi » et dans Luc, 24, 44 : « Il fallait que fût accompli tout ce qui est écrit de moi dans le livre de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. »]9 que je dois faire votre volonté. Mon Dieu, je l’ai voulu, et votre loi est au fond de mon cœur. [39.9 Votre loi étant à l’accusatif dans le grec et dans le latin, est nécessairement un complément du verbe j’accomplirais (facerem), aussi bien que votre volonté (voluntatem tuam), qui précède. ― Qui est ne présente nullement une addition arbitraire ; c’est une expression qui se sous-entend dans les auteurs sacrés. Ainsi, la traduction ordinaire, qui fait des mots votre volonté le sujet d’une phrase nominale, forme un vrai contresens.]10 J’ai publié votre justice dans une grande assemblée : je ne fermerai pas mes lèvres, Seigneur, vous le savez. [39.10-18 Le Psalmiste a manifesté à tous les bontés du Seigneur (versets 10 et 11), mais il a besoin de nouvelles grâces, (verset 2) et il demande : 1° le pardon de ses péchés (verset 13), 2° le triomphe sur ses ennemis (versets 14 à 16) et 3° la joie et le salut pour lui et pour les justes (versets 17 et 18).]11 Je n’ai pas caché votre justice dans mon cœur ; j’ai proclamé votre vérité et votre salut. Je n’ai point caché votre miséricorde et votre vérité devant l’assemblée nombreuse. [39.11 Votre vérité ; c’est-à-dire votre fidélité à exécuter vos promesses. ― Votre salut ; le salut que vous accordez, qui vient de vous. ― A un conseil nombreux (a consilio multo) ; les Septante lisent rassemblement, réunion, qui a la même signification que conseil ; et l’hébreu assemblée, comme au verset 10.]12 Pour vous, Seigneur, n’éloignez pas de moi vos miséricordes (bontés) ; votre bonté (miséricorde) et votre vérité m’ont toujours soutenu. 13 Car des maux sans nombre m’environnent ; mes iniquités m’ont saisi, et je n’ai pu les voir toutes (en soutenir la vue). Elles sont plus nombreuses que les cheveux de ma tête, et mon cœur m’a manqué. 14 Qu’il vous plaise, Seigneur, de me délivrer ; Seigneur, regardez vers moi pour me secourir. [39.14 Voir Psaumes, 69, 2.]15 Qu’ils soient confondus et couverts de honte, ceux qui cherchent ma vie (mon âme) pour me l’ôter. Qu’ils reculent en arrière et soient dans la confusion, ceux qui me veulent du mal. [39.15 Ceux qui cherchent mon âme. Voir Psaumes, 34, 4.]16 Qu’ils soient à l’instant couverts de honte, ceux qui me disent (par insulte) : Va ! va (Triomphe ! triomphe) ! 17 Mais que tous ceux qui vous cherchent tressaillent en vous d’allégresse et de joie, et que ceux qui aiment votre salut disent sans cesse : Que le Seigneur soit glorifié ! 18 Pour moi, je suis pauvre et indigent (mendiant) ; mais le Seigneur prend soin de moi. Vous êtes mon aide et mon protecteur. Mon Dieu, ne tardez pas.