Vigouroux – Luc 7
Guérison du serviteur du centurion. Résurrection du fils de la veuve de Naïm. Saint Jean députe deux de ses disciples vers Jésus-Christ. Eloge de saint Jean. Jésus-Christ et saint Jean rejetés par les Juifs. Pécheresse qui parfume les pieds de Jésus-Christ.
7 Lorsqu’il eut achevé de faire entendre au peuple toutes ces paroles, il entra dans Capharnaüm. [7.2 Un centurion. Voir Matthieu, 8, 5.]2 Or un centurion avait un serviteur malade et sur le point de mourir, qui lui était très cher. 3 Et ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya quelques anciens des Juifs, Le priant de venir et de guérir son serviteur. [7.3 Les anciens d’entre les Juifs, ceux qui étaient à la tête de l’administration de la ville. C’est le seul endroit des Evangiles où le titre d’anciens ne désigne pas des membres du sanhédrin.]4 Ceux-ci, étant venus auprès de Jésus, le priaient avec instance, en lui disant : Il mérite que vous lui accordiez cela ; 5 car il aime notre nation, et il nous a lui-même bâti une synagogue. [7.5 Une synagogue. Voir Matthieu, 4, 23.]6 Et Jésus allait avec eux. Et comme il n’était plus guère éloigné de la maison, le centurion lui envoya de ses amis, pour lui dire : Seigneur, ne prenez pas tant de peine, car je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit. [7.6 Voir Matthieu, 8, 8.]7 C’est pour cela que je ne me suis pas cru digne de venir moi-même auprès de vous ; mais dites un mot, et mon serviteur sera guéri. 8 Car moi, qui suis un homme soumis à des chefs, j’ai sous moi des soldats ; et je dis à l’un : Va, et il va ; et à l’autre : Viens, et il vient ; et à mon serviteur : Fais ceci, et il le fait. 9 Ayant entendu ces paroles, Jésus fut dans l’admiration ; et se tournant vers les foules qui le suivaient, il dit : En vérité, je vous le dis, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi. 10 De retour à la maison, ceux que le centurion avait envoyés trouvèrent guéri le serviteur qui avait été malade. 11 Il arriva ensuite que Jésus allait dans une ville appelée Naïm ; et ses disciples allaient avec lui, ainsi qu’une foule nombreuse. [7.11 Naïm, aujourd’hui Nain, est situé sur le versant nord-ouest du petit Hermon (Djébel-el-Dûhy), au point où le terrain s’incline vers la plaine d’Esdrelon. On jouit de là d’une belle vue sur la plaine et sur les montagnes de Nazareth. A l’ouest du village, on remarque un grand nombre de tombeaux creusés dans le roc.]12 Et comme il approchait de la porte de la ville, voici qu’on emportait un mort, fils unique de sa mère, et celle-ci était veuve ; et il y avait avec elle beaucoup de personnes de la ville. [7.12 Naïm était enfermé dans des murs et avait une porte, comme la plupart des villes et bourgs de Palestine qui avaient besoin d’être à l’abri d’une surprise de la part des Bédouins pillards.]13 Lorsque le Seigneur l’eut vue, touché de compassion pour elle, il lui dit : Ne pleure pas. 14 Puis il s’approcha, et toucha le cercueil. Ceux qui le portaient s’arrêtèrent. Et il dit : Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. 15 Et le mort se mit sur son séant, et commença à parler. Et Jésus le rendit à sa mère. 16 Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu, en disant : Un grand prophète a surgi parmi nous, et Dieu a visité son peuple. [7.16 Voir Luc, 24, 19 ; Jean, 4, 19.]17 Et le bruit de ce miracle se répandit dans toute la Judée, et dans tout le pays d’alentour. 18 Les disciples de Jean lui rapportèrent toutes ces choses. 19 Et Jean appela deux de ses disciples, et les envoya vers Jésus, pour lui dire : Etes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? [7.19 Voir Matthieu, 11, 2.]20 Ces hommes, étant venus auprès de Jésus, lui dirent : Jean-Baptiste nous a envoyés vers vous, pour vous dire : Etes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? 21 A cette heure même, il guérit beaucoup de personnes qui avaient des maladies, et des plaies, et des esprits mauvais, et il rendit la vue à de nombreux aveugles. 