5 En ce jour-là, Débora chanta avec Baraq, fils d'Abinoam :[Cf. Ex 15 ; l'ensemble du poème présente de nombreuses difficultés de traduction.]
2 Quand on défait sa chevelure en Israël,
quand un peuple se porte volontaire,
bénissez le SEIGNEUR (YHWH) ! [on défait sa chevelure : le sens de l'hébreu est incertain ; il pourrait s'agir d'un rite associé à la guerre, évoquant une consécration totale des combattants (cf. v. 18 ; 9.17 ; 13.5) et peut-être plus particulièrement des chefs (cf. 5.9,15 ; voir Dt 32.42n) ; autre traduction possible quand on a recouvré la liberté.]
3 Rois, écoutez ! Princes, prêtez l'oreille !
Moi, pour le SEIGNEUR,
oui, moi, je chanterai ;
je chanterai un psaume
pour le SEIGNEUR, le Dieu d'Israël. [je chanterai (ou je jouerai) un psaume : sur le verbe hébreu correspondant, voir Ps 7.18n ; 47.7 ; 75.10 ; 81.2 ; 1Ch 16.9.]
4 SEIGNEUR, quand tu sortis de Séir,
quand tu t'avanças depuis le pays d'Edom,
la terre trembla, le ciel ruissela,
les nuages ruisselèrent d'eau ; [Cf. v. 20s ; Dt 33.2 ; 2S 22.8 ; Ha 3.3 ; Ps 68.8s. – Séir ou Edom, au sud de la mer Morte (Gn 14.6n ; 25.25n).]
5 les montagnes se liquéfièrent devant le SEIGNEUR
– ce Sinaï, devant le SEIGNEUR, le Dieu d'Israël. [les montagnes : cf. Es 44.23 ; 49.13. – se liquéfièrent : litt. coulèrent ; LXX a lu croulèrent, comme en Es 63.19 ; 64.2 ; cf. Ex 19.16-18 ; 1R 19.11s ; Ha 3.6 ; Ps 29.3-9 ; 46.4 ; 68.9 ; 77.18s ; 97.3-5 ; Hé 12.26. – ce Sinaï... : autre traduction possible devant le SEIGNEUR (YHWH), celui du Sinaï (voir noms divins).]
6 Aux jours de Shamgar, fils d'Anath,
aux jours de Yaël,
les sentiers étaient abandonnés,
et les voyageurs prenaient des sentiers détournés. [Shamgar, fils d'Anath 3.31. – aux jours de Yaël : certains modifient le texte hébreu traditionnel pour traduire aux jours du joug (étranger) 4.17+. – étaient abandonnés : litt. avaient cessé, de même au v. 7 ; il faut sans doute comprendre que le trafic des caravanes dans les vallées avait été interrompu par l'oppression cananéenne. – les voyageurs : litt. ceux qui allaient (sur) les routes ; cf. Es 33.8.]
7 Les villes ouvertes avaient disparu en Israël,
elles avaient disparu,
jusqu'à ce que tu te lèves, Débora,
que tu te lèves comme une mère en Israël. [Les villes ouvertes (c.-à-d. sans murailles) : traduction incertaine, d'après quelques témoins anciens qui lisent ici le même mot qu'en Dt 3.5+ ; autres traductions possibles : le commandement, la vaillance ou la liberté (avait disparu...) ; cf. Jg 5.6n ; même terme v. 11n ; un terme apparenté est traduit par chefs en Ha 3.14. – que tu te lèves : autre traduction possible que je me lève.]
8 On avait choisi de nouveaux dieux :
alors la guerre était aux portes des villes ;
voyait-on un bouclier, une lance,
pour quarante phratries en Israël ? [Traduction incertaine. – nouveaux dieux Dt 32.17. – des villes : sous-entendu dans le texte, cf. Dt 16.18n. – voyait-on... : autre traduction on ne voyait pas un bouclier, pas une lance... ; cf. 1S 13.19-22. – quarante phratries : autres traductions possibles quarante contingents ; quarante mille hommes ; sur l'ambiguïté du terme, voir 6.15n ; Nb 1.16n ; Jos 4.13n ; Mi 5.1n.]
