7 La vie est rude pour les hommes sur la terre :
ils ont la condition d'un travailleur de force,
2 d'un esclave au soleil, qui voudrait un peu d'ombre,
ou d'un pauvre ouvrier, qui attend qu'on le paie.
3 Tel est aussi mon sort : des mois de déception,
et des nuits de tourments ; c'est ce que j'ai gagné.
4 Dès que je suis couché, je commence à me dire :
« Quand me lèverai-je ? » Le soir n'en finit pasz.
Je n'en peux plus de m'agiter jusqu'à l'aurore.
5 J'ai le corps recouvert de vermine et de croûtes,
et ma peau écorchée n'est que plaies purulentes.
6 Ma vie aura passé
plus vite que la navettea d'un tisserand,
elle touche à sa fin
quand le fil de l'espoir est arrivé au bout.
*
7 O Dieu, ne l'oublie pas, ma vie tient à un souffle,
mes yeux ne reverront plus jamais le bonheur.
8 Toi qui veillais sur moi, tu ne me verras plus ;
tu me regarderas, je ne serai plus là.
9 Comme un nuage se dissipe et disparaît,
on descend chez les morts pour n'en plus remonter.
10 Celui qui part ainsi ne revient plus chez lui,
et là où il vivait, on l'oubliera bientôt.
11 Alors je ne veux plus me taire davantage ;
j'ai l'esprit en détresse, il faut donc que je parle.
Mon cœur est trop amer, j'exprimerai ma plainte.
12 Toi, pourquoi me fais-tu surveiller de si près :
serais-je l'Océan ou le Monstre marinb ?
13 Quand je me mets au lit en espérant trouver
quelque soulagement ou quelque apaisement,
14 tu viens me terroriser par des cauchemars ;
ce que tu me fais voir me jette dans l'angoisse.
15 Ah, si tu m'étranglais, j'aimerais mieux cela !
Je préfère mourir,
plutôt qu'être réduit à l'état de squelettec.
16 Je n'en peux plus, je ne durerai pas toujours.
Ma vie tient à un rien, laisse-moi donc tranquille.
*
17 Pourquoi donner tant d'importance à un humain ?
Oui, pourquoi le prends-tu tellement au sérieuxd,
18 et viens-tu l'inspecter matin après matin ?
Pourquoi à chaque instant le mets-tu à l'épreuve ?
19 Quand donc cesseras-tu de t'occuper de moi ?
Quand me laisseras-tu avaler ma salive ?
20 Si je me suis rendu coupable à ton égard,
que t'ai-je fait, dis-moi, inspecteur des humains ?
Pourquoi fais-tu de moi une cible pour toi ?
Serais-je devenu une charge pour toie ?
21 Pourquoi refuses-tu de supporter ma faute,
de pardonner mes torts ?
Me voilà maintenant couché dans la poussière ;
quand tu me chercheras, je ne serai plus là.