22 Puis, leur répondant, il dit : Allez, et rapportez à Jean ce que vous avez entendu et ce que vous avez vu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, l’Evangile est annoncé aux pauvres ; [7.22 Voir Isaïe, 35, 5.]23 et bienheureux est celui qui ne sera pas scandalisé en moi. 24 Lorsque les envoyés de Jean furent partis, il se mit à dire aux foules, au sujet de Jean : Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ? Un roseau agité par le vent ? 25 Mais qu’êtes-vous allés voir ? Un homme vêtu avec mollesse ? Ceux qui portent des vêtements précieux et qui vivent dans les délices sont dans les maisons des rois. 26 Qu’êtes-vous donc allés voir ? Un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète. 27 C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon ange devant ta face, et il préparera ton chemin devant toi. [7.27 Voir Malachie, 3, 1 ; Matthieu, 11, 10 ; Marc, 1, 2.]28 Car, je vous le dis, parmi ceux qui sont nés des femmes, nul n’est plus grand prophète que Jean-Baptiste. Mais celui qui est le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui. 29 Tout le peuple qui l’a entendu, et les publicains, ont justifié Dieu, en se faisant baptiser du baptême de Jean. 30 Mais les pharisiens et les docteurs de la loi ont méprisé le dessein de Dieu à leur égard, en ne se faisant pas baptiser par Jean. 31 Le Seigneur ajouta : A qui donc comparerai-je les hommes de cette génération, et à qui sont-ils semblables ? [7.31 Voir Matthieu, 11, 16.]32 Ils sont semblables à des enfants assis sur la place publique, et qui, se parlant les uns aux autres, disent : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé ; nous avons chanté des airs lugubres, et vous n’avez pas pleuré. 33 Car Jean-Baptiste est venu, ne mangeant pas de pain, et ne buvant pas de vin ; et vous dites : Il est possédé du démon. [7.33 Voir Matthieu, 3, 4 ; 11, 18 ; Marc, 1, 6.]34 Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant ; et vous dites : Voici un homme de bonne chère et un buveur de vin, un ami des publicains et des pécheurs. 35 Mais la sagesse a été justifiée par tous ses enfants. 36 Or un pharisien pria Jésus de manger avec lui. Et étant entré dans la maison du pharisien, il se mit à table. [7.36 Un des pharisiens. Simon le lépreux. Voir Matthieu, 26, 6.]37 Et voici qu’une femme, qui était une pécheresse dans la ville, ayant su qu’il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d’albâtre rempli de parfum ; [7.37 Voir Matthieu, 26, 7 ; Marc, 14, 3 ; Jean, 12, 3. ― Une femme. Marie-Madeleine. Voir Matthieu, 27, 56.]38 et se tenant derrière lui, à ses pieds, elle se mit à arroser ses pieds de ses larmes, et elle les essuyait avec les cheveux de sa tête, et elle baisait ses pieds et les oignait de parfum. 39 Voyant cela, le pharisien qui l’avait invité dit en lui-même : Si cet homme était prophète, il saurait certainement qui et de quelle espèce est la femme qui le touche ; car c’est une pécheresse. 40 Et Jésus, prenant la parole, lui dit : Simon, j’ai quelque chose à te dire. Il répondit : Maître, dites. 41 Un créancier avait deux débiteurs : l’un devait cinq cents deniers, et l’autre cinquante. 42 Comme ils n’avaient pas de quoi les rendre, il leur remit à tous deux leur dette. Lequel donc l’aimera davantage ? 43 Simon répondit : Je pense que c’est celui auquel il a remis davantage. Jésus lui dit : Tu as bien jugé. 44 Et se tournant vers la femme, il dit à Simon : Tu vois là cette femme ? Je suis entré dans ta maison : tu ne m’as pas donné d’eau pour mes pieds ; mais elle a arrosé mes pieds des ses larmes, et elle les a essuyés avec ses cheveux. 45 Tu ne m’as pas donné de baiser ; mais elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé de baiser mes pieds. 46 Tu n’as pas oint ma tête d’huile ; mais elle, elle a oint mes pieds de parfum. 47 C’est pourquoi, je te le dis, beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu’elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui on remet moins, aime moins. 48 Alors il dit à cette femme : Tes péchés te sont remis. [7.48 Voir Matthieu, 9, 2.]49 Et ceux qui étaient à table avec lui commencèrent à dire en eux-mêmes : Quel est celui-ci, qui remet même les péchés ? 50 Et il dit à la femme : Ta foi t’a sauvée ; va en paix.