9 Mon cœur va aux commandants d'Israël,
aux gens du peuple qui se sont portés volontaires.
Bénissez le SEIGNEUR ! [V. 2n. – commandants : forme légèrement différente au v. 14 ; cf. Es 33.22n.]
10 Vous qui montez des ânesses blanches,
vous qui êtes assis sur des tapis,
vous qui marchez sur la route, réfléchissez ! [des ânesses blanches (ou fauves) : les ânes étaient alors les montures de personnages importants, cf. 10.4+ ; Gn 49.11 ; Nb 22.21ss. – réfléchissez : autre traduction racontez ; certains modifient le texte hébreu traditionnel pour lire chantez.]
11 Que par leurs cris les porteurs d'eau, entre les abreuvoirs,
célèbrent ce que le SEIGNEUR a fait pour la justice,
ce qu'il a fait pour la justice à la tête d'Israël !
Alors le peuple du SEIGNEUR est descendu aux portes des villes. [les porteurs d'eau : traduction incertaine (litt. les distributeurs ?) ; autres possibilités les bergers ; les archers ; ceux qui répartissent le butin ; autre traduction plus fort que les cris des porteurs d'eau... qu'on célèbre... – ce que le SEIGNEUR a fait pour la justice : pluriel du mot habituellement traduit par justice ; autres traductions les exploits, les hauts faits, les victoires du SEIGNEUR ; cf. 1S 12.7 ; Es 33.15n ; Jr 51.10n ; Ez 3.20+ ; Mi 6.5n ; Ps 103.6n ; Dn 9.16,18. – ce qu'il a fait... à la tête : autres traductions ce que son commandement (ou ses chefs, ou encore sa puissance) a fait pour la justice en Israël ; ses victoires pour les villes ouvertes d'Israël (cf. v. 7n) ; il a libéré Israël, il a mis Israël au large. – aux portes des villes : litt. aux portes, cf. Gn 22.17n ; Dt 16.18n ; Ps 127.5.]
12 Eveille-toi, éveille-toi, Débora !
Eveille-toi, éveille-toi, entonne un chant !
Lève-toi, Baraq !
Emmène tes captifs, fils d'Abinoam ! [V. 1 ; 4.4n,6n. – entonne : le verbe hébreu (litt. parle) fait assonance avec le nom de Débora. – Emmène tes captifs : autres traductions ramène tes captifs ; rétablis ta situation ; cf. Dt 30.3n ; certains, d'après Syr, modifient légèrement le texte hébreu traditionnel pour lire emmène captif celui qui te tient captif.]
13 Alors des survivants sont descendus vers les braves,
le peuple du SEIGNEUR est descendu pour lui à la rencontre des héros. [Texte obscur. La traduction, conjecturale, s'appuie notamment sur certains mss de LXX ; le texte hébreu traditionnel porte, notamment, dominer au lieu de descendre et pour moi au lieu de pour lui. Le mot traduit par des survivants (ou un survivant) est aussi le nom propre d'une famille et d'un village de Zabulon (Sarid, cf. Jos 19.10,12 ; ou Séred, Gn 46.14 ; Nb 26.26). – héros : autres traductions hommes vaillants ; guerriers ; mêmes possibilités au v. 23.]
14 D'Ephraïm, la racine même est en Amalec.
Derrière toi, Benjamin est parmi tes troupes.
