chapitre précédent retour chapitre suivant

Bible de Jérusalem – Psaumes 68

PSAUME 68 (67)

La glorieuse épopée d’Israël.x

68 Du maître de chant. De David. Psaume. Cantique.

x Cet hymne d’action de grâces évoque les grandes étapes de l’histoire du peuple de Dieu, comme celles d’une procession triomphale de Yahvé la sortie d’Égypte, la marche au désert, les victoires de l’époque des Juges (Débora, Gédéon) et l’installation à Sion (David, Salomon), l’histoire d’Élie et d’Élisée, le sort tragique de la famille d’Achab, la Pâque solennelle d’Ézéchias, enfin les perspectives universalistes de la fin du livre d’Isaïe. Prélude (vv. 2-7) et finale (vv. 33-36) encadrent six groupes de deux strophes unies par le sens. Un accident graphique a troublé les sixième et septième strophes.

2 Que Dieu se dresse, et ses ennemis se dispersent,
et ses adversaires fuient devant sa face.
3 Comme se dissipe la fumée, tu les dissipes ;
comme fond la cire en face du feu,
ils périssent, les impies, en face de Dieu.

4 Mais les justes se réjouissent, ils exultent devant la face de Dieu,
dans la joie, ils jubilent.
5 Chantez à Dieu, jouez pour son nom,
frayez la route au Chevaucheur des nuées,
son nom est Yahvé, exultez devant sa face.

6 Père des orphelins, justicier des veuves,
c’est Dieu dans son lieu de sainteté ;
7 Dieu donne à l’isolé le séjour d’une maison,
il ouvre aux captifs la porte du bonheur,
mais les rebelles demeurent sur un sol aride.

8 Ô Dieu, quand tu sortis à la face de ton peuple,
quand tu foulas le désert,
9 la terre trembla,

Pause.

les cieux mêmes fondirent en face de Dieu,y
en face de Dieu, le Dieu d’Israël.

y L’hébr. glose « c’est le Sinaï », comme en Jg 5.5. — La strophe évoque l’entrée en campagne de Yahvé la sortie d’Égypte dans la nuée, Ex 13.21 ; Nb 14.14, et la théophanie du Sinaï, Ex 19.16.

10 Tu répandis, ô Dieu, une pluie de largesses,
ton héritage exténué, toi, tu l’affermis ;
11 ton troupeau trouva un séjour, celui-là
qu’en ta bonté, ô Dieu, tu préparais au pauvre.z

z Rappel des miracles de l’Exode, la manne et les cailles, et de l’entrée dans la Terre promise.

12 Le Seigneur a donné un ordre,
il a pour messagère une armée innombrable.
13 Et les chefs d’armée détalaient, détalaient,
la belle du foyer partageait le butin.a

a Allusion aux victoires de la conquête. La « belle » est peut-être Yaël, Jg 5 24, ou le groupe des femmes des vainqueurs, cf. Jg 5.30 ; 11.34 ; 1 S 18.6.

14 Resterez-vous au repos dans les enclos,b
quand les ailes de la Colombe se couvrent d’argent,c
et ses plumes d’un reflet d’or pâle ;

b « dans les enclos » litt. « entre les deux murets », les petits murs des parcs à brebis.

c La Colombe est le symbole d’Israël, cf. Ps 74.19 ; Os 7.11, etc., qui se pare des richesses gagnées dans le combat, cf. Jos 22.8 ; Jg 8.24s.

15 quand Shaddaï, là-bas, disperse des rois,
et qu’il neige sur le Mont-Sombre ?d

d Le « Mont-Sombre » est sans doute une colline boisée proche de Sichem, Jg 9.48-49 ; Abimélek jeta du sel (blanc comme la neige, cf. Si 43.18-19) sur les ruines de cette ville, Jg 9.45. — Ce passage est très obscur, mais on peut comprendre que le poète, imitant Jg 5.16s, interpelle les clans isolationnistes, absents du combat, et leur vante le butin précieux que se partagent les femmes d’Israël, et qui brille sur leur peau brune comme les plumes de la colombe.

16 Montagne de Dieu, la montagne de Bashân !
Montagne sourcilleuse, la montagne de Bashân !
17 Pourquoi jalouser, montagnes sourcilleuses,
la montagne que Dieu a désirée pour séjour ?
Oui, Yahvé y demeurera jusqu’à la fin.

