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Bible de Jérusalem – Exode 7

7 Yahvé dit à Moïse : « Vois, j’ai fait de toi un dieu pour Pharaon, et Aaron, ton frère, sera ton prophète. 2 Toi, tu lui diras tout ce que je t’ordonnerai, et Aaron, ton frère, le répétera à Pharaon pour qu’il laisse les Israélites partir de son pays. 3 Pour moi, j’endurcirai le cœur de Pharaon et je multiplierai mes signes et mes prodiges dans le pays d’Égypte. 4 Pharaon ne vous écoutera pas, alors je porterai la main sur l’Égypte et je ferai sortir mes armées, mon peuple, les Israélites, du pays d’Égypte, avec de grands jugements. 5 Ils sauront, les Égyptiens, que je suis Yahvé, quand j’étendrai ma main contre les Égyptiens et que je ferai sortir de chez eux les Israélites. »

6 Moïse et Aaron firent comme Yahvé leur avait ordonné. 7 Moïse était âgé de quatre-vingts ans et Aaron de quatre-vingt-trois ans lorsqu’ils parlèrent à Pharaon.

3. LES PLAIES D’ÉGYPTE.o LA PÂQUE

Le bâton changé en serpent.

8 Yahvé dit à Moïse et à Aaron :

o Expression consacrée, mais que le texte n’applique vraiment qu’à la dixième plaie ; les neuf premières plaies sont des « prodiges » ou des « signes », comme les « signes » et « prodiges » d’4.1-9, 30 ; 7.9. De même que ces prodiges étaient destinés à accréditer Moïse devant les Israélites et devant le Pharaon, les « plaies » sont destinées à accréditer Yahvé, c’est-à-dire à faire reconnaître son pouvoir par le Pharaon. Les neuf premières plaies se distinguent de la dixième par leur schéma aussi bien que par leur vocabulaire, mais il y a des différences structurales ; elles ne relèvent donc pas seulement de la longueur inégale de la narration respective. Le récit s’achève par le refus définitif du Pharaon que Moïse ne reverra plus, 10.28-29 ; il n’y a plus qu’à s’enfuir. L’histoire se continue par la poursuite des fuyards et le miracle de la mer, 14. Cette tradition de l’Exode-fuite était originairement indépendante de la tradition de la dixième plaie, où les Israélites sont chassés d’Égypte, 12.31-33, cf. 4.21 ; 6.1 ; 11.1. Il y avait d’autres traditions sur ces « signes », cf. Ps 78.43-51 ; 105.27-36, en attendant les développements de Sg 11.14-20 ; 16-18. Comme ces autres présentations, le récit d’7.14—10.29 est lui-même une composition littéraire dont le processus de croissance est complexe ; une bonne partie du texte appartient à des rédactions tardives, la part que l’on peut attribuer aux traditions yahviste et sacerdotale étant réduite (la tradition élohiste n’intervient probablement pas). La tradition sacerdotale a en propre le signe du bâton changé en serpent, 7.8-13, et les plaies III et VI ; des éléments de cette tradition se trouvent dans deux autres narrations. Probablement la tradition yahviste intervient-elle dans quatre plaies (I, II, IV et V), mais une bonne partie du récit actuel a été ajoutée, comme sont ajoutées aussi les plaies où les traditions yahviste et sacerdotale n’interviennent pas. Il y a donc une bonne part d’éléments rédactionnels, mais une rédaction semble être présacerdotale. — Il ne faut pas chercher à justifier ces prodiges par l’astronomie ou les sciences naturelles, mais le récit qui en est fait utilise des phénomènes naturels qui sont connus en Égypte et inconnus en Palestine (le Nil rouge, les grenouilles, le sirocco noir), ou qui sont sont connus en Égypte et en Palestine (les sauterelles), ou encore connus en Palestine mais exceptionnels en Égypte (la grêle). On ne doit retenir que l’intention du récit qui fait éclater aux yeux des Israélites et du Pharaon lui-même la toute-puissance de Yahvé. On peut signaler encore des intentions particulières. Ainsi, dans les prodiges de tradition sacerdotale, les magiciens égyptiens sont vaincus sur leur propre terrain. Au début ils sont capables de faire autant que Moïse et Aaron, 7.11-12, 22 ; 8.3, mais plus tard ils ne peuvent pas réussir le prodige et s’avouent vaincus par le « doigt de Dieu », 8.14-15, ou sont même incapables de se présenter devant Pharaon, 9.11.

