Vigouroux – Psaumes 60
(Hébreu : 60).
David se plaint à Dieu de ce qu’il a livré son peuple à ses ennemis. Il espère qu’après l’avoir ainsi châtié, il voudra bien de nouveau le protéger.
59 Pour la fin. Pour ceux qui seront changés, inscription du (de) titre, instruction de David (lui-même pour la doctrine), [59.1 Par. Voir le Psaume 15 (Hébreu : 16).][59.1-2 Titre hébreu : « Au chef de chœur. Sur [l’air de] schouschan ‘êdouth (le lis du témoignage). Mikthâm. De David. Pour être enseigné (comme l’élégie sur la mort de Saül et de Jonathas, voir 2 Rois, 1, 18). » Les paroles : Lorsqu’il brûla, etc., indiquent d’une manière générale l’époque de la composition du psaume. Il fut fait avant la victoire de la vallée des Salines, à un moment où la Palestine du sud était maltraitée par les Iduméens à qui le roi n’avait pas de troupes suffisantes à opposer. ― Psaumes, 107, 7-14, est la reproduction de Psaumes, 59, 7-15.]2 lorsqu’il brûla la Mésopotamie de Syrie et Sobal, et que Joab revint et frappa l’Idumée dans la vallée des Salines, tuant douze mille hommes. [59.2 Les faits historiques mentionnés dans ce titre, et qu’on lit en grande partie dans 2 Rois, 8, 13 ; 10, vv. 16, 19 ; 3 Rois, 11, 15-16 ; 1 Paralipomènes, 18, 12 ; 19, 19, offrent plusieurs difficultés ; on peut les voir exposées et expliquées dans les commentateurs.]
3 O Dieu, vous nous avez repoussés et vous nous avez détruits ; vous vous êtes irrité, et (ensuite) vous avez eu pitié de nous. [59.3-7 Plaintes et prière d’Israël opprimé par les Iduméens.]4 Vous avez ébranlé la terre, et vous l’avez troublée (bouleversée). Guérissez ses brisures, car elle est (a été) ébranlée. 5 Vous avez fait voir à votre peuple des choses dures (châtiments rigoureux) ; vous nous avez abreuvés d’un vin de douleur (componction). [59.5 Vous avez montré. Voir Psaumes, 49, 23. ― Du vin de componction ; c’est-à-dire du vin de douleur qui nous a fait ressentir de vifs remords de vous avoir offensé.]6 Vous avez donné à ceux qui vous craignent un signal, afin qu’ils fuient de devant l’arc. Pour que vos bien-aimés soient délivrés, [59.6 Un signal, pour se sauver et pour se mettre à couvert des flèches de leurs ennemis. Le Psalmiste semble faire allusion à ce qui se pratiquait en temps de guerre chez les Hébreux. On dressait sur les montagnes des espèces de mâts ; et en cas d’alarme et d’irruption des ennemis, on élevait un signal au haut de ce bois, afin que le peuple pût se sauver dans les montagnes et dans les autres lieux de sûreté. Comparer à Isaïe, 5, 26 ; 11, 12 ; 18, 3 ; 30, 17 ; 33, 23.]7 sauvez-nous (-moi) par votre droite, et exaucez-moi. 8 Dieu a parlé dans son sanctuaire : Je me réjouirai, et je partagerai Sichem, et je mesurerai la vallée des Tentes (tabernacles). [59.8 Dans son sanctuaire ; selon d’autres dans son saint ou par son saint ; c’est-à-dire David lui-même ou Jésus-Christ. ― Je partagerai, etc. Partager et mesurer un terrain, signifient s’en rendre maître. ― Sichem. Voir Genèse, note 12.6.][59.8-10 Discours de Dieu annonçant la défaite de tous les ennemis de son peuple.]9 (A moi est) Galaad est à moi, et à moi Manassé ; et Ephraïm est la force de ma tête. Juda est mon roi. [59.9 Galaad, désigne le pays situé au-delà du Jourdain. ― Manassé et Ephraïm sont mis pour toutes les autres tribus qui furent si longtemps séparées de Juda. ― Ephraïm est la force de ma tête ; en ce qu’elle me fournit l’élite de mes troupes, les capitaines les plus vaillants et les plus expérimentés. ― Juda est mon roi. La tribu de Juda domine partout.]10 Moab est comme le vase de mon espérance. J’étendrai ma chaussure (mes pas) sur l’Idumée ; les (des) étrangers me sont assujettis (devenus amis). [59.10 Moab, etc. Quelquefois, dit D. Calmet, on jetait les sorts au fond d’un vase plein d’eau. Le sort qui venait le dernier était le meilleur. Moab est le bon lot qui m’est venu, et qui a été tiré du fond du vase. Selon d’autres interprètes, le Psalmiste qualifie ainsi Moab, parce que c’était une province fertile et abondante. Le texte hébreu porte : Moab est le vase où je me lave ; ce qui marque l’assujettissement et l’avilissement des Moabites. Mais les Septante et Symmaque ont lu comme la Vulgate. ― Mes pas ; littéralement ma chaussure. ― Des étrangers ; c’est-à-dire les Philistins qui avaient émigré dans la Palestine, et dont le pays est expressément nommé ici dans le texte hébreu. ― Moab, désigne le pays à l’est de la mer Morte, habité par les descendants de Loth. ― L’Idumée, au sud de la Palestine, était très forte, à cause de ses montagnes.]11 Qui me conduira à la (dans une) ville fortifiée ? Qui me conduira jusqu’en Idumée ? [59.11 Une ville fortifiée ; Bosra, ville forte de l’Idumée, selon la plupart, et dont il est parlé, voir Isaïe, 63, 1. ― La ville fortifiée est plutôt Pétra, la capitale de l’Idumée. Voir 4 Rois, note 14.7.][59.11-14 Prière pour obtenir la victoire contre les Iduméens.]12 N’est-ce (sera-ce) pas vous, ô Dieu, qui nous avez repoussés ? et ne sortirez-vous pas, ô Dieu, à la tête de nos armées ? 13 Donnez-nous du secours contre (pour nous tirer de) la tribulation, car la protection de l’homme est vaine. [59.13 Pour nous tirer. Ces mots sont évidemment sous-entendus ; l’expression de la tribulation, qui, d’ailleurs, ne saurait dépendre de donnez-nous du secours, en est le complément. Voir ce que nous avons dit sur ce genre de construction à la fin des Observations préliminaires.]14 Avec (En) Dieu nous ferons des actes de courage, et lui-même réduira à néant ceux qui nous persécutent.