Nouvelle Bible Segond – Marc 7
Jésus met en question la tradition
Mt 15.1-20
7 Les pharisiens et quelques scribes venus de Jérusalem se rassemblent autour de lui. [scribes (2.6+) venus de Jérusalem 3.22 ; voir aussi pharisiens.]2 Ils voient quelques-uns de ses disciples manger avec des mains souillées, c'est-à-dire non lavées. [Cf. Lc 11.38//. – Ils voient... : litt. ayant vu..., dans le texte la phrase continue au v. 5, après la parenthèse des v. 3s. – manger : litt. manger les pains (comme en 6.44), cf. 3.20n. – souillées : autre traduction profanes ; le mot (de même dans la suite) signifie aussi commun(es) ; il s'agit évidemment ici d'impureté rituelle (voir pur, impur) et non de malpropreté. Un papyrus égyptien du IVe s. apr. J.-C. (Oxyrhynque 840) porte le texte suivant, qui date peut-être du IIe s. : « Il les prit avec lui et entra jusque dans le parvis des purs ; et il allait et venait dans le Temple. Un pharisien, archiprêtre, du nom de Lévi, s'avança, les rejoignit et dit au Sauveur : “Qui t'a permis de fouler ce parvis des purs et de porter tes regards sur ces vases sacrés sans t'être baigné ? et alors que tes disciples ne se sont même pas lavés les pieds ! Au contraire, c'est souillé que tu as foulé ce Temple, ce Lieu de pureté, alors que personne, à moins qu'il ne se soit baigné et n'ait changé de vêtements, ne le foule et n'ose en regarder les vases sacrés.” Aussitôt le Sauveur s'arrêta avec ses disciples et lui répondit : “Et toi donc qui es ici, dans le Temple, es-tu pur ?” L'autre lui dit : “Je suis pur. Car je me suis baigné dans le bassin de David, je suis descendu par un des escaliers et remonté par l'autre, j'ai revêtu des vêtements blancs et purs, et alors seulement je suis venu contempler ces vases sacrés.” Le Sauveur lui répondit ainsi : “Malheur à vous, aveugles qui ne voyez rien ! Tu t'es baigné dans ces eaux d'égout, où chiens et porcs se sont vautrés nuit et jour. En faisant tes ablutions, tu as nettoyé cette peau du dehors, que les courtisanes et les joueuses de flûte, elles aussi, parfument, baignent, nettoient et parent pour exciter la convoitise des hommes ; mais à l'intérieur elles sont pleines de scorpions et de toute sorte de malice. Quant à moi et à mes disciples, nous qui, dis-tu, ne serions pas passés par le bain, nous sommes passés par le bain dans les eaux vives et pures...” »]3 – Or les pharisiens et tous les Juifs ne mangent pas sans s'être soigneusement lavé les mains, parce qu'ils sont attachés à la tradition des anciens. [soigneusement : traduction incertaine ; on a aussi compris jusqu'au poignet ou jusqu'au coude ; le terme grec fait probablement allusion à un geste rituel. – la tradition (Mt 15.2n) des anciens (certains ont vu dans cet emploi du terme ancien un titre équivalent à scribe ; d'autres y voient une référence plus vague aux générations d'autrefois) régissait l'application de la loi de Moïse ; elle a longtemps été transmise oralement avant d'être consignée dans le Talmud ; voir aussi Juifs.]4 Et, quand ils reviennent de la place publique, ils ne mangent qu'après avoir fait les ablutions rituelles. Ils sont encore attachés à beaucoup d'autres observances traditionnelles, comme le bain rituel des coupes, des cruches, des vases de bronze et des sièges. – [après avoir fait les ablutions rituelles : le verbe grec correspondant a donné notre verbe baptiser, et il est le plus souvent employé dans ce sens (1.4ss) ; certains mss portent après avoir fait les aspersions (rituelles). – le bain rituel : litt. les bains rituels, terme apparenté à celui qui est traduit par baptême en 1.4n (voir Hé 6.2n) ; cf. Mt 23.25//. – et des sièges : litt. et des lits (comme au v. 30 ; on mangeait étendu sur une couche) ; les mots correspondants ne figurent que dans certains mss.]5 Les pharisiens et les scribes lui demandent : Pourquoi tes disciples mangent-ils avec des mains souillées, au lieu de suivre la tradition des anciens ?[mangent : litt. mangent le pain. – souillées v. 2n.]
6 Il leur dit : Esaïe a bien parlé en prophète sur vous, hypocrites, comme il est écrit :
Ce peuple m'honore des lèvres,
mais son cœur est très éloigné de moi ; [Es 29.13 ; Mt 15.7n ; voir aussi prophète et cœur.]
