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Bible de Jérusalem – Cantique des cantiques 5

LE BIEN-AIMÉ

5 J’entre dans mon jardin,
ma sœur, ô fiancée,
je récolte ma myrrhe et mon baume,
je mange mon miel et mon rayon,
je bois mon vin et mon lait.

LE CHŒUR

Mangez, amis, buvez,
enivrez-vous, mes bien-aimés !

Sixième poème

LA BIEN-AIMÉEq

2 Je dors, mais mon cœur veille.
J’entends mon bien-aimé qui frappe.
« Ouvre-moi, ma sœur, mon amie,
ma colombe, ma parfaite !
Car ma tête est couverte de rosée,
mes boucles, des gouttes de la nuit. »

q Encore le thème de la recherche, cf. note sur 1.7. Cette scène charmante a le même cadre que 3.1-4 la nuit, la course à travers la ville, les gardes ; mais le mouvement est différent le bien-aimé est à la porte et veut entrer, cf. 2.9, la bien-aimée le taquine et oppose des prétextes futiles que dément son empressement à aller ouvrir, mais il a disparu et elle ne le retrouve pas ! Si le bien-aimé représente dans le Cantique le nouveau Salomon, le prince messianique impatiemment attendu après le retour de l’Exil, cette recherche vaine peut évoquer la disparition rapide de Zorobabel, accueilli comme le « Germe » (Za 6.12), et l’attente anxieuse, à l’époque du second Temple, du Messie davidique, le nouveau Salomon, toujours présent au cœur d’Israël.

3 — « J’ai ôté ma tunique,
comment la remettrais-je ?
J’ai lavé mes pieds,
comment les salirais-je ? »
4 Mon bien-aimé a passé la main par la fente,r
et pour lui mes entrailles ont frémi.

r Le bien-aimé essaye de forcer l’entrée en manouvrant le loquet qu’on soulevait de l’extérieur avec une clé de bois, Jg 3.25 ; Isa 22.22. On traduit aussi « la lucarne ».

5 Je me suis levée
pour ouvrir à mon bien-aimé,
et de mes mains a dégoutté la myrrhe,
de mes doigts la myrrhe vierge,
sur la poignée du verrou.s

s Pour le faire glisser sans bruit. Ou bien le bien-aimé n’a laissé que cette trace de sa tentative, et c’est tout ce qu’elle trouve de lui !

6 J’ai ouvert à mon bien-aimé,
mais tournant le dos, il avait disparu !
Sa fuite m’a fait rendre l’âme.
Je l’ai cherché, mais ne l’ai point trouvé,
je l’ai appelé, mais il n’a pas répondu !
7 Les gardes m’ont rencontrée,
ceux qui font la ronde dans la ville.
Ils m’ont frappée, ils m’ont blessée,
ils m’ont enlevé mon manteau,
ceux qui gardent les remparts.t

t Les gardes, comme dans 3.3, mais dans un autre rôle ils prennent la jeune fille pour une coureuse, cf. Pr 7.11-12.

8 Je vous en conjure,
filles de Jérusalem,
si vous trouvez mon bien-aimé,
que lui déclarerez-vous ?
Que je suis malade d’amour.

Septième poème

LE CHŒURu

9 Qu’a donc ton bien-aimé de plus que les autres,
ô la plus belle des femmes ?
Qu’a donc ton bien-aimé de plus que les autres,
pour que tu nous conjures de la sorte ?

u Le chœur intervient pour introduire la description du bien-aimé et la relier à la scène précédente.

LA BIEN-AIMÉEv

10 Mon bien-aimé est frais et vermeil.
Il se reconnaît entre dix mille.

v Sur le genre littéraire, cf. note sur 4.1. On a cherché ici une description du Temple de Jérusalem, surtout à cause des vv. 11, 14-15. Un modèle plus vraisemblable serait l’une de ces statues chryséléphantines (faites d’or et d’ivoire) que produisit l’antiquité orientale et classique. Il y a peut-être là simplement l’expression imagée et hyperbolique de la beauté masculine idéale (cf. Saül, 1 S 9.2 ; Absalom, 2 S 14.25-26) haute stature, chevelure abondante, bon teint et belle allure, ce qui est surtout le cas de David, évoqué sans doute au v. 10 « Mon bien-aimé (dodî) est frais et vermeil (’admonî) », allusion à 1 S 16.12 ; 17.42 (David est ’adôm), d’autant que la mention des « dix mille » rappelle 1 S 18.7, etc. et 2 S 18.3. David est surnommé « dix mille » dans Si 47.6. Comparer la description du grand prêtre Simon dans Si 50.5s. L’hyperbole est une règle de ce genre littéraire.

11 Sa tête est d’or, et d’un or pur ;
ses boucles sont des palmes,
noires comme le corbeau.
12 Ses yeux sont des colombes,
au bord des cours d’eau
se baignant dans le lait,
posées au bord d’une vasque.
13 Ses jouesw sont comme des parterres d’aromates,
des massifs parfumés.
Ses lèvres sont des lis ;
elles distillent la myrrhe vierge.

w Le bas du visage, où pousse la barbe, qui est parfumée, cf. Ps 133.2.

14 Ses mains sont des globes d’or,
garnis de pierres de Tarsis.
Son ventre est une masse d’ivoire,
couverte de saphirs.
15 Ses jambes sont des colonnes d’albâtre,
posées sur des bases d’or pur.
Son aspect est celui du Liban,
sans rival comme les cèdres.
16 Ses discours sont la suavité même,
et tout en lui n’est que charme.
Tel est mon bien-aimé, tel est mon époux,
filles de Jérusalem.

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