6 Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les gens, pour être vus par eux, autrement vous n'aurez pas de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux. [pratiquer : litt. faire. – Le mot justice désigne ici la pratique des œuvres religieuses chez les Juifs : l'aumône, la prière, le jeûne. Cf. v. 5,16 ; 5.20 ; 23.5 ; Lc 16.15 ; Jn 5.44 ; voir aussi Dn 4.24n. Evangile selon Thomas 6 : « Ses disciples l'interrogèrent et lui dirent : “Veux-tu que nous jeûnions ? Et comment prierons-nous ? Donnerons-nous l'aumône ? Et pour ce qui concerne la nourriture, quelles normes observerons-nous ?” Jésus dit : “Ne dites pas de mensonges, et ne faites pas ce que vous haïssez, puisque tout est dévoilé devant le ciel. Car il n'y a rien de caché qui ne sera manifesté et rien de couvert qui restera sans être dévoilé.” » – vous n'aurez pas... 5.46n.]
5 Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment prier debout dans les synagogues et aux coins des grandes rues, pour se montrer aux gens. Amen, je vous le dis, ils tiennent là leur récompense. [V. 1+ ; Lc 18.11.]
7 En priant, ne multipliez pas les paroles, comme les non-Juifs, qui s'imaginent qu'à force de paroles ils seront exaucés. [ne multipliez pas les paroles ou ne rabâchez pas ; le verbe grec correspondant n'apparaît qu'ici dans le N.T. ; cf. 1R 18.26 ; Es 1.15 ; Ec 5.1 ; Siracide 7.14 : « Ne répète pas tes paroles dans ta prière. » – non-Juifs : cf. 4.15n.]
Le QaddishUne prière de la synagogue, appelée Qaddish (de la racine araméenne correspondant au terme « sanctifier » ou « reconnaître pour sacré »), a souvent été rapprochée du « Notre Père ». Elle était peut-être déjà en usage, sous une forme primitive, au temps des évangiles : Qu’il soit magnifié et sanctifié son nom grand dans le siècle (ou : le monde), qu’il a créé suivant son bon plaisir ; qu’il fasse régner son règne et germer sa rédemption et qu’il introduise son Messie et qu’il rachète son peuple, en vos vies et en vos jours et dans les jours de toute la maison d’Israël, à l’instant et dans un temps proche. Et qu’on dise « amen » ! Qu’il soit béni, loué, glorifié, élevé, exalté, louangé, chanté et élevé le nom du Saint, béni soit-il ! au dessus et plus haut que toute bénédiction, cantique, louange, consolation, qu’on prononce dans le siècle. Et qu’on dise « amen » ! Que votre prière soit accueillie et que votre supplication soit réalisée, avec la supplication de toute la maison d’Israël, devant notre Père dans le ciel ! Que le ciel produise une grande paix, secours, rédemption, élargissement, vie, rassasiement, salut, consolation, délivrance, guérison, rachat, dilatation et libération pour vous et pour nous et pour toute la communauté de toute la maison d’Israël, pour la vie et la paix. Et qu’on dise « amen » ! |
9 Voici donc comment vous devez prier :
Notre Père qui es dans les cieux !
Que ton nom soit reconnu pour sacré, [Cf. Didachè 8.2s : « Ne priez pas non plus comme les hypocrites, mais comme le Seigneur vous l'a ordonné dans son évangile, priez de cette manière : “Notre Père qui es au ciel... pardonne-nous notre offense (ou : remets-nous notre dette)... car c'est à toi qu'appartiennent la puissance et la gloire dans les siècles (ou : pour toujours).” Priez de cette manière trois fois par jour. » – Notre Père 5.16 ; 7.11 ; 23.9 ; cf. Dt 14.1 ; 32.6 ; 2S 7.14 ; Es 63.16 ; 64.7s ; Jr 3.4,19 ; 31.9 ; Os 11.1ss ; Ml 1.6 ; 2.10 ; Ps 89.27 ; 103.13 ; Tobit 13.4 : « Il est notre Seigneur, notre Dieu, notre Père. » Siracide 23.1ss : « Seigneur, Père et Maître de ma vie... Père et Dieu de ma vie... » Rm 8.15 ; Ga 4.6 ; 1P 1.17. – Que ton nom soit reconnu pour sacré (ou saint, traduction traditionnelle sanctifié) : cf. Es 29.23 ; Ez 36.23 ; voir aussi Ml 1.6 ; Jn 12.28 ; 17.6.]