7 c'est en vain qu'ils me rendent un culte,
eux qui enseignent comme doctrines
des commandements humains. [rendent un culte : voir Ac 13.43n. – doctrines ou enseignements ; cf. Col 2.22 ; ; voir aussi loi.]
8 Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous vous attachez à la tradition des humains. 9 Il leur disait : Vous rejetez bel et bien le commandement de Dieu pour établir votre tradition. [établir : autre traduction maintenir ; certains mss portent garder (ou observer).]10 Car Moïse a dit : Honore ton père et ta mère, et : Celui qui parle en mal de son père ou de sa mère sera mis à mort. [Honore... 10.19 ; Ex 20.12 ; Dt 5.16 ; Ep 6.2. – Celui qui parle en mal de (autres traductions qui insulte, qui maudit)... Ex 21.17 ; Lv 20.9. Voir bénédiction, malédiction.]11 Mais vous, vous dites : Si un homme dit à son père ou à sa mère : « Ce que j'aurais pu te donner pour t'assister est korbân – un présent sacré », [korbân : transcription en grec du mot hébreu ou araméen qorbân (3.17n), qui signifie offrande ou présent (voir Lv 1.2n ; Mt 27.6n) ; c'était devenu un terme technique désignant une offrande qui, une fois consacrée à Dieu, ne pouvait plus servir à un usage profane (l'adjectif sacré explicite un sous-entendu du texte ; voir saint).]12 – vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère ; [Les biens qu'on avait promis de donner au temple ne pouvaient plus servir à aucun autre usage ; cf. Ecrit de Damas (Qumrân) 16.13s : « Qu'on ne voue à l'autel rien d'illégalement acquis... Qu'on ne consacre pas la nourriture de sa maison à Dieu ; car c'est ce qu'Il a dit : Ils se font la chasse l'un à l'autre par l'anathème. »]13 vous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous avez transmise. Et vous faites bien d'autres choses semblables.[que vous avez transmise : verbe apparenté au mot traduit par tradition (Mt 15.2n) ; à ce dernier certains mss ajoutent le qualificatif folle (ou stupide).]
Mt 15.10-20
14 Il appela encore la foule et se mit à dire : Ecoutez-moi tous et comprenez. [se mit à dire : litt. leur disait.]15 Il n'y a rien au dehors de l'être humain qui puisse le souiller en entrant en lui. C'est ce qui sort de l'être humain qui le souille. [ [Mt 23.25//.]16 ][Certains mss ajoutent : Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende (cf. 4.9,23 ; Mt 11.15+).]
17 Lorsqu'il fut rentré à la maison, loin de la foule, ses disciples l'interrogèrent sur cette parabole. [parabole : cf. 4.2+,11n.]18 Il leur dit : Etes-vous donc sans intelligence, vous aussi ? Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui, du dehors, entre dans l'être humain ne peut le souiller ? [sans intelligence Mt 15.16n. – Evangile selon Thomas 14 : « Jésus a dit : “Si vous jeûnez, vous vous attribuerez un péché ; si vous priez, vous serez condamnés ; si vous donnez l'aumône, vous nuirez à votre esprit. Et lorsque vous allez dans n'importe quel pays et que vous marchez dans les villages, si on vous reçoit, mangez ce qu'on mettra devant vous, et soignez les habitants qui sont malades ; car ce qui entre dans votre bouche ne vous souillera pas, mais ce qui sort de votre bouche, c'est cela qui vous souillera.” »]19 Car cela n'entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, avant de s'en aller aux latrines. Ainsi il purifiait tous les aliments. [Ainsi il purifiait : litt. purifiant ; autre traduction ainsi il déclarait purs tous les aliments ; cf. Ac 10.15n ; Ga 2.12 ; Tt 1.15.]20 Et il disait : C'est ce qui sort de l'être humain qui le souille. 21 Car c'est du dedans, du cœur des gens, que sortent les raisonnements mauvais : inconduites sexuelles, vols, meurtres, [Cf. Rm 1.29+ ; voir aussi cœur. – inconduites sexuelles Mt 5.32n.]22 adultères, avidités, méchancetés, ruse, débauche, regard mauvais, calomnie, orgueil, déraison. [méchancetés : un terme apparenté est traduit par mauvais(es) dans la suite. – débauche : cf. Rm 13.13 ; 2Co 12.21 ; Ga 5.19 ; Ep 4.19 ; 1P 4.3 ; 2P 2.2,7,18 ; Jd 4. – regard mauvais : litt. œil mauvais