6 Lorsqu'ils eurent cessé de parler, Holoferne, transporté de fureur, dit à Achior :
2 Parce que vous avez fait le prophète, en nous disant que le Dieu d'Israël serait le défenseur de son peuple ; pour vous montrer qu'il n'y a point d'autre Dieu que Nabuchodonosor ;
3 Lorsque nous les aurons tous tués comme un seul homme, vous tomberez vous-même sous le glaive des Assyriens, et tout le peuple d'Israël périra avec vous.
4 Ainsi vous reconnaîtrez que Nabuchodonosor est le seigneur de toute la terre ; et alors mes soldats vous passeront leur épée au travers du corps, et vous tomberez percé au milieu des morts et des blessés du peuple d'Israël, et vous continuerez de vivre seulement pour périr avec eux.
5 Si vous croyez votre prophétie véritable, que votre visage ne change point ; et que cette pâleur dont il est couvert s'éloigne de vous, si vous vous imaginez que ce que je dis ne peut s'accomplir.
6 Et pour vous mieux persuader que vous tomberez avec eux dans ce malheur, vous serez dès à présent uni à ce peuple, afin que lorsque mon épée leur fera souffrir la juste peine qu'ils ont méritée, vous soyez soumis à la même vengeance.
7 Alors Holoferne commanda à ses gens de prendre Achior, de le mener vers Béthulie*, et de le livrer entre les mains des enfants d'Israël.
Il règne quelque incertitude sur la vraie situation de Béthulie : les uns placent cette ville dans la Galilée, d'autres sur les confins de l'Arabie Pétrée. La première opinion paraît la plus vraisemblable, et la tradition de l'Orient lui est entièrement favorable.
8 Les serviteurs d'Holoferne, s'étant saisis de lui, s'en allèrent à travers la campagne ; mais lorsqu'ils furent près des montagnes, les frondeurs de la ville sortirent contre eux.
9 Mais eux, se détournant et côtoyant la montagne, attachèrent Achior à un arbre par les pieds et par les mains ; et, l'ayant ainsi lié avec des cordes, ils le laissèrent, et retournèrent vers leur maître.
10 Or les Israélites, étant descendus de Béthulie, vinrent à lui, le délièrent, et le conduisirent dans la ville. L'ayant amené au milieu du peuple, ils lui demandèrent pourquoi les Assyriens l'avaient laissé lié de la sorte.
11 En ce temps, Ozias, fils de Micha, de la tribu de Siméon, et Charmi, appelé aussi Gothoniel, étaient les princes du pays.
12 Et Achior, étant au milieu des anciens, et en présence de tout le peuple, raconta ce qu'il avait répondu à Holoferne, qui lui avait demandé des détails sur le peuple d'Israël ; comment les serviteurs d'Holoferne avaient voulu le tuer, pour avoir parlé ainsi,
13 Et comment Holoferne, dans un violent accès de colère, avait commandé qu'on le remit entre les mains des Israélites, afin qu'après avoir vaincu les enfants d'Israël, il fit mourir Achior dans les supplices, parce qu'il avait osé dire : Le Dieu du ciel est leur défenseur.
14 Lorsque Achior eut terminé son récit, tout le peuple se prosterna le visage contre terre, adorant le Seigneur ; et, mêlant leurs cris et leurs pleurs, ils offrirent tous d'un même cœur leur prière à Dieu,
15 En disant : Seigneur Dieu du ciel et de la terre, jetez les yeux sur leur orgueil, et considérez notre abaissement, et l'état où sont réduits ceux que vous avez sanctifiés. Montrez que vous n'abandonnez point ceux qui présument de votre bonté, et que vous humiliez ceux qui présument d'eux-mêmes et se glorifient de leur propre force.
16 Après ces pleurs de toute l'assemblée, le peuple, étant resté en prière tout le jour, consola Achior,
17 En disant : Le Dieu de nos pères, dont vous avez proclamé la puissance, vous récompensera, et vous fera cette grâce de voir vous-même leur ruine.
18 Et lorsque le Seigneur notre Dieu aura mis ainsi ses serviteurs en liberté, qu'il soit aussi votre Dieu au milieu de nous, afin que, selon qu'il vous plaira, vous viviez avec nous, vous et les vôtres.
19 L'assemblée étant finie, Ozias le reçut dans sa maison, et lui donna un grand festin,
20 Auquel il invita tous les anciens ; et, le jeûne terminé, ils prirent ensemble leur nourriture.
21 Ensuite tout le peuple fut convoqué, et il passa la nuit en prière dans le lieu où il était assemblé*, implorant le secours du Dieu d'Israël.
Les Juifs, à cette époque, se réunissaient pour prier dans des synagogues, surtout quand ils étaient trop éloignés de Jérusalem.