10 que ton règne vienne,
que ta volonté advienne
– sur la terre comme au ciel. [règne ou royaume 3.2n ; Lc 17.20 ; Ac 1.3,6 ; Rm 14.17. – volonté 7.21 ; 12.50 ; 26.42//.]
11 Donne-nous, aujourd'hui, notre pain pour ce jour ; [notre pain pour ce jour : autres traductions notre pain de demain (cf. v. 34) ou, selon certains, du jour (dernier) qui vient ; ou encore le pain dont nous avons besoin ; cf. Ex 16.4n ; Pr 30.8 ; Jn 6.32.]
12 remets-nous nos dettes,
comme nous aussi nous l'avons fait pour nos débiteurs ; [remets-nous nos dettes, c.-à-d. pardonne-nous nos fautes (voir péché) v. 14s ; 18.21-35. Cf. Siracide 28.2 : « Pardonne à ton prochain l'injustice commise ; alors, quand tu prieras, tes péchés seront remis. »]
13 ne nous fais pas entrer dans l'épreuve,
mais délivre-nous du Mauvais. [dans l'épreuve ou en tentation, cf. 4.1n ; autre traduction : ne nous conduis pas à l'épreuve ; certains comprennent ne nous laisse pas emporter vers la tentation ou fais que nous n'entrions pas en tentation, 26.41// ; 2P 2.9 ; cf. Ex 16.4 ; Dt 8.2,16 ; 13.4 ; 33.8 ; Jg 2.22 ; voir aussi Ac 20.19 ; Jc 1.12ss ; Ap 2.10. – Mauvais ou mal : cf. 5.37 ; 13.19,38 ; Lc 22.31s ; Jn 17.15+ ; 2Th 3.3 ; 2Tm 4.18. – Quelques mss tardifs ajoutent à la fin du v. : Car c'est à toi qu'appartiennent le règne (ou le royaume), la puissance et la gloire pour toujours. Amen ; cf. 1Ch 29.11-13 ; 1Co 14.16 ; Ap 5.13. – Cf. Didachè 10.5 : « Souviens-toi, Seigneur, de ton Eglise, pour la délivrer de tout mal et la parfaire dans ton amour. Et rassemble-la des quatre vents, cette Eglise sanctifiée, dans ton royaume que tu lui as préparé. Car c'est à toi qu'appartiennent la puissance et la gloire dans les siècles ! » (voir aussi v. 9n).]
14 Si vous pardonnez aux gens leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera, à vous aussi, [aux gens : autres traductions aux humains ; aux hommes ; cf. v. 1,2,5 ; 5.13+ ; 12.31. – fautes : cf. v. 12 ; Mc 11.25s ; Ep 4.32 ; Col 3.13.]
16 Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air sombre, comme les hypocrites ; ils arborent un visage défait pour montrer aux gens qu'ils jeûnent. Amen, je vous le dis, ils tiennent là leur récompense. [Es 58.3-8 ; Za 7.5 ; cf. Lc 24.17. Didachè 8.1 : « Que vos jeûnes n'aient pas lieu en même temps que ceux des hypocrites. Ils jeûnent en effet le deuxième et le cinquième jour de la semaine (lundi et jeudi) ; vous donc jeûnez le quatrième jour et le jour de la préparation (mercredi et vendredi). » – arborent... défait : le même verbe grec est traduit par détruire aux v. 19s. Il est de la même racine que celui qui est traduit ici par montrer, de sorte qu'on a à peu près le jeu de mots suivant : ils se déparent pour mieux paraître.]