9 « Si Pharaon vous dit d’accomplir un prodige, tu diras à Aaron : Prends ton bâton, jette-le devant Pharaon, et qu’il se change en serpent. » 10 Moïse et Aaron allèrent trouver Pharaon et firent comme l’avait ordonné Yahvé. Aaron jeta son bâton devant Pharaon et ses serviteurs,p et il se changea en serpent.

p C’est-à-dire son entourage, courtisans et dignitaires.

11 Pharaon à son tour convoqua les sages et les enchanteurs, et, avec leurs sortilèges, les magiciens d’Égypte en firent autant. 12 Ils jetèrent chacun son bâton qui se changea en serpent, mais le bâton d’Aaron engloutit leurs bâtons. 13 Cependant le cœur de Pharaon s’endurcit et il ne les écouta pas, comme l’avait prédit Yahvé.

I. L’eau changée en sang.q

14 Yahvé dit à Moïse : « Le cœur de Pharaon s’est appesanti et il a refusé de laisser partir le peuple.

q Les vv. 14-15, 16, 18, 23-25 viennent de la tradition yahviste ; le reste vient des rédacteurs.

15 Va, demain matin, trouver Pharaon, à l’heure où il se rend au bord de l’eau et tiens-toi à l’attendre sur la rive du Fleuve. Tu prendras en main le bâton qui s’est changé en serpent. 16 Tu lui diras : Yahvé, le Dieu des Hébreux, m’a envoyé vers toi pour te dire : « Laisse partir mon peuple, qu’il me serve dans le désert. » Jusqu’à présent tu n’as pas écouté. 17 Ainsi parle Yahvé : En ceci tu sauras que je suis Yahvé. Du bâton que j’ai en main,r je vais frapper les eaux du Fleuve et elles se changeront en sang.

r La main de Moïse, exécuteur des volontés divines.

18 Les poissons du Fleuve crèveront, le Fleuve s’empuantira, et les Égyptiens ne pourront plus boire l’eau du Fleuve. »

19 Yahvé dit à Moïse : « Dis à Aaron : Prends ton bâton et étends la main sur les eaux d’Égypte — sur ses fleuves et sur ses canaux, sur ses marais et sur tous ses réservoirs d’eau — et elles se changeront en sang, et tout le pays d’Égypte sera plein de sang, même les arbres et les pierres. » 20 Moïse et Aaron firent comme l’avait ordonné Yahvé. Il leva son bâton et il frappa les eaux qui sont dans le Fleuve aux yeux de Pharaon et de ses serviteurs, et toutes les eaux qui sont dans le Fleuve se changèrent en sang. 21 Les poissons du Fleuve crevèrent et le Fleuve s’empuantit ; et les Égyptiens ne purent plus boire l’eau du Fleuve ; il y eut du sang dans tout le pays d’Égypte. 22 Mais les magiciens d’Égypte avec leurs sortilèges en firent autant ; le cœur de Pharaon s’endurcit et il ne les écouta pas, comme l’avait prédit Yahvé. 23 Pharaon s’en retourna et rentra dans sa maison sans même prêter attention à cela. 24 Tous les Égyptiens firent des sondages aux abords du Fleuve en quête d’eau potable, car ils ne pouvaient boire l’eau du Fleuve. 25 Sept jours s’écoulèrent après que Yahvé eut frappé le Fleuve.

II. Les grenouilles.s

26 Yahvé dit à Moïse : « Va trouver Pharaon et dis-lui : Ainsi parle Yahvé : « Laisse partir mon peuple, qu’il me serve. »

s La part de la tradition yahviste se trouve dans les vv. 26-27, 29 (en partie) ; 8.4, 5 (en partie), 6 (en partie), 7a (en partie) et 8-10, 11a (début) ; celle de la tradition sacerdotale en 8.1-3, 11a (fin), 11.

27 Si tu refuses, toi, de le laisser partir, moi je vais infester de grenouilles tout ton territoire. 28 Le Fleuve grouillera de grenouilles, elles monteront et entreront dans ta maison, dans la chambre où tu couches, sur ton lit, dans les maisons de tes serviteurs et de ton peuple, dans tes fours et dans tes huches. 29 Les grenouilles grimperont même sur toi, sur ton peuple et sur tous tes serviteurs. »

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