7 Le sort de l'homme sur la terre n'est-il pas celui d'un soldat,
et ses jours ceux d'un salarié ? [celui d'un soldat : autre traduction un service militaire, comme en 14.14 ; le mot est habituellement traduit par armée.]
2 Comme l'esclave aspire à l'ombre,
comme le salarié espère sa paye, [Cf. Lv 19.13 ; Dt 24.15 ; Mt 20.8. – sa paye : litt. son action, c.-à-d. le produit de son travail.]
3 moi, j'ai pour patrimoine des mois de malheur,
j'ai pour mon compte des nuits de peine. [Ec 2.23. – des mois : litt. des lunes ; cf. 3.6n. – de malheur : autres traductions d'illusion ; inutiles ; même terme en 11.11 (faux) ; 15.31 ; 31.5 ; 35.13 ; Ps 89.48.]
4 Lorsque je me couche, je dis :
Quand me lèverai-je ?
Le soir se prolonge,
et je suis rassasié d'agitation jusqu'à l'aube. [Quand me lèverai-je... : LXX quand viendra le jour ? Et lorsque je me lève : Quand reviendra le soir ? Cf. Dt 28.67. – aube : le mot pourrait aussi désigner le crépuscule du soir.]
5 Mon corps se couvre de vers et d'une croûte terreuse,
ma peau se crevasse et se décompose. [19.20. – se crevasse : autre traduction se sclérose. – se décompose : cf. v. 16n.]
6 Mes jours sont plus rapides que la navette du tisserand ;
ils s'achèvent : plus d'espoir ! [rapides 9.25. – s'achèvent ou se dissipent, comme au v. 9. Le mot traduit par espoir désigne aussi un fil tendu, d'où l'autre traduction possible : ils cessent faute de fil, comme une navette de tisserand (voir 6.9n).]
7 Souviens-toi que ma vie est un souffle !
Mes yeux ne reverront pas le bonheur. [V. 16 ; 8.9 ; 10.20 ; 14.1s,5 ; Ps 78.39 ; 89.48 ; Ec 6.12.]
8 L'œil qui me regarde ne m'apercevra plus ;
tes yeux me chercheront, et je ne serai plus. [me chercheront : litt. (seront) sur moi ; cf. 14.10.]
9 La nuée se dissipe, elle s'en va ;
ainsi celui qui descend au séjour des morts n'en remontera pas ; [10.21 ; 14.12 ; 16.22 ; Jc 4.14. Cf. Sagesse 1.16–2.4 : « Mais les impies ont invité l'Hadès du geste et de la voix, s'éprenant d'amitié pour lui, ils se sont pâmés, puis ils ont conclu un pacte avec lui. Aussi bien méritent-ils d'être de son parti. Car ils se disent entre eux, avec de faux raisonnements : Elle est courte et triste notre vie ; il n'y a pas de remède quand l'homme touche à sa fin et personne, à notre connaissance, n'est revenu de l'Hadès. Nous sommes nés à l'improviste et après, ce sera comme si nous n'avions pas existé. Le souffle dans nos narines n'est qu'une fumée, la pensée, une étincelle qui jaillit au battement de notre cœur. Qu'elle s'éteigne, le corps se résoudra en cendre et le souffle se dissipera comme l'air fluide. Notre nom sera oublié avec le temps et personne ne se rappellera nos actions. Notre vie aura passé comme un nuage, sans plus de traces, elle se dissipera telle la brume chassée par les rayons du soleil. » – Voir séjour des morts.]
10 il ne reviendra plus chez lui,
et le lieu qu'il habitait ne le reconnaîtra plus. [8.18 ; 20.9 ; Ps 103.15s.]
11 C'est pourquoi je ne retiendrai pas ma bouche,
je parlerai dans ma détresse,
je me plaindrai dans mon amertume. [je parlerai 9.35 ; 10.1 ; 13.3,13 ; 23.4,7. – dans ma détresse... : litt. dans la détresse de mon esprit... dans l'amertume de mon âme ; sur cette dernière expression, cf. 21.25 ; 27.2.]