18 Les équipages de Dieue sont des milliers de myriades ;
le Seigneur est parmi eux, et le Sinaï est au sanctuaire.f

e Plutôt que les chars de Salomon, 1 R 10.26, les chars divins qu’entrevit Élisée, 2 R 6.17, cf. Ps 7.6 ; Isa 66.15. La suite évoque les victoires du temps des rois.

f Le Sinaï était ainsi identifié à Sion, d’où provient la Loi, Isa 2.3. C’est le premier indice d’une relecture de ce en fonction de la fête liturgique de la Pentecôte où l’on célèbre le don de la Loi au Sinaï, cf. la glose du v. 9.

19 Tu as gravi la hauteur,g capturé des captifs,
reçu des hommes en tribut, même les rebelles,
pour que Yahvé Dieu ait une demeure.

g Sion.

20 Béni soit le Seigneur de jour en jour !
Il prend charge de nous, le Dieu de notre salut.

Pause.

21 Le Dieu que nous avons est un Dieu de délivrances,
au Seigneur Yahvé sont les issues de la mort ;
22 mais Dieu abat la tête de ses ennemis,
le crâne chevelu du criminel qui rôde.

23 Le Seigneur a dit : « De Bashân je fais revenir,
je fais revenir des abîmes de la mer,
24 afin que tu enfonces ton pied dans le sang,
que la langue de tes chiens ait sa part d’ennemis. »h

h Allusion à la mort d’Achab, 1 R 21.19 ; 22.38, de Joram, 2 R 8.29 ; 9.15, et de Jézabel, 2 R 9.36.

25 On a vu tes processions, ô Dieu,
les processions de mon Dieu, de mon roi, au sanctuaire :
26 les chantres marchaient devant, les musiciens derrière,
les jeunes filles au milieu, battant du tambourin.

27 En chœurs, ils bénissaient Dieu :
c’est Yahvé, dès l’origine d’Israël.i

i Antienne liturgique.

28 Benjamin était là, le cadet ouvrant la marche ;
les princes de Juda en robes multicolores,
les princes de Zabulon, les princes de Nephtali.j

j « robes multicolores » riqmatam conj. ; « en tas » rigmatam hébr. — Les vv. 25-28 évoquent la Pâque d’Ézéchias, 2 Ch 30, à laquelle participèrent les tribus du Nord.

29 Commande, ô mon Dieu, selon ta puissance,k
la puissance, ô Dieu, que tu as mise en œuvre pour nous,

k Stique corrigé d’après les versions ; hébr. « Ton Dieu a commandé ta puissance ». — Le texte et le rythme des deux strophes suivantes sont incertains.

30 depuis ton temple au-dessus de Jérusalem.
Vers toi viendront les rois, apportant des présents.

31 Menace la bête des roseaux,
la bande de taureaux avec les peuples de veaux,l
qui s’humilie, avec des lingots d’argent !
Disperse les peuples qui aiment la guerre.

l Allusion insultante à l’Égypte, à ses chefs et à son peuple. On doit être à l’époque de la grande déportation juive en Égypte, sous le règne de Ptolémée Sôter, vers 320.

32 Depuis l’Égypte, des grands viendront,
l’Éthiopie tendra les mains vers Dieu.m

m « grands », litt. « (gens) gras », hashshemenîm ou mishmannîm conj. d’après le grec ; « objets en bronze » (?) hashmannîm hébr. — « tendra » yitroç conj. ; « fera courir » tarîç hébr.

33 Royaumes de la terre, chantez à Dieu
jouez pourn

n L’hébr. ajoute ici « le Seigneur. Pause ».

34 le Chevaucheur des cieux,
des cieux antiques.

Pause.

Voici qu’il élève la voix, voix de puissance :
35 reconnaissez la puissance de Dieu.

Sur Israël sa splendeur, dans les nues sa puissance :
36 redoutable est Dieu depuis son sanctuaire.o
C’est lui, le Dieu d’Israël,
qui donne au peuple force et puissance.

Béni soit Dieu !

o « son sanctuaire » Vulg ; « tes sanctuaires » hébr.

chapitre précédent retour chapitre suivant