Vigouroux – Job 6
Job justifie ses plaintes. Il souhaite de mourir, de peur de perdre la patience. Il reproche à ses amis l’injustice de leurs accusations.
6 (Or) Job répondit en ces termes : [6.1 IIe discours de Job ; Ire réponse à Eliphaz, chapitres 6 et 7. Le discours d’Eliphaz a surpris et affligé Job qui trouve, au lieu d’un consolateur, un accusateur : 1° Il justifie l’amertume de ses plaintes par la grandeur de ses maux ; ils sont tels qu’en face de la mort qui approche, il n’a d’autre consolation que de n’avoir pas renié Dieu, chapitre 6, versets 2 à 10. ― 2° Reproches indirects à ses amis qui ne l’ont pas consolé et ont trahi ses espérances, versets 11 à 20. ― 3° Reproches directs : ils ne lui ont donné que de vaines paroles, versets 21 à 30. ― 4° Misère de l’homme en général et de Job en particulier : tableau destiné à les apitoyer sur son sort, chapitre 7, versets 1 à 10. ― 5° Prière à Dieu : Pourquoi le frappe-t-il si cruellement ? Pourquoi, s’il a péché, ne lui pardonne-t-il pas ? Versets 11 à 21.]2 Plût à Dieu que les péchés par lesquels j’ai mérité la colère de Dieu, et les maux que je souffre, fussent pesés dans une balance ! 3 Ceux-ci apparaîtraient plus lourds que le sable de la mer. C’est pourquoi mes paroles sont pleines de douleur, 4 car les flèches du Seigneur m’ont percé. La douleur qu’elles me causent épuise mon esprit, et les terreurs de Dieu (du Seigneur) m’assiègent. 5 L’âne sauvage (L’onagre) crie-t-il lorsqu’il a de l’herbe ? ou le bœuf mugit-il lorsqu’il est devant une auge (crèche) pleine ? [6.5 Un onagre, âne sauvage.]6 Peut-on manger d’un mets fade, qui n’est pas assaisonné avec le sel ? ou quelqu’un peut-il goûter ce qui fait mourir celui qui en goûte ? 7 Ce qu’auparavant je (mon âme) n’eusse pas voulu toucher, c’est là maintenant ma nourriture, à cause de mon angoisse (détresse). [6.7 Mon âme, hébraïsme pour ma personne, moi.]8 Qui m’accordera que ma prière soit reçue, et que Dieu me donne ce que j’attends ; 9 que celui qui a commencé achève de me briser ; qu’il laisse aller sa main (qu’il m’extirpe) et qu’il tranche ma vie ? 10 Qu’il me reste au moins cette consolation, dans ces douleurs dont il m’afflige sans m’épargner, que je ne contredise en rien les ordres du Dieu saint (Saint). [6.10 Saint ; par excellence, Dieu.]11 Car quelle est ma force pour que je supporte ces maux ? ou quelle est ma fin pour que je conserve la patience ? [6.11 Quelle est ma fin ? c’est-à-dire quelle sera la fin de ma vie, pour que je puisse conserver ma patience jusque-là ?]12 Ma force n’est pas la force des pierres, et ma chair n’est pas de bronze (d’airain). 13 Voici que je ne trouve en moi aucun secours, et mes amis intimes (mêmes) m’ont abandonné. 14 Celui qui n’a pas compassion de son ami a perdu la crainte du Seigneur. 15 Mes frères ont passé devant moi, comme un torrent qui s’écoule avec rapidité dans les vallées. 16 Ceux qui craignent la gelée seront accablés par la neige. [6.16 En me fuyant, mes amis croient éviter un mal ; mais, par une juste punition de leur inhumanité, ils tomberont dans un autre bien plus grand.]17 Au temps où ils commenceront à s’écouler (se répandre), ils périront ; dès que la chaleur viendra, ils disparaîtront de leur lieu. 18 Ils vont par des sentiers embarrassés (cachés) ; ils marchent sur le vide, et ils périront. [6.18 Sont cachés (comparer à Job, 3, 23) ; selon d’autres, détournés, tortueux.]19 Considérez les sentiers de Théma, les chemins de Saba, et attendez un peu. 20 Ils sont confus, parce que j’ai espéré ; ils sont venus aussi jusqu’à moi, et ils ont été couverts de honte (confusion). 21 Vous ne faites que venir, et aussitôt que vous voyez ma plaie, vous en avez horreur. 22 Ai-je dit : Apportez-moi quelque chose, ou donnez-moi de votre bien ? 23 ou : Délivrez-moi de la main de l’ennemi, et arrachez-moi de la main des forts ? 24 Enseignez-moi, et je me tairai ; et si j’ai ignoré quelque chose, instruisez-moi. 25 Pourquoi attaquez-vous (avez-vous déprimé) des paroles de vérité, puisque nul d’entre vous ne peut m’accuser ? 26 Vous n’étudiez dans vos discours qu’à jeter du blâme, et vous ne faites que parler en l’air. 27 Vous vous précipitez sur un orphelin, et vous vous efforcez d’accabler (de renverser) votre ami. 28 Mais achevez ce que vous avez commencé ; prêtez l’oreille, et voyez si je mens. 29 Répondez, je vous prie, sans contention ; et, en parlant, jugez des choses selon la justice. 30 Alors vous ne trouverez pas d’iniquité sur ma langue, et la folie ne retentira pas dans ma bouche.