Vigouroux – Psaumes 59
(Hébreu : 59).
David représente à Dieu l’injustice et la violence de ses persécuteurs. Il en prédit le châtiment et il annonce les louanges qu’il rendra au Seigneur pour les secours qu’il espère recevoir de sa bonté. On remarque aisément dans ce psaume des prophéties très claires de la vocation des Gentils, de la dispersion et de la réprobation des Juifs, et enfin, de leur retour à l’Eglise chrétienne.
58 Pour la fin. N’exterminez pas (Ne perdez pas entièrement) ; de David, pour l’inscription du (de) titre, quand Saül envoya garder sa maison pour le tuer (voir 1 Rois, 19, 11).
[58.1 Titre hébreu : « Au chef de chœur. [Sur l’air de] ‘al thaschkheth (ne perds pas). Mikthâm. » Saül, avant de donner l’ordre de garder la maison de David et de le tuer le matin, cherchait à s’en débarrasser secrètement. Les valets de la cour, race vénale et malveillante pour le vainqueur de Goliath, étaient prêts à seconder les desseins du roi. David avait remarqué dans Gabaa une certaine agitation, le va-et-vient qui en était résulté le soir, quand ces scélérats parcouraient la ville pour le rencontrer et le frapper. De là les angoisses de David, la répétition de la description des versets 7 et 15, sa joie quand arrive le matin et sa reconnaissance envers Dieu. Le psaume est composé avec beaucoup d’art. Il renferme deux parties, des versets 2 à 10 et 11 à 18. La 1re partie peint le trouble et l’inquiétude de David, la 2e ses angoisses calmées, sa colère et ses espérances.]
2 Sauvez-moi des mains de mes ennemis, ô mon Dieu, et délivrez-moi de ceux qui se lèvent (s’insurgent) contre moi. 3 Délivrez-moi de ceux qui commettent l’iniquité, et sauvez-moi des hommes de sang. [58.3 De sang ; littéralement de sangs. Voir Psaumes, 5, 7.]4 Car voici qu’ils se sont rendus maîtres de ma vie (ont pris mon âme) ; des hommes puissants se sont précipités sur moi. [58.4 Mon âme ; c’est-à-dire moi. Voir Psaumes, 7, 2.]5 Il n’y a eu ni faute ni péché de ma part, Seigneur ; j’ai couru et j’ai conduit mes pas sans injustice (iniquité). 6 Levez-vous au-devant de moi, et voyez(. Et vous), Seigneur, Dieu des armées, Seigneur (Dieu) d’Israël, appliquez-vous à visiter toutes les nations ; n’ayez pas pitié de tous ceux qui commettent l’iniquité. 7 Ils reviendront le soir, et ils seront affamés comme des chiens, et ils feront le tour de la ville. [58.7 Refrain. ― Ils reviendront vers le soir, et ils seront affamés comme des chiens et ils tourneront autour de la ville. Tous ces traits sont topiques et très caractéristiques. « Dans toutes les villes de la Palestine et de la Syrie, on rencontre les chiens par bandes, par petits groupes, en famille. Ce sont des chiens-loups, au poil jaune, au museau de renard, à l’air rusé, mais faux et méchant. Le jour ils sont muets, étendus, au repos et dorment dans les rues [qui leur servent de domiciles, car ils n’ont point de maîtres]. Mais après le coucher du soleil, ils s’éveillent [affamés] et se mettent en campagne. Alors ce sont, toute la nuit, des jappements, des hurlements épouvantables, des cris sauvages de rage, de fureur ; ils parcourent les rues, se jettent sur tout ce qui peut être pour eux un aliment, et se disputent avec férocité les moindres détritus. » (E. GUIBOUT, Jérusalem, 1889, p. 188).]8 Voici qu’ils parleront de leur bouche, et un glaive sera sur leurs lèvres ; car (en disant :) qui est-ce qui a (nous a) entendu(s) ? [58.8 Ils parleront dans leur bouche ; ils murmureront. ― En disant : c’est le vrai sens de la particule hébraïque, rendue dans la Vulgate par puisque (quoniam).]9 Et vous, Seigneur, vous vous rirez d’eux ; vous réduirez à néant toutes les nations. 10 C’est en vous que je conserverai ma force ; car, ô Dieu, vous êtes mon défenseur (soutien). [58.10 Pour vous ; c’est-à-dire pour vous louer, pour vous célébrer. ― Refrain terminant la première partie du psaume.]11 La miséricorde de mon Dieu me préviendra. [58.11 Sa miséricorde ; est pour votre miséricorde. Après une interpellation, les hébreux employaient assez souvent la troisième personne au lieu de la seconde.]12 Dieu me fera regarder par-dessus (me montrera le sort de) mes ennemis. Ne les tuez pas, de peur qu’on n’oublie, mon peuple (que mon peuple n’oublie son châtiment). Dispersez-les par votre puissance, et renversez-les, Seigneur, vous qui êtes mon protecteur, [58.12 Ce verset est très diversement expliqué ; nous avons choisi l’interprétation qui nous a paru la plus conforme au contexte. Ainsi, le Psalmiste veut dire : Ne les frappez point d’une mort prompte ; mais faites-leur porter longtemps le poids de votre colère, afin que mon peuple n’oublie jamais les effets de votre vengeance, et qu’il apprenne à vous craindre et à mettre en vous son espérance.]13 à cause du crime de leur bouche, des paroles de leurs lèvres ; et qu’ils soient pris dans leur orgueil. Et l’on publiera (publiquement) leurs malédictions et leurs mensonges, [58.13 A cause. La plupart des commentateurs supposent que cette particule exprimée d’ailleurs dans le chaldéen est sous-entendue dans les Septante et dans la Vulgate, et qu’elle régit les mots crime et discours, qui sont à l’accusatif dans ces deux dernières versions ; mais quelques-uns font dépendre l’accusatif du verbe précédent : sentiment qui peut être fondé.]14 au jour de la (à leur) consommation, dans la colère de la (leur) consommation ; et ils ne seront plus. Et ils sauront que Dieu règnera sur Jacob et jusqu’aux extrémités de la terre. [58.14 A leur consommation ; c’est-à-dire au jour de leur ruine. ― A la colère de leur consommation ; au jour de la colère divine qui les consumera.]15 Ils reviendront le soir, et ils seront affamés comme des chiens, et ils feront le tour de la ville. [58.15 Refrain. Voir verset 7.]16 Ils se disperseront pour manger ; mais, s’ils ne sont point rassasiés, ils murmureront. [58.16 Ils murmureront ; littéralement et ils murmureront. Le mot et indique ici uniquement le commencement de l’apodose ; s’il devait se rendre en français, ce serait par alors, dans ce sens, cela supposé.]17 Mais moi, je chanterai votre puissance, et le matin je célébrerai avec (des transports de) joie votre miséricorde. Car vous vous êtes fait mon protecteur (soutien) et mon refuge au jour de ma tribulation. 18 O mon défenseur (aide), je vous célébrerai, parce que vous êtes le (mon) Dieu qui me protégez, (mon soutien ;) mon Dieu, ma miséricorde. [58.18 Même refrain qu’au verset 10.]