19 Ne vous amassez pas de trésors sur la terre, où les vers et la rouille détruisent et où les voleurs fracturent pour voler. [amassez : le verbe grec, apparenté au mot traduit par trésors, a donné notre verbe thésauriser. Cf. Es 51.8 ; Jc 5.2s ; Siracide 29.11s : « Dispose de ton trésor selon les préceptes du Très-Haut : ainsi te sera-t-il plus profitable que l'or. Enferme tes aumônes dans tes greniers ; ce sont elles qui te délivreront de tout malheur. » – rouille : traduction incertaine ; il pourrait aussi s'agir d'un insecte destructeur (comme les vers). – fracturent : litt. percent, creusent p. ex. les murs en torchis des maisons orientales, ou le sol où sont enfouis les trésors ; cf. 24.43 ; Ex 22.1n ; Jb 24.16.]
22 L'œil est la lampe du corps. Si ton œil est bon, tout ton corps sera illuminé, [Ep 1.18 ; cf. Jn 1.38n. – bon : litt. simple ; le terme peut aussi signifier généreux, sans arrière-pensée, cf. Rm 12.8n ; 2Co 8.2n ; Jc 1.5n ; voir aussi Pr 22.9n. Testament de Benjamin 4.2 : « L'homme bon n'a pas un œil aveuglé par les ténèbres, car il a pitié de tous, même des pécheurs. Quand bien même voudraient-ils lui nuire, c'est en faisant le bien qu'il vainc le mal, protégé qu'il est par Dieu ; mais les justes, il les aime comme lui-même. »]
24 Personne ne peut être esclave de deux maîtres ; en effet, ou bien on détestera l'un et on aimera l'autre, ou bien on s'attachera à l'un et on méprisera l'autre. Vous ne pouvez être esclaves de Dieu et de Mamon.[être esclave de ou servir ; le verbe grec correspondant évoque effectivement la condition d'esclave (cf. Jn 8.33). – maîtres ou seigneurs 1R 18.21 ; Lc 14.26 ; Jn 8.33 ; Ga 1.10. – Mamon : autre traduction l'Argent ; transcription, en grec (également Lc 16.9,11,13), d'un terme araméen attesté dans quelques textes juifs au sens de argent, biens, possessions ; on le retrouve en particulier dans des écrits de Qumrân. Du fait qu'il est simplement transcrit en grec, on peut penser qu'il est pris ici comme un nom propre et qu'il personnifie l'argent comme une sorte de divinité ; l'amour de l'argent serait ainsi dénoncé comme une forme d'idolâtrie. – Evangile selon Thomas 47 : « Il est impossible pour un homme de monter en même temps deux chevaux ou de bander deux arcs ; et il est impossible pour un serviteur de servir deux maîtres, autrement il honorera l'un et offensera l'autre... » (suit l'image du vin nouveau et des vieilles outres, cf. 9.16 ; Lc 5.39n).]
25 C'est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez ou de ce que vous boirez, ni, pour votre corps, de ce dont vous serez vêtus. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? [Ne vous inquiétez pas Ph 4.6 ; 1Tm 6.6,8 ; 1P 5.7. Evangile selon Thomas 36 : « Jésus a dit : “Ne vous inquiétez pas du matin au soir ni du soir au matin de ce que vous vêtirez.” Ses disciples dirent : “Quand est-ce que tu te manifesteras à nous et quand pourrons-nous te voir ?” Jésus répondit : “Lorsque, pareils à de petits enfants, vous vous déshabillerez sans avoir honte et que vous prendrez vos vêtements et les piétinerez, c'est alors que vous verrez le fils du Vivant ; et vous n'aurez pas peur.” » – vie : sur le mot grec correspondant, voir 10.28n. – ou de ce que vous boirez : cette précision est absente de certains mss.]
28 Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement ? Observez comment poussent les lis des champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas ; [Es 40.6-8 ; Ps 90.5s ; 103.15. – travaillent ou peinent, cf. 11.28n.]
31 Ne vous inquiétez donc pas, en disant : « Qu'allons-nous manger ? » Ou bien : « Qu'allons-nous boire ? » Ou bien : « De quoi allons-nous nous vêtir ? » [V. 25.]
34 Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, car le lendemain s'inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. [V. 11n ; Pr 27.1 ; Jc 4.13s. – sa peine : autre traduction son mal ; le même terme est traduit par malfaisance en Rm 1.29 ; 1Co 5.8 etc.]