Vigouroux – Ecclésiaste 5
Etre circonspect dans ses paroles. S’acquitter de ses vœux. Ne point se scandaliser du renversement de la justice. L’avare est insatiable. Riche malheureux au milieu de ses richesses.
5 Ne dis rien à la légère, et que ton cœur ne se hâte pas de proférer des paroles devant Dieu. Car Dieu est au ciel, et toi sur la terre ; c’est pourquoi, que tes paroles soient peu nombreuses. 2 La multitude des soucis (soins) produit les songes (rêves), et la folie se trouve dans l’abondance des paroles. 3 Si tu as fait un vœu à Dieu, ne tarde pas à l’accomplir ; car la promesse infidèle et insensée lui déplaît ; mais accomplis tous les vœux que tu as faits. 4 Il vaut beaucoup mieux ne pas faire de vœux, que d’en faire et de ne pas les accomplir. 5 Ne permets pas à ta bouche de faire pécher ta chair, et ne dis pas devant l’ange : Il n’y a point de providence ; de peur que Dieu, irrité contre tes paroles, ne détruise toutes les œuvres de tes mains. [5.5 Ne permets pas que ta bouche fasse pécher ta chair. Cette phrase est susceptible de plusieurs sens ; le plus simple et le plus naturel, comme se liant parfaitement à ce qui précède, nous a paru être : Ne permets pas de prononcer aucun vœu témérairement ; parce que, en ne l’acquittant pas, tu te rendras coupable de péché. ― Ta chair, pour te, toi. Voir Ecclésiaste, 2, 3. ― L’ange ; probablement le prêtre à qui il appartenait de prononcer sur les vœux (voir Lévitique, 5, 4-8), et de la bouche duquel on recueillait l’explication de la loi, car le prophète Malachie (2, 7), l’appelle formellement l’ange du Seigneur. Saint Jean désigne aussi sous le nom d’anges les évêques (voir Apocalypse, 1, 20, etc.)]6 Où il y a beaucoup de songes (rêves), il y a aussi beaucoup de vanités et de discours sans fin ; mais toi, crains Dieu. 7 Si tu vois l’oppression des pauvres, et la violence dans les jugements, et le renversement de la justice dans une province, que cela ne t’étonne pas ; car celui qui est élevé en a un autre au-dessus de lui ; et il y en a encore d’autres qui sont élevés au-dessus d’eux ; 8 et de plus, le (il y a un) roi (qui) commande à tout le pays qui lui est assujetti. 9 L’avare n’est point rassasié par l’argent, et celui qui aime les richesses n’en recueillera pas de fruit ; c’est donc là encore une vanité. 10 Quand le(s) bien(s) abonde(nt), il y a aussi beaucoup de gens pour le(s) manger. De quoi donc sert-il à celui qui le(s) possède(nt), sinon qu’il voit de ses yeux ses richesses ? 11 Le sommeil est doux au travailleur, soit qu’il ait peu ou beaucoup mangé ; mais le rassasiement du riche ne le laisse pas dormir. 12 Il est encore un autre mal (maladie) très fâcheux(se) que j’ai vu(e) sous le soleil : des richesses conservées pour le malheur de celui qui les possède. [5.12 Voir Job, 20, 20.]13 Car il les voit périr avec une extrême affliction ; il a engendré un fils qui sera réduit à la dernière indigence. 14 Comme il est sorti nu du sein de sa mère, il retournera de même, et il n’emportera rien avec lui de son travail. [5.14 Voir Job, 1, 21 ; 1 Timothée, 6, 7.]15 C’est là un mal tout à fait digne de compassion (Maladie tout à fait misérable) : il (elle) s’en retournera comme il (elle) est venu(e). De quoi lui sert-il donc d’avoir travaillé pour le vent ? [5.15 Pour le vent. Les Hébreux employaient le mot vent pour exprimer ce qu’il y a de plus léger, de plus vain.]16 Tous les jours de sa vie il a mangé dans les ténèbres, et parmi des soucis nombreux (soins multipliés), dans la misère (tristesse) et le chagrin. 17 Il m’a donc semblé qu’il est bon pour l’homme de manger et de boire, et de se réjouir du fruit de son travail qu’il a fait sous le soleil, pendant le nombre des jours de sa vie que Dieu lui a donnés ; et (car) c’est là sa part. 18 Et quand Dieu a donné à un homme des richesses et des biens, et le pouvoir d’en manger, et de jouir de sa part, et de trouver sa joie dans son travail, c’est là un don de Dieu. 19 Car il ne se souviendra pas beaucoup des jours de sa vie, parce que Dieu occupe son cœur de délices. [5.19 Pas beaucoup ; c’est le sens donné par les Septante ; c’est aussi celui du non satis ou pas assez de la Vulgate, expliqué par l’hébreu. Ainsi l’auteur veut dire qu’en usant avec modération du fruit de ses travaux, l’homme dont il est question au verset précédent trouvera sa vie courte, parce que Dieu remplit son cœur de délices qui la lui font passer agréablement.]