12 Suis-je une mer, ou un dragon,
pour que tu postes une garde contre moi ? [mer 9.8 ; 26.12n ; 38.8,11 (voir aussi 3.8n) ; cf. Gn 1.6-8. Selon un mythe babylonien, Mardouk, après avoir terrassé le dragon ou monstre marin (Gn 1.21n ; Es 27.1n), l'emprisonne et le confie à des gardes.]
13 Quand je dis : Mon lit me consolera,
ma couche calmera ma plainte, [calmera ma plainte : litt. portera (ou m'aidera à porter) ma plainte, tournure analogue en Nb 11.17.]
14 alors tu me terrifies par des rêves,
tu me remplis d'effroi par des visions. [Cf. 4.13+. – terrifies... effroi : voir crainte.]
15 Je préférerais être étranglé ;
la mort plutôt que ces os ! [Je préférerais... : litt. ma vie (ou ma gorge, voir Gn 1.20n) a choisi l'étranglement ; en modifiant la vocalisation traditionnelle du texte hébreu, certains traduisent tu as choisi l'étranglement de ma gorge. Sur le souhait de la mort, voir 3.21+ ; 6.9+ ; sur la strangulation ou pendaison, cf. 2S 17.23 ; Mt 27.5//. – plutôt que ces os : litt. que mes os ; d'autres comprennent mes os souhaitent la mort ; certains modifient le texte hébreu traditionnel pour lire la mort plutôt que mes douleurs.]
16 Je renonce ! Je ne vivrai pas toujours...
Laisse-moi, mes jours s'évaporent. [V. 7+. – Je renonce : le même verbe, habituellement traduit par rejeter ou mépriser (cf. 5.17 ; 8.20 ; 9.21 ; 10.3 ; 19.18 ; 30.1 ; 31.13), revient sans complément, comme ici, en 34.33 ; 36.5 ; 42.6n. Une autre forme du même verbe (ou d'un homonyme) est traduite par se décomposer en 7.5 ; certains, ici, modifient le texte hébreu traditionnel pour lire je dépéris. – s'évaporent : litt. (sont) une vapeur ou une futilité ; sur le mot hébreu ainsi traduit, voir Gn 4.2n ; Ps 39.6 ; Ec 1.2+.]
17 Qu'est-ce que l'homme,
pour que tu en fasses tant de cas,
pour que tu te soucies de lui, [pour que tu soucies de lui : litt. et que tu mettes sur lui ton cœur ; cf. Ps 8.5n ; 144.3.]
18 que tu t'occupes de lui chaque matin,
que tu l'éprouves à chaque instant ? [33.11 ; 34.23 ; Ps 73.14 ; 139. – l'éprouves : le verbe hébreu peut évoquer la purification des métaux ; on le retrouve en 23.10 ; 34.36 et en 12.11 ; 34.3 (discerner) ; ailleurs il est souvent traduit par sonder (Ps 7.10+).]
19 Quand cesseras-tu d'avoir le regard sur moi ?
Quand me laisseras-tu le temps d'avaler ma salive ? [9.18 ; 10.20 ; 14.6 ; Ps 39.14.]
20 Si j'ai péché, qu'ai-je pu te faire, gardien des humains ?
Pourquoi m'as-tu pris pour cible ?
En quoi te suis-je à charge ? [Voir péché. – qu'ai-je pu te faire 35.6 ; Jr 7.18s. – cible : cf. 6.4+. – En quoi te suis-je à charge ? d'après une tradition des scribes, la deuxième personne originelle (te suis-je) a été modifiée en première personne dans les manuscrits (me suis-je) par révérence envers Dieu.]
21 Que ne pardonnes-tu pas ma transgression,
que ne laisses-tu passer ma faute ?
Car maintenant je vais me coucher dans la poussière ;
tu me chercheras, et je ne serai plus. [10.14. – ne pardonnes-tu pas : autres traductions n'enlèves-tu pas ; ne supportes-tu pas ; ne te charges-tu pas de (terme apparenté au v. 20) ; cf. Ex 10.17n ; 34.7n.]