De Makir, des commandants sont descendus,
et de Zabulon ceux qui tiennent le bâton du scribe. [Ephraïm Jos 16. – la racine même est en Amalec, ou peut-être contre Amalec ; certains modifient le texte hébreu traditionnel en lisant le commandement au lieu de la racine ; d'après des versions anciennes, d'autres lisent dans la vallée au lieu de en Amalec ; en tout cas la traduction est incertaine (cf. 3.13+ ; voir 12.15n). – Benjamin Jos 18.11-28. – tes troupes : litt. tes peuples. – Makir, clan de Manassé (Gn 50.23n) ; habituellement situé en Transjordanie (Nb 26.29+ ; 32.39 ; Jos 17.1ss), il apparaît ici parmi des tribus cisjordaniennes. – des commandants : cf. v. 9n ; autre traduction le bâton de commandement, Gn 49.10n. – Zabulon 1.30. – ceux qui tiennent... : on a aussi compris : des recruteurs, avec le bâton... ; cf. 4.6n. Le mot traduit par bâton est rendu par sceptre en Gn 49.10 ; au lieu de bâton du scribe on a aussi compris bâton de commandement ; sceptre de bronze.]
15 Les princes d'Issacar sont avec Débora.
Issacar tient pour Baraq ;
il a été envoyé sur ses pas dans la vallée.
Près des ruisseaux de Ruben,
grandes furent les résolutions du cœur ! [ruisseaux : cf. Jb 20.17 ; autre traduction divisions (terme voisin en 2Ch 35.5) ; même possibilité au v. 16. – résolutions (ou, peut-être, interrogations) du cœur : cf. v. 16 ; on comprend habituellement cette expression dans un sens ironique (en fait Ruben n'a pas participé à la guerre), en parallèle avec les reproches du v. 17.]
16 Pourquoi es-tu resté entre les parcs
à écouter le sifflement des bergers ?
Auprès des ruisseaux de Ruben,
grandes furent les résolutions du cœur ! [entre les parcs : traduction incertaine ; on a aussi compris entre les deux charges du bât ; assis sur ton arrière-train ; cf. Gn 49.14n ; voir aussi Ps 68.14. – des bergers : litt. des troupeaux ; autre traduction les flûtes des bergers.]
17 Galaad est resté en Transjordanie.
Pourquoi Dan séjourne-t-il près des bateaux ?
Aser est assis au bord de la mer,
il est resté auprès de ses brisants. [V. 15n. – Galaad 11.1n ; Gn 31.21n ; Nb 32.1. – en Transjordanie : cf. 7.25n ; 10.8 ; Nb 22.1n ; 32.19n ; Dt 1.1n ; Jos 1.14n. – séjourne-t-il : le verbe hébreu est généralement utilisé pour qualifier le séjour d'un immigré dans un pays ou un lieu étranger ; cf. 17.7n ; Ex 12.48n. – près des bateaux ou sur des bateaux, allusion obscure ; certains ont supposé que des Danites servaient comme marins sur des vaisseaux phéniciens ; cf. Gn 49.13 (sur Dan, cf. 18.1s ; Jos 19.40-51). – Aser Jos 19.24-31. – auprès de (ou sur) ses brisants ou ses ports, traduction incertaine ; le terme hébreu correspondant n'apparaît qu'ici.]
18 Zabulon est un peuple qui a affronté la mort,
et Nephtali de même,
sur les hauteurs de la campagne. [a affronté la mort : litt. a méprisé (le verbe correspondant est habituellement traduit par déshonorer, outrager, cf. 8.15) sa vie pour mourir. – Nephtali 4.6 ; Jos 19.32-39. – sur les hauteurs : hébreu meromé, cf. Jos 11.5-9 ; voir aussi 2S 1.21.]
19 Les rois sont venus, ils ont combattu ;
alors les rois de Canaan ont combattu
à Taanak, aux eaux de Meguiddo ;
ils n'en ont tiré aucun gain d'argent. [Taanak / Meguiddo, villes cananéennes au sud de la plaine de Jizréel 1.27 ; Jos 12.21 ; 17.11s ; cf. Ap 16.16n. – ils n'en ont tiré... : c.-à-d. ils n'ont pas pris de butin.]
20 Du ciel les étoiles ont combattu,
de leurs routes elles ont combattu Sisera. [Les étoiles sont associées à la pluie dans certains textes de l'Orient ancien ; voir aussi Jos 10.13. – de leur routes : sur ce sens, cf. 20.31s ; le terme pourrait aussi évoquer ici une rampe d'assaut comme celles que les assaillants construisaient pour prendre une ville assiégée.]
