Amiot-Tamisier – Romains 5
LA JUSTIFICATION PAR LA FOI PROCURE LA RÉCONCILIATION AVEC DIEU ET L'ESPÉRANCE DU SALUT ♦ PARALLÈLE ENTRE ADAM, AUTEUR DE NOTRE RUINE, ET LE CHRIST, AUTEUR DE NOTRE SALUT
5 Étant donc justifiés par la foi, conservons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, 2 à qui nous devons d'avoir eu accès par la foi à cette grâce où nous sommes établis et de nous glorifier dans l'espérance de la gloire de Dieu. [2. L'espérance de la gloire de Dieu (comparer III, 23), de la gloire complète au ciel et après la résurrection ; comparer VIII, 18.] 3 Bien plus, nous nous glorifions même dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la constance, [3-5. Les tribulations qui sembleraient devoir mettre en échec l'espérance chrétienne l'entretiennent et la fortifient. L'espérance ne peut pas tromper, étant déjà partiellement réalisée par le don de l'amour de Dieu dans l'Esprit-Saint. Comparer Galates IV, 6 ; Éphésiens I, 14.] 4 la constance la vertu éprouvée, la vertu éprouvée l'espérance. 5 Or, l'espérance ne trompe pas, car l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné.
6 Car alors que nous étions encore impuissants, le Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. 7 C'est à peine si quelqu'un mourrait pour un juste ; peut-être cependant aurait-on le courage de mourir pour un homme de bien. 8 Mais Dieu prouve son amour à notre égard en ce que, alors que nous étions encore pécheurs, le Christ est mort pour nous. 9 A combien plus forte raison, maintenant que nous avons été justifiés dans son sang, serons-nous préservés par lui de la colère ! 10 Si en effet, alors que nous étions ses ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à combien plus forte raison, étant réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie. 11 Bien plus, nous nous glorifions en Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, par qui nous avons dès maintenant obtenu la réconciliation.
12 Ainsi donc, de même que par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, et qu'ainsi la mort à atteint tous les hommes, parce que tous ont péché. [12. Le second terme de la comparaison est sous-entendu, par un seul homme, grâce et vie pour tous les hommes, parce que tous ont été justifiés. Il faut traduire la fin de la phrase : parce que (et non pas : en qui, avec la Vulgate) tous ont péché. La suite va montrer qu'il s'agit du péché originel.] 13 Jusqu'à la Loi, en effet, il y avait du péché dans le monde, mais le péché n'est pas imputé [comme cause de mort] quand il n'y a pas de loi. [13-14. Avant la Loi mosaïque, les péchés commis par les hommes n'étaient pas imputés comme cause de mort, car il n'y avait pas, comme au Paradis terrestre (Genèse II, 17), de loi interdisant certains actes sous peine de mort. La mort n'a donc pu atteindre les hommes, durant cette période de l'histoire, qu'en vertu d'une mystérieuse solidarité avec Adam, que la théologie appelle le péché originel. Mais Adam est la figure de celui qui devait venir, le Christ, second Adam (I Corinthiens XV, 21-22 ; 45-49), en qui les hommes sont aussi solidaires.] 14 Cependant la mort a régné depuis Adam jusqu'à Moïse sur ceux-là mêmes qui n'avaient pas commis de péché semblable à la transgression d'Adam, lequel est la figure de celui qui devait venir.
15 Mais il n'en est pas du don comme de la faute. Si, en effet, par la faute d'un seul, tous les autres sont morts, à plus forte raison la grâce de Dieu et le don fait dans la grâce d'un seul homme, Jésus-Christ, se sont-ils répandus en abondance sur tous les autres. [15-17. De cette double solidarité, la nature et les effets sont bien différents : d'une part, la mort, une sentence de condamnation dérivant du péché d'Adam, et le règne de la mort, châtiment du péché ; d'autre part, la bonté divine et le don de la grâce, une sentence d'acquittement pour tous les péchés des hommes, le règne dans la vie des croyants bénéficiaires de la grâce et de la justice.] 16 Il n'en va pas non plus du don comme des suites du péché d'un seul : le jugement porté sur le péché d'un seul aboutit à une sentence de condamnation ; le don, venant après de nombreuses fautes, aboutit à une sentence de justification. 17 Si, en effet, par la faute d'un seul, la mort a régné du fait d'un seul, à plus forte raison ceux qui reçoivent en abondance la grâce et le don de la justice régneront-ils dans la vie par le fait du seul Jésus-Christ.
18 De même donc que la faute d'un seul a entraîné pour tous les hommes la condamnation, de même l'acte de justice d'un seul vaut à tous les hommes la justification qui donne la vie. 19 Car de même que par la désobéissance d'un seul homme, tous les autres ont été constitués pécheurs, de même aussi par l'obéissance d'un seul, tous les autres seront constitués justes.
20 La Loi, il est vrai, est survenue pour faire abonder la transgression ; mais où le péché avait abondé, la grâce a surabondé, [20-21. Objection : la Loi mosaïque a multiplié les transgressions (voir III, 20 ; IV, 15-16) ; mais la grâce, plus forte qu'elles, les efface toutes ; elle règne désormais à la place de la mort et conduit le chrétien justifié à la vie éternelle.] 21 afin que, comme le péché a régné dans la mort, la grâce aussi régnât par la justice pour la vie éternelle, par Jésus-Christ, notre Seigneur.