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Bible de Jérusalem – Michée 6

III. Nouveau procès d’Israël

REPROCHES ET MENACES

Yahvé fait le procès de son peuple.x

6 Écoutez donc ce que dit Yahvé :
« Debout ! Entre en procès avec les montagnes
et que les collines entendent ta voix ! »y

x Au réquisitoire de Yahvé rappelant ses bienfaits, vv. 3-5, font suite une interrogation du fidèle repentant sur les exigences de son Dieu, vv. 6-7, et une réponse du prophète, v. 8.

y Les montagnes, lieux par excellence des rencontres de Dieu avec son peuple (Sinaï, Nébo, Ébal et Garizim, Sion, Carmel, etc.) et témoins immuables, sont fréquemment personnifiées, Gn 49.26 ; 2 S 1.21 ; Ez 35-36 ; Ps 68.16-17, etc.

2 Écoutez, montagnes, le procès de Yahvé,
et vous, inébranlables fondements de la terre,
car Yahvé est en procès avec son peuple,
il plaide contre Israël :
3 « Mon peuple, que t’ai-je fait ?
En quoi t’ai-je fatigué ? Réponds-moi.
4 Car je t’ai fait monter du pays d’Égypte,z
je t’ai racheté de la maison de servitude ;
j’ai envoyé devant toi Moïse,
Aaron et Miryam.

z Assonance entre « je t’ai fatigué » (hele’etîka) et « je t’ai fait monter (he`elitîka) — Au peuple qui se plaint d’être abandonné par Dieu, Yahvé va rappeler ses bienfaits passés. Ce texte a été repris dans les « Impropères » du Vendredi saint.

5 Mon peuple, souviens-toi donc :
quel était le projet de Balaq, roi de Moab ?
Que lui répondit Balaam, fils de Béor ?
depuisa Shittim jusqu’à Gilgal,
pour que tu connaisses les justes œuvres de Yahvé. »

a L’hébr. semble avoir ici une lacune (« du passage » depuis Shittim ?) — Les « justes œuvres » de Yahvé sont les hauts faits de l’Histoire sainte, par lesquels Yahvé a tenu ses engagements d’allié. Comme l’Alliance elle-même vient de l’initiative divine, cette « justice » est pure grâce.

6 — « Avec quoi me présenterai-je devant Yahvé,
me prosternerai-je devant le Dieu de là-haut ?
Me présenterai-je avec des holocaustes,
avec des veaux d’un an ?
7 Prendra-t-il plaisir à des milliers de béliers,
à des libations d’huile par torrents ?
Faudra-t-il que j’offre mon aîné pour prix de mon crime,
le fruit de mes entrailles pour mon propre péché ? »b

b À la plainte de Yahvé à son peuple, c’est le fidèle qui répond, ce qui marque bien l’aspect personnel de la religion pour le prophète. Le fidèle propose des sacrifices, légitimes ou non ; le prophète va les refuser, v. 8, pour leur substituer une religion spirituelle, marquée par les exigences que déjà « on a fait savoir » à l’homme la justice (Amos), la bonté (Osée), l’humilité devant Dieu (Isaïe).

8 « On t’a fait savoir, ô homme, ce qui est bien,
ce que Yahvé réclame de toi :
rien d’autre que d’accomplir la justice,
d’aimer la bonté
et de t’appliquer à marcherc avec ton Dieu. »

c On traduit aussi « à marcher humblement » (cf. Pr 11.8) ; mais ce verbe hapax signifie plutôt « s’appliquer à », « s’astreindre à », comme l’ont compris les versions.

Contre les fraudeurs dans la cité.

9 C’est la voix de Yahvé ! Il crie à la ville :
— ton nom verra le succès.d
Écoutez, tribu et assemblée

d Glose interprétée par les versions « c’est sagesse de craindre ton nom ».

10 de la ville.e
Puis-je supporterf une mesure fausse,
— des trésors iniques —
un boisseau diminué, abominable ?

e « assemblée de la ville » ûmo`ed ha`îr corr. ; « et qui l’a déterminé encore » ûmî ye`adah `od hébr.

f « puis-je supporter » ha’eshshe bat rasha` corr. ; « l’homme, la maison du méchant » ha’îsh beit rasha` hébr. — 10c est une relecture.

11 Puis-je tenir quitteg pour des balances fausses,
une bourse de poids truqués ?

g « Puis-je tenir quitte » ha’azakkeh corr. ; « serai-je quitte » ha’ezkeh hébr.

12 Elle dont les riches sont pleins de violence
et dont les habitants profèrent le mensonge.
Leur langue est tromperie dans leur bouche.
13 Alors moi, je t’ai rendu maladeh en te frappant,
en dévastant à cause de tes péchés.

h « je t’ai rendu malade » hehelêtî hébr. ; « j’ai commencé » hahillôtî versions.

14 Toi, tu mangeras, mais tu ne pourras pas te rassasier,
— et l’on t’abaisserai
chez toi, tu mettras de côté, mais sans rien pouvoir garder ;
— ce que tu garderas, je le livrerai à l’épée.

i Addition postérieure à l’Exil ; de même 14d.

15 Tu sèmeras, mais tu ne pourras faire la moisson ;
tu presseras l’olive, mais tu ne pourras t’oindre d’huile,
le moût, mais tu ne pourras boire de vin.

L’exemple de Samarie.

16 Tu observesj les lois d’Omri,
toutes les pratiques de la maison d’Achab.
Vous vous conduisez selon leurs principes,
pour que je fasse de toi un objet de stupeur,
de tes habitants une dérision,
et que vous portiez l’opprobre des peuples.k

j Littéralement « tu gardes » versions ; « il se garde » hébr.

k « tes habitants » corr. ; « ses habitants » hébr. — « des peuples » grec, Ez 36.15 ; « de mon peuple » hébr., correction anti-samaritaine. — Les « pratiques » et les « principes » que dénonce le prophète sont peut-être le culte de Baal, mais plus probablement le luxe des grands et l’injustice sociale.

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