21 Le Qishôn les a balayés,
l'oued des temps anciens, le Qishôn.
Que je les écrase avec vigueur ! [Qishôn 4.7n ; cf. Gn 26.17n. – Que je les écrase : litt. piétine, mon être ! (Gn 1.20n). On pourrait aussi comprendre que je marche avec vigueur ou que je piétine leur vigueur.]
22 Alors les sabots des chevaux ont retenti,
au galop effréné de ses étalons. [Traduction incertaine : LXX alors ont été tranchés (ou entravés, selon d'autres mss) les jarrets du cheval (cf. Jos 11.6,9). – galop : autre traduction piaffement ; terme apparenté en Na 3.2. – étalons : sur le terme correspondant, voir Gn 49.24n.]
23 Maudissez Méroz, dit le messager du SEIGNEUR,
maudissez ses habitants !
Car ils ne sont pas venus au secours du SEIGNEUR,
au secours du SEIGNEUR, parmi les héros. [Méroz : probablement une localité au sud de Qédesh-Nephtali. – le messager (ou l'ange) du SEIGNEUR 2.1n. – au secours : autre traduction à l'aide.]
24 Bénie soit entre les femmes Yaël,
femme de Héber, le Caïnite !
Bénie soit-elle entre les femmes qui habitent sous la tente ! [Bénie soit... : cf. Lc 1.42 ; Judith 13.18 : « Bénie sois-tu, ma fille (Judith), par le Dieu très haut, plus que toutes les femmes qui sont sur la terre, et béni soit le Seigneur Dieu... qui t'a conduite pour blesser à la tête le chef de nos ennemis (Holopherne). » – Yaël 4.17+.]
25 Il demandait de l'eau, elle a donné du lait ;
dans la coupe des braves elle a présenté du lait fermenté. [la coupe des braves ou des magnifiques, des princes ; cf. v. 13 ; 4.19. – du lait fermenté Gn 18.8n.]
26 D'une main elle a saisi le pieu,
de sa main droite le marteau des travailleurs ;
elle a frappé Sisera, elle lui a fendu la tête,
elle lui a fracassé et transpercé la tempe. [Cf. 4.21. – Les termes traduits par marteau et a frappé sont apparentés.]
27 A ses pieds il s'est affaissé,
il est tombé, il s'est couché.
A ses pieds il s'est affaissé, il est tombé ;
là où il s'est affaissé, là il est tombé, anéanti. [A ses pieds : autre traduction entre ses jambes.]
28 Par la fenêtre, à travers le treillis,
la mère de Sisera regarde et s'exclame :
Pourquoi son char tarde-t-il à venir ?
Pourquoi ses chars vont-ils si lentement ? [ses chars : litt. les pas de ses chars.]
29 Les plus sages d'entre ses princesses lui répondent,
elle-même se dit :
30 Ils ont dû trouver du butin, ils le partagent...
Une fille, deux filles par tête de guerrier ;
butin : des vêtements de couleur pour Sisera ;
butin : des vêtements de couleur, brodés,
un vêtement de couleur, deux vêtements brodés
pour le cou des captives. [Ils ont dû... : litt. n'ont-ils pas trouvé... ? – Une fille... : litt. une matrice, deux matrices par tête d'homme. – des captives : litt. du butin ; certains modifient la vocalisation traditionnelle de l'hébreu de façon à lire pour son cou, pour mon cou ou pour le cou du pilleur.]
31 Que tous tes ennemis disparaissent ainsi, SEIGNEUR !
Ceux qui l'aiment sont comme le soleil,
quand il paraît dans sa puissance.
Et le pays fut tranquille pendant quarante ans. [Que tous tes ennemis... Ps 9.4,6 ; 92.10. – disparaissent : autre traduction périssent. – Ceux qui l'aiment... : autre traduction que ceux qui l'aiment soient... – comme le soleil... 2S 23.4 ; Dn 12.3 ; Mt 13.43 ; 1Co 15.41ss ; Ap 1.16. – le pays fut tranquille... 3.11+.]