7 En l’an I de Balthazar, roi de Babylone, Daniel vit un songe et des visions de sa tête, sur sa couche. Il rédigea le rêve par écrit. Début du récit :
u La vision est parallèle au rêve de Nabuchodonosor, 2. Les quatre royaumes qui disparaîtront devant le Fils d’homme correspondent aux quatre métaux de la statue renversée par la pierre mystérieuse, cf. 2.28. Le sens eschatologique profond de cette vision historique est indiqué plus nettement encore par l’usage qu’en fait Ap 13.
v L’empire de Babylone.
w Le royaume des Mèdes : selon les vues historiques du livre, les Mèdes succèdent immédiatement aux Babyloniens. Cf. 6.1.
x Le royaume des Perses.
y Le royaume d’Alexandre (mort en 323) et de ses successeurs. Cf. 2.40 ; 8.5 ; 11.3. Les dix cornes sont des rois de la dynastie séleucide. La « corne » est fréquemment employée comme symbole de force et de puissance, cf. Ps 75.5 ; 89.18 ; 92.11 ; Dt 33.17 ; 1 R 22.11, etc.
8 Tandis que je considérais ses cornes, voici : parmi elles poussa une autre corne, petite ;z trois des premières cornes furent arrachées de devant elle, et voici qu’à cette corne, il y avait des yeux comme des yeux d’homme, et une bouche qui disait de grandes choses !a
z Antiochus IV Épiphane (175-163), qui n’acquit d’importance qu’en se débarrassant d’un certain nombre de ses concurrents.
a Indique à la fois l’éloquence habile et l’arrogance blasphématoire d’Antiochus, cf. v. 25 ; 11.36 ; 1 M 1.21, 24, 45 et Ap 13.5.
9 Tandis que je contemplais :
Des trônes furent placésb
et un Ancien s’assit.
Son vêtement, blanc comme la neige ;
les cheveux de sa tête, purs comme la laine.
Son trône était flammes de feu,
aux roues de feu ardent.
b Les trônes des juges : les saints de Dieu sont appelés à juger avec lui, déjà selon la tradition juive (Hénok) et plus clairement selon les promesses de Jésus, Mt 19.28 ; Lc 22.30 ; Ap 3.21 ; 20.4. Le trône de Dieu avec ses roues, ardent et éblouissant, rappelle le char divin d’Ez 1.
10 Un fleuve de feu coulait,
issu de devant lui.
Mille milliers le servaient,
myriade de myriades, debout devant lui.
Le tribunal était assis,
les livres étaient ouverts.c
c Le livre où s’inscrivent tous les actes humains bons et mauvais. Cf. Jr 1.1 ; Ml 3.16 ; Ps 40.8 ; 56.9 ; Lc 10.20 ; Ap 20.12. L’image est reprise dans le Dies irae . Sur le Livre de Vie, cf. 12.1.
11 Je regardais ; alors, à cause du bruit des grandes choses que disait la corne, tandis que je regardais, la bête fut tuée, son corps détruit et livré à la flamme de feu.
d La survivance des autres empires, d’une durée indéterminée, n’offre plus de danger direct pour la foi, du moment que le Peuple de Dieu ne leur est plus soumis.
13 Je contemplais, dans les visions de la nuit :
Voici, venant sur les nuées du ciel,
comme un Fils d’homme.e
Il s’avança jusqu’à l’Ancien
et fut conduit en sa présence.
e L’araméen bar nasha’ , comme l’hébreu ben ’adam , équivaut d’abord à « homme », cf. Ps 8.5. En Ézéchiel c’est ainsi que Dieu appelle le prophète. Mais l’expression a ici un sens particulier, éminent, dans lequel elle désigne un homme dépassant mystérieusement la condition humaine. Sens personnel, ainsi qu’en font foi les anciens textes juifs apocryphes inspirés de ce passage : Hénok et IV Esdras , comme aussi l’interprétation rabbinique la plus constante, et l’usage qu’en fait Jésus en se l’appliquant à lui-même, cf. Mt 8.20. Mais aussi sens collectif, fondé sur le v. 18 (et le v. 22) où le Fils d’homme s’identifie en quelque façon aux saints du Très-Haut : mais le sens collectif (également messianique) prolonge le sens personnel, le Fils d’homme étant à la fois le chef, le représentant et le modèle du peuple des saints. C’est ainsi que saint Éphrem pensait que la prophétie vise en premier les Juifs (les Maccabées) puis au-delà et d’une manière parfaite, Jésus.
14 À lui fut conféré empire,
honneur et royaume,
et tous peuples, nations et langues le servirent.
Son empire est un empire éternel
qui ne passera point,
et son royaume ne sera point détruit.
15 Moi, Daniel, mon esprit en fut écrasé et les visions de ma tête me troublèrent.f
f Après « Daniel », on supprime avec LXX et Vulg. deux mots araméens incompréhensibles.
g « les saints » pour « le peuple saint », comme en 8.24 ; Ps 34.10 ; Isa 4.3 ; Nb 16.3 ; cf. Ex 19.6.
h On pourrait aussi traduire : « le jugement fut remis aux saints ».
« La quatrième bête
sera un quatrième royaume sur la terre,
différent de tous les royaumes.
Elle mangera toute la terre,
la foulera aux pieds et l’écrasera.
24 Et les dix cornes : de ce royaume,
dix rois se lèveront et un autre se lèvera après eux ;
il sera différent des premiers
et abattra les trois rois ;
25 il proférera des paroles contre le Très-Haut
et mettra à l’épreuve les saints du Très-Haut.
Il méditera de changer les temps et le droit,i
et les saints seront livrés entre ses mains
pour un temps et des temps et un demi-temps.j
i Allusion à la politique d’hellénisation d’Antiochus Épiphane, et notamment à son interdiction du sabbat et des fêtes, cf. 1M 1.41-52.
j Selon 4.13, il faut entendre ici par « temps » une année. Trois ans et demi, la demi-semaine d’années de 9.27, correspondent à peu près à la durée de la persécution d’Antiochus. Ce chiffre exprimé équivalemment par quarante-deux mois (de trente jours) ou 1260 jours, est repris, dans un sens typique, en Ap 11.2-3 ; 12.14 ; 13.5 (et cf. Lc 4.25 et Jc 5.17) : il exprime alors, et dans une perspective constamment présente dans Daniel, une période de calamités permises par Dieu et dont la durée sera limitée pour la consolation des affligés.
26 Mais le tribunal siégera et la domination lui sera ôtée,
détruite et réduite à néant jusqu’à la fin.
27 Et le royaume et l’empire
et les grandeurs des royaumes sous tous les cieux
seront donnés au peuple des saints du Très-Haut.
Son empire est un empire éternel
et tous les empires le serviront et lui obéiront. »
28 Ici finit le récit.
Moi, Daniel, je fus grandement troublé dans mes pensées, ma mine changea et je gardai ces choses dans mon cœur.