5 En ce jour-là, Débora et Baraq, fils d’Abinoam, chantèrent, disant :
p Le cantique de Débora est un chant de victoire, encadré dans une composition hymnique. Il célèbre une action de la guerre sainte, où Yahvé lutte contre les ennemis de son peuple, vv. 20-21, 23, qui sont aussi ses ennemis, v. 31. Le cantique exalte les tribus qui ont répondu à l’appel de Débora, et blâme celles qui ne sont pas venues combattre. L’énumération pose plusieurs problèmes Makir est nommé à la place de Manassé, v. 14 ; au lieu de Galaad, on attendrait Gad, v. 17 ; Méroz, v. 23, n’apparaît dans aucune autre liste de tribus. Juda et Siméon ne sont pas nommés, soit en conséquence de leur isolement dans le Sud, soit parce qu’ils n’avaient pas encore joint la confédération israélite.
2 Puisqu’en Israël des guerriers ont dénoué leur chevelure,q
puisque le peuple s’est offert
librement,
bénissez Yahvé !
q Rite de guerre, comparer Dt 32.42. Les combattants de la guerre sainte sont consacrés à Dieu comme les nazirs, cf. 13.5 ; 16.17.
3 Écoutez, rois ! Prêtez l’oreille,
princes !
Moi, pour Yahvé, moi je chanterai.
Je célébrerai Yahvé, Dieu d’Israël.
4 Yahvé, quand tu sortis de Séïr,
quand tu t’avanças des campagnes d’Édom,
la terre trembla, les cieux se déversèrent,
les nuées fondirent en eau.
5 Les montagnes ruisselèrent devant Yahvé, celui du Sinaï,
devant Yahvé, le Dieu d’Israël.
6 Aux jours de Shamgar fils d’Anat, aux jours de Yaël,
il n’y avait plus de caravanes ;
ceux qui s’en allaient par les chemins
prenaient des sentiers détournés.
7 On renonçait aux campagnes,r
On y renonçait en Israël,
jusqu’à ton lever, ô Débora,
jusqu’à ton lever, mère en Israël !
r « campagnes » pirzôn (v. 11c), litt. « pays ouvert »; hébr. perazôn.
8 On choisissait des dieux nouveaux,
alors pour cinq villes,s
voyait-on un bouclier ou une lance,
pour quarante milliers en Israël ?
s « pour cinq villes » lehamesh `arîm, conjecture ; « la guerre (?) était aux portes (cf. v. 11d) » hébr. (lahèm she`arim) mal coupé et harmonisé.
9 Mon cœur va aux chefs d’Israël,
avec les libres engagés du peuple !
Bénissez Yahvé !
10 Vous qui montez des ânesses blanches,
assis sur des tapis,
et vous qui allez par les chemins, soyez attentifs,
11 aux acclamations des pâtres,t près des abreuvoirs.
Là on célèbre les bienfaits de Yahvé,
ses bienfaits pour ses campagnes en Israël !
(Alors le peuple de Yahvé est descendu aux portes.)u
t Littéralement « ceux qui divisent » (l’eau, ou le fourrage, ou les troupeaux).
u Ce stique représente le texte correct du début du v. 13 qui était corrompu, et a été introduit dans le texte à une mauvaise place.
12 Éveille-toi, éveille-toi, Débora !
Éveille-toi, éveille-toi, clame un chant !
Courage ! Debout, Baraq !
et ramène tes prisonniers, fils d’Abinoam !
13 Alors il descend vers les princes, le fuyard,v
le peuple de Yahvé descend pour moi parmi les braves.
v « fuyard » sarîd TM, des mss. grecs ont « Israël ». Il y a un village appelé Sarid en Zabulon (Jos 19.10, 12).
14 Les princes d’Éphraïm, les officiers sont dans la plaine,w
derrière toi Benjamin est parmi les tiens.
De Makir sont descendus des chefs,
de Zabulon, ceux qui portent le bâton de scribe.x
w « les officiers dans la plaine » sarisîm ba’emeq, conj. d’après gr. ; TM « leurs racines en Amaleq » shorsham ba’amaleq, relecture antisamaritaine (contre Ephraïm).
x Les scribes étaient rares et avaient une grande autorité.
15 Les princes d’Issachar sont avec Débora,y et Nephtali. Baraq aussi s’élance sur ses pas dans la plaine.
Dans les clans de Ruben,
on s’est concerté longuement.
y Après « Déborah », l’hébr. ajoute « et Issachar », omis par le grec qui omet également « Baraq aussi » ; on propose de lire « et Nephtali ».
16 Pourquoi es-tu resté entre les deux murets,z
à l’écoute des sifflements, près des troupeaux ?
(Dans les clans de Ruben,
on s’est concerté longuement.)
z Les Rubénites, pasteurs, sont restés pour protéger leurs troupeaux contre les raids des nomades les sifflements sont le signal du danger et l’appel pour rassembler les bêtes ; comparer Isa 5.26 ; 7.18 ; Za 10.8.
17 Galaada est resté au-delà du Jourdain,
et Dan, pourquoi vit-il sur des vaisseaux ?b
Asher est demeuré au bord de la mer,
il habite tranquille dans ses ports.
a Plutôt qu’une tribu de ce nom, c’est la tribu de Gad qui doit être mentionnée ici, à côté de la tribu de Ruben, et appelée du nom du territoire qu’elle occupait, cf. Nb 32.1s.
b Dan devait avoir émigré vers le nord dès cette époque, cf. 1.34-35 ; 17-18 ; Jos 19.40, et sans doute les Danites louaient-ils leurs services aux marins de la côte.
18 Zabulon est un peuple qui a bravé la mort,
ainsi que Nephtali, sur les hauteurs du pays.c
c Ce v. où paraît pour la deuxième fois Zabulon et peut-être Nephtali, cf. v. 15, a un mètre différent de celui du reste du poème. C’est un dicton sur les deux tribus, dans le style de Gn 49, qui doit faire allusion à la bataille des eaux de Mérom, Jos 11.
19 Les rois sont venus, ils ont combattu,
alors ils ont combattu, les rois de Canaan,
à Tanak, aux eaux de Megiddo,
mais ils n’ont pas ramassé d’argent en butin.
20 Du haut des cieux les étoiles ont combattu,
de leurs chemins, elles ont combattu Sisera.
21 Le torrent du Qishôn les a balayés,
il les a recouverts,d le torrent du Qishôn :
Marche hardiment, ô mon âme !
d « il les a recouverts » qeramam, Syr. ; « le torrent antique » qedumîn, hébr. (confusion entre resh et daleth). Les Cananéens sont engloutis on peut passer sur eux !
22 Alors les sabots des chevaux ont martelé le sol
ils galopent, ils galopent, ses coursiers !e
e L’hébr. offre ici un rythme anapestique, imité par Ps 68.13.
23 Maudissez Méroz,f dit l’Ange de Yahvé,
maudissez, maudissez ses habitants :
car ils ne sont pas venus à l’aide de Yahvé,
à l’aide de Yahvé parmi les héros.
f Localisé au Khirbet Marous, au sud de Qédesh de Nephtali.
24 Bénie entre les femmes soit Yaël
(la femme de Héber le Qénite),
entre les femmes qui habitent les
tentes, bénie soit-elle !
25 Il demandait de l’eau, elle a donné du lait,
dans la coupe des nobles elle a offert de la crème.
26 Elle a tendu la main pour saisir le piquet,
la droite pour saisir le marteau des
travailleurs.
Elle a frappé Sisera, elle lui a brisé la tête,
elle lui a percé et fracassé la tempe.
27 Entre ses pieds il s’est écroulé, il est tombé, il s’est couché,
à ses pieds il s’est écroulé, il est tombé.
Où il s’est écroulé, là il est tombé, anéanti.
28 Par la fenêtre elle se penche, elle guette,g
la mère de Sisera, à travers le grillage
« Pourquoi son char tarde-t-il à venir ?
Pourquoi sont-ils si lents, ses attelages ? »
g « elle guette » grec ; « elle pousse des clameurs » hébr.
29 La plus avisée de ses princesses
lui répond,
et elle se répète à elle-même :
30 « Sans doute ils recueillent, ils partagent le butin :
une jeune fille, deux jeunes filles par guerrier !
un butin d’étoffes de couleur brodées pour Sisera,
une broderie, deux broderies pour mon cou ! »h
h La fin du v. est probablement corrompue et surchargée. Au lieu de « une broderie, deux broderies pour mon cou », hébr. lit « une étoffe de couleur, deux broderies pour le cou du butin ».
31 Ainsi périssent tous tes ennemis, Yahvé !
et ceux qui t’aiment,i qu’ils soient comme le soleil
quand il se lève dans sa force !
Et le pays fut en repos pendant quarante ans.
i « qui t’aiment » grec et lat. ; « qui l’aiment » hébr.