53 Qui a cru ce que nous entendions dire,
et le bras de Yahvé, à qui s’est-il révélé ?b
b C’est la communauté qui parle et qui annonce le destin du Serviteur, révélation nouvelle et presque incroyable. Mais la surprise et l’incompréhension première, vv. 3, 4, 6, 8, feront place à une meilleure intelligence ces souffrances n’ont d’autre but que le salut de la multitude, vv. 11-12.
2 Comme un surgeon il a grandi devant lui,
comme une racinec en terre aride ;
sans beauté ni éclat pour attirer nos regards,
et sans apparence qui nous eût séduits ;
c En 11.1, 10, les images du surgeon et de la racine accompagnaient l’annonce joyeuse du Messie davidique. Elles n’évoquent ici que l’aspect humble et misérable du Serviteur.
3 objet de mépris, abandonné des hommes,
homme de douleur, familier de la souffrance,
comme quelqu’un devant qui on se voile la face,
méprisé, nous n’en faisions aucun cas.
4 Or ce sont nos souffrances qu’il portait
et nos douleurs dont il était chargé.
Et nous, nous le considérions comme puni,
frappé par Dieu et humilié.
5 Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes,
écrasé à cause de nos fautes.
Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui,
et dans ses blessures nous trouvons la guérison.
6 Tous, comme des moutons, nous étions errants,
chacun suivant son propre chemin,
et Yahvé a fait retomber sur lui
nos fautes à tous.
7 Maltraité, il s’humiliait, il n’ouvrait pas la bouche,
comme l’agneau qui se laisse mener à l’abattoir,d
comme devant les tondeurs une brebis muette,
il n’ouvrait pas la bouche.
d C’est probablement à ce v., combiné avec le v. 4, que fait allusion Jean-Baptiste quand il présente Jésus comme « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », Jn 1.29. On a noté qu’en araméen le même mot talya’ désigne l’agneau et le serviteur. Il est possible que le Précurseur ait employé intentionnellement ce mot, mais l’Évangéliste, écrivant en grec, a dû choisir.
8 Par contrainte et jugement il a été saisi.
Parmi ses contemporains,e qui s’est inquiété
qu’il ait été retranché de la terre des vivants,
qu’il ait été frappé pour le crime de son peuple ?f
e Le mot hébreu signifie « génération » comme période d’une vie et, par extension, ceux qui vivent pendant cette période. Il ne signifie jamais la naissance ou l’origine, et le sens suggéré par le grec et le latin (« Qui racontera sa génération ») et appliqué par les Pères à la génération éternelle du Verbe ou à la conception miraculeuse de Jésus n’est pas une traduction exacte de l’hébreu. On a proposé de corriger le texte, mais celui-ci est soutenu par tous les témoins.
f « son peuple » 1QIsa ; « mon peuple » TM.
9 On lui a donné un sépulcre avec les impies
et sa tombe est avec le riche,g
bien qu’il n’ait pas commis de violence
et qu’il n’y ait pas eu de tromperie dans sa bouche.
g « sa tombe » bômatô 1QIsa ; « dans sa mort » bemôtaw TM. — La prédication chrétienne a vu ici une annonce du sépulcre de Joseph d’Arimathie, « homme riche », Mt 27.57-60. Le texte reste difficile et beaucoup corrigent `ashîr, « riche », en `ôsê ra`, « malfaiteur ».
10 Yahvé a voulu l’écraser par la souffrance ;
s’il offreh sa vie en sacrifice expiatoire,
il verra une postérité, il prolongera ses jours,
et par lui la volonté de Yahvé s’accomplira.
h « s’il offre » Vulg. ; « si tu offres » ou « si (son âme) offre (un sacrifice) » hébr.
11 À la suite de l’épreuve endurée par son âme,
il verra la lumière et sera comblé.i
Par sa connaissance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes
en s’accablant lui-même de leurs fautes.
i « la lumière » grec, 1QIsa ; omis par hébr. — C’est Yahvé qui reprend la parole pour expliquer le mystère de la souffrance du « juste Serviteur » il ne souffre pas pour ses propres fautes mais il s’accable des crimes de la multitude et intercède pour elle.
12 C’est pourquoi il aura sa part parmi les multitudes,
et avec les puissants il partagera le butin,
parce qu’il s’est livré lui-même à la mort
et qu’il a été compté parmi les criminels,
alors qu’il portait le péché des multitudes
et qu’il intercédait pour les criminels.