Vigouroux – Siracide 46
Eloge de Josué et de Caleb ; des juges en général, et en particulier de Samuel.
46 Jésus, (fils de) Navé, fut vaillant à la guerre ; il succéda à Moïse dans le rôle de prophète ; il fut grand selon le nom qu’il portait, [46.1 Jésus Navé ; c’est-à-dire Jésus, fils de Navé. Les Grecs nomment ainsi Josué, fils de Nun. ― Grand selon son nom. Le mot Jésus signifie en hébreu salut ; mais Josué, selon les différentes formes qu’il a dans cette langue, peut se traduire par sauveur, salut, sauveur donné de Dieu, dont Dieu est le second.]2 et très grand pour sauver les élus de Dieu, pour renverser les ennemis qui s’élevaient (contre lui), et pour (afin de) conquérir l’héritage d’Israël. 3 Quelle gloire il s’est (n’a-t-il pas) acquise en levant ses mains, et en lançant des dards (tirant des épées à deux tranchants) contre les villes ! (?) 4 Qui avant lui a autant combattu (ainsi résisté) ? Car le Seigneur lui-même lui amena des (ses) ennemis (à ses pieds). 5 Le soleil ne fut-il pas arrêté par sa colère (son courroux), lorsqu’un seul jour devint aussi long que deux ? [46.5 Voir Josué, 10, 12-14.]6 Il invoqua le Très-Haut (tout-)puissant, lorsque ses ennemis l’attaquaient de toutes parts ; et le Dieu grand et saint l’écouta, et (le Dieu qui s’est montré très puissant) fit tomber une grêle de grosses pierres (par les pierres d’une grosse grêle). [46.6 Par les pierres d’une grosse grêle, qu’il fit tomber sur ses ennemis.]7 Il fondit avec impétuosité sur la nation ennemie, et il tailla les ennemis en pièces à la descente (de la vallée), [46.7 La descente de Béthoron. Comparer à Josué, 10, 11.]8 afin que les nations reconnussent sa (la) puissance (du Seigneur), et apprissent qu’il n’est pas facile de combattre contre Dieu. Il suivit toujours le Tout-Puissant (la conduite du puissant), [46.8 De près ; littéralement par derrière (a tergo).]9 et aux jours de Moïse il fit une œuvre de piété (miséricorde) avec Caleb, fils de Jéphoné, en tenant ferme contre l’ennemi, en empêchant le peuple de pécher, et en étouffant le murmure que la malice avait excité. [46.9 Et dans les jours, etc. Voir Nombres, 14, verset 6 et suivants. ― En demeurant fermes, en détournant, en comprimant ; littéralement demeurer ferme (stare), détourner (prohibere), comprimer (perfringere). Voir, sur ces infinitifs, Ecclésiastique, 45, 29.]10 Aussi furent-ils choisis tous deux pour être seuls délivrés du péril, sur six cent mille hommes de pied, pour introduire le peuple dans son héritage, dans la terre où coulent le lait et le miel. 11 Le Seigneur donna la force à ce même Caleb, et sa vigueur persista jusqu’en sa vieillesse, et il monta sur un lieu élevé du pays, que sa race conserva comme héritage, 12 afin que tous les enfants d’Israël reconnussent qu’il est bon d’obéir au Dieu saint. 13 Ensuite sont venus (tour à tour) les juges (chacun par son nom), dont le cœur ne s’est pas perverti, et qui ne se sont pas détournés du Seigneur, 14 afin que leur mémoire fût en bénédiction, et que leurs os refleurissent dans leurs sépulcres (en sortant de leur lieu), [46.14 En sortant ; ou bien et qu’ils sortent. Une de ces deux expressions est évidemment sous-entendue, et a pour complément les mots de leur lieu (de loco suo) ; c’est-à-dire de leur tombeau. Voir, sur ce genre de construction notre observation, au 2° à la fin des Observations préliminaires des Psaumes. Quant à la figure des os qui doivent refleurir, comparer à Isaïe, 66, 14 ; Ezéchiel, 37, verset 3 et suivants.]15 et que leur nom demeurât éternellement, se perpétuant dans leurs fils, qui sont la gloire de ces hommes saints (demeure sur leurs fils). 16 Samuel, prophète du Seigneur, a été aimé (chéri) du Seigneur son Dieu ; il a institué un gouvernement nouveau, et sacré les princes de son peuple. [46.16 A renouvelé, etc. ; c’est-à-dire a donné une nouvelle forme à l’empire des Hébreux, en sacrant, par l’ordre de Dieu, Saül, et après lui David, rois du peuple d’Israël, qui, auparavant, était gouverné par des juges dont Samuël fut lui-même le dernier.]17 Il a jugé la nation selon la loi du Seigneur, et Dieu a regardé favorablement (vu) Jacob ; sa fidélité l’a manifesté comme prophète, 18 et il a été reconnu fidèle dans ses paroles, car il avait vu le Dieu de lumière. 19 Il invoqua le Seigneur tout-puissant lorsque les ennemis l’entouraient de tous côtés, et il offrit un agneau sans tache. [46.19 Voir 1 Rois, 7, 9.]20 Et le Seigneur tonna du ciel, et fit entendre sa voix avec un grand bruit, 21 et il tailla en pièces (brisa) les princes de Tyr, et tous les chefs des Philistins ; [46.21 Au lieu des princes de Tyr, le texte original devait porter : les princes des ennemis. Le mot signifiant Tyr et ennemi est le même en hébreu.]22 et avant la fin de sa vie et de sa carrière (dans le monde), il rendit témoignage en présence du Seigneur et de son Christ, qu’il n’avait reçu ni argent, ni même de chaussures de qui que ce fût, et personne ne l’accusa. [46.22 De sa vie dans le monde ; ou dans le temps ; littéralement de sa vie et du monde ou du temps ; ce qui est un pur hébraïsme ; car, en hébreu, lorsque deux substantifs sont liés par la particule et, et le second sert quelquefois d’adjectif et en a la signification. Ainsi le sens de ce passage est, de sa vie qui appartient au monde, de sa vie temporelle. ― De son Christ ; de son oint ou sacré ; c’est-à-dire, Saül. Comparer à 1 Rois, 12, 3.]23 Il s’endormit ensuite, et il fit une révélation au roi et lui prédit la fin de sa vie ; et il fit sortir (éleva) de (la) terre sa voix de prophète pour effacer (prophétiser la destruction de) l’impiété du peuple. [46.23 Il s’endormit ; il mourut. ― Pas même une chaussure. Comparer à Genèse, 14, 23. ― Et il fit connaître, etc. Après sa mort, Samuel apparut à Saül, et lui annonça qu’il mourrait le lendemain. Comparer à 1 Rois, 28, verset 18 et suivants.]