chapitre précédent retour chapitre suivant

Bible de Jérusalem – Amos 6

Contre la fausse sécurité des grands.

6 Malheur à ceux qui sont tranquilles en Sion,u
à ceux qui sont confiants sur la montagne de Samarie,
ces notables des prémices des nations,
à qui va la maison d’Israël.v

u « à ceux qui sont tranquilles en Sion » est peut-être une relecture judéenne, cf. 3.1 ; Os 1.7.

v Pour leur rendre hommage, chercher conseil et demander justice.

2 Passez à Kalné et voyez,
de là, allez à Hamat la grande,
puis descendez à Gat des Philistins :
valent-elles mieux que ces royaumes-ci ?
Leur territoire est-il plus grand que le vôtre ?w

w On comprend ce v. comme une apostrophe des notables de Samarie à ceux qui viennent les consulter vous êtes plus puissants que ces royaumes, vous n’avez rien à craindre. Mais le texte est incertain et en corrigeant le dernier stique on peut comprendre « valez-vous mieux que ces royaumes-là, votre territoire est-il plus grand que le leur ? » le déclin de ces cités servant alors de signe à Israël. Mais Kalné, cf. Isa 10.9, au nord d’Alep, ne sera prise par les Assyriens qu’en 738, Hamat sur l’Oronte en 720, et Gat en Philistie en 711.

3 Vous pensez reculer le jour du malheur
et vous hâtez le règne de la violence !x

x Celle de l’occupation ennemie.

4 Couchés sur des lits d’ivoire,
vautrés sur leurs divans,
ils mangent les agneaux du troupeau
et les veaux pris à l’étable.
5 Ils improvisenty au son de la harpe,
comme David, ils inventent des instruments de musique ;

y Sens incertain.

6 ils boivent le vin dans de larges coupes,
ils se frottent des meilleures huiles,
mais ils ne s’affligent pas de la ruine de Joseph !z

z La fin imminente du royaume d’Israël.

7 C’est pourquoi ils seront maintenant déportés, en tête des déportés,
c’en est fait de l’orgie des vautrés !

Le châtiment sera terrible.

8 Le Seigneur Yahvé l’a juré par lui-même :
— oracle de Yahvé, Dieu Sabaot —
J’abhorre l’orgueil de Jacob,
je hais ses palais,
et je livrerai la villea et tout ce qui la remplit.

a Soit Samarie, soit n’importe quelle ville du royaume du Nord.

9 S’il reste dix hommes dans une seule maison, ils mourront.
10 Et quand un parent et un embaumeurb
emporteront les ossements de la maison,
on demandera à celui qui se trouve dans la maison :
« Y en a-t-il encore avec toi ? »,
il répondra : « Non ! » et il dira : « Chut !
il n’y a plus à invoquer le nom de Yahvé. »c

b « embaumeur » en comprenant ce participe d’un verbe inusité (hapax) d’après l’araméen seraf « résine, baume ». Cf. 2 Ch 16.14.

c Par respect religieux, ou peut-être par crainte devant le malheur dont Yahvé est l’auteur. Le passage est obscur mais le sens général est clair il décrit la catastrophe qui s’abat sur la ville et les morts qui remplissent les maisons, ainsi que la terreur qui s’empare du petit groupe des rescapés à qui revient le soin de s’occuper des cadavres.

11 Car voici que Yahvé commande,
sous ses coups la grande maison se crevasse
et la petite se lézarde.
12 Les chevaux courent-ils sur le roc,
laboure-t-on la merd avec des bœufs,
que vous changiez le droit en poison
et le fruit de la justice en absinthe ?

d Texte légèrement corrigé (en séparant différemment les mots et en changeant les voyelles). TM « est-ce qu’on laboure avec des bœufs ? » (pluriel au lieu du singulier collectif).

13 Vous vous réjouissez à propos de Lo-Debar,e
vous dites : « N’est-ce point par notre force que nous avons pris Qarnayim ? »

e Jeu de mots sur Lo Debar signifiant « rien du tout », mis pour Lodbar (Jos 13.26 ; 2 S 9.4), identifié à Tell el-Hammé, au nord de Galaad. Qarnayim « les deux cornes » (1 M 5.26) est identifié à Sheikh es-Sa`ad, en Bashân. Ces villes faisaient partie des villes reconquises par JéroboII et son père Joas, cf. 2 R 13.25 et 14.25.

14 Or voici que je suscite contre vous, maison d’Israël
— oracle de Yahvé, Dieu Sabaot —
une nationf qui vous opprimera
depuis l’entrée de Hamat jusqu’au torrent de la Araba.g

f L’Assyrie.

g Le torrent de la Araba n’est pas identique au torrent d’Égypte qui désigne avec l’Entrée de Hamat les limites sud et nord de la Terre promise, 1 R 8.65. Il s’agit d’un des wadis qui se jettent dans la vallée inférieure du Jourdain (la « Araba ») près de la mer Morte. Le territoire ainsi délimité est celui du royaume du Nord après les conquêtes de Jéroboam II, cf. 2 R 14.25.

chapitre précédent retour chapitre suivant