7 Yahvé dit à Moïse : « Vois, j’ai fait de toi un dieu pour Pharaon, et Aaron, ton frère, sera ton prophète.
6 Moïse et Aaron firent comme Yahvé leur avait ordonné.
8 Yahvé dit à Moïse et à Aaron :
o Expression consacrée, mais que le texte n’applique vraiment qu’à la dixième plaie ; les neuf premières plaies sont des « prodiges » ou des « signes », comme les « signes » et « prodiges » d’4.1-9, 30 ; 7.9. De même que ces prodiges étaient destinés à accréditer Moïse devant les Israélites et devant le Pharaon, les « plaies » sont destinées à accréditer Yahvé, c’est-à-dire à faire reconnaître son pouvoir par le Pharaon. Les neuf premières plaies se distinguent de la dixième par leur schéma aussi bien que par leur vocabulaire, mais il y a des différences structurales ; elles ne relèvent donc pas seulement de la longueur inégale de la narration respective. Le récit s’achève par le refus définitif du Pharaon que Moïse ne reverra plus, 10.28-29 ; il n’y a plus qu’à s’enfuir. L’histoire se continue par la poursuite des fuyards et le miracle de la mer, 14. Cette tradition de l’Exode-fuite était originairement indépendante de la tradition de la dixième plaie, où les Israélites sont chassés d’Égypte, 12.31-33, cf. 4.21 ; 6.1 ; 11.1. Il y avait d’autres traditions sur ces « signes », cf. Ps 78.43-51 ; 105.27-36, en attendant les développements de Sg 11.14-20 ; 16-18. Comme ces autres présentations, le récit d’7.14—10.29 est lui-même une composition littéraire dont le processus de croissance est complexe ; une bonne partie du texte appartient à des rédactions tardives, la part que l’on peut attribuer aux traditions yahviste et sacerdotale étant réduite (la tradition élohiste n’intervient probablement pas). La tradition sacerdotale a en propre le signe du bâton changé en serpent, 7.8-13, et les plaies III et VI ; des éléments de cette tradition se trouvent dans deux autres narrations. Probablement la tradition yahviste intervient-elle dans quatre plaies (I, II, IV et V), mais une bonne partie du récit actuel a été ajoutée, comme sont ajoutées aussi les plaies où les traditions yahviste et sacerdotale n’interviennent pas. Il y a donc une bonne part d’éléments rédactionnels, mais une rédaction semble être présacerdotale. — Il ne faut pas chercher à justifier ces prodiges par l’astronomie ou les sciences naturelles, mais le récit qui en est fait utilise des phénomènes naturels qui sont connus en Égypte et inconnus en Palestine (le Nil rouge, les grenouilles, le sirocco noir), ou qui sont sont connus en Égypte et en Palestine (les sauterelles), ou encore connus en Palestine mais exceptionnels en Égypte (la grêle). On ne doit retenir que l’intention du récit qui fait éclater aux yeux des Israélites et du Pharaon lui-même la toute-puissance de Yahvé. On peut signaler encore des intentions particulières. Ainsi, dans les prodiges de tradition sacerdotale, les magiciens égyptiens sont vaincus sur leur propre terrain. Au début ils sont capables de faire autant que Moïse et Aaron, 7.11-12, 22 ; 8.3, mais plus tard ils ne peuvent pas réussir le prodige et s’avouent vaincus par le « doigt de Dieu », 8.14-15, ou sont même incapables de se présenter devant Pharaon, 9.11.
p C’est-à-dire son entourage, courtisans et dignitaires.
14 Yahvé dit à Moïse : « Le cœur de Pharaon s’est appesanti et il a refusé de laisser partir le peuple.
q Les vv. 14-15, 16, 18, 23-25 viennent de la tradition yahviste ; le reste vient des rédacteurs.
r La main de Moïse, exécuteur des volontés divines.
19 Yahvé dit à Moïse : « Dis à Aaron : Prends ton bâton et étends la main sur les eaux d’Égypte — sur ses fleuves et sur ses canaux, sur ses marais et sur tous ses réservoirs d’eau — et elles se changeront en sang, et tout le pays d’Égypte sera plein de sang, même les arbres et les pierres. »
26 Yahvé dit à Moïse : « Va trouver Pharaon et dis-lui : Ainsi parle Yahvé : « Laisse partir mon peuple, qu’il me serve. »
s La part de la tradition yahviste se trouve dans les vv. 26-27, 29 (en partie) ; 8.4, 5 (en partie), 6 (en partie), 7a (en partie) et 8-10, 11a (début) ; celle de la tradition sacerdotale en 8.1-3, 11a (fin), 11.