Cyrus à Babylone

On a retrouvé à Babylone, sur un cylindre d’argile écrit en caractères cunéiformes, un texte qui présente Cyrus, ses conquêtes et sa politique du point de vue du clergé de Mardouk, dieu de Babylone (cf. 2R 18.25ⁿ). En voici quelques extraits :

Mardouk, le grand Seigneur, le gardien de ses gens, regarda avec joie ses bonnes actions et son coeur droit [ceux de Kurash = Cyrus]. Il lui ordonna d’aller vers Babylone, sa propre ville. Il lui fit prendre la route de Babylone, allant sans cesse à ses côtés comme un ami et un compagnon, tandis que s’avançaient à ses côtés, ceintes de leurs armes, ses troupes aussi vastes que les eaux d’un fleuve. Il le fit entrer à Babylone sans bataille ni combat ; il délivra de l’oppression Babylone, sa propre ville ; il lui livra Nabouna’id [Nabonide], un roi qui ne le craignait pas. Toute la population de Babylone, tout le pays de Sumer et d’Akkad, les princes et les gouverneurs s’agenouillèrent devant lui et lui baisèrent les pieds ; ils se réjouirent de l’avoir pour roi : leurs visages brillaient. Ils ne cessaient de bénir le Seigneur [Mardouk] et de lui rendre grâce, à lui qui, par son appui, avait fait revivre les dieux morts et avait sauvé tous les dieux de la nécessité et de la tribulation ; ils célébraient son nom.

Moi, Kurash, le roi de l’univers, le grand roi, le roi fort, roi de Babylone, roi du pays de Sumer et d’Akkad, roi des quatre contrées du monde, fils de Kambuzia [Cambyse], le grand roi, roi de la ville d’Anshân... que Bel et Nabou [Nébo, cf. Es 46.1ⁿ] se plurent à voir régner, dont ils désirèrent qu’il fût roi pour le contentement de leur coeur – lorsque j’entrai pacifiquement dans Babylone, j’établis dans l’allégresse et la jubilation le siège de la souveraineté dans le palais du prince. Mardouk, le grand Seigneur, s’était acquis en moi un coeur large qui aime Babylone... chaque jour je veille à ce qu’il soit craint. Mes vastes troupes s’avancèrent en paix dans Babylone ; à tout le pays de Sumer et d’Akkad je n’imposai personne qui inspirât de la crainte ; je veillai sans cesse au bien-être de la ville de Babylone et de tous ses sanctuaires. Quant aux citoyens de Babylone... qui, contrairement à la volonté divine, avaient été soumis à un joug qui n’était pas fait pour eux, je leur accorderai de se reposer de leur fatigue, je fis dénouer les liens de leurs fardeaux. Mardouk, le grand Seigneur, se réjouit de mes bonnes actions. Avec fidélité il me bénit, moi, Kurash, le roi qui le craint, ainsi que Kambuzia, le fils issu de ma chair, et toutes mes troupes. (...) Depuis les villes de Ninua [Ninive], d’Assour et de Shoushân [Suse], d’Agadé, le pays d’Eshnounna, les villes de Zambân, de Métournou et de Der jusqu’au territoire du pays de Qouti, localités sacrées au-delà du Tigre, dont les fondations sont posées depuis toujours, je ramenai à leur place les dieux qui y avaient habité et je les installai en une demeure perpétuelle ; je rassemblai tous leurs hommes et je les ramenai à leurs localités. Quant aux dieux du pays de Sumer et d’Akkad que Nabouna’id avait introduits à Babylone, à la colère du Seigneur des dieux, je leur fis habiter dans leurs logis, sur l’ordre de Mardouk, le grand Seigneur, une demeure agréable, dans le bien-être. Que tous les dieux que j’ai fait rentrer dans leurs sanctuaires parlent chaque jour devant Bel et Nabou du prolongement de mes jours ; qu’ils prononcent des paroles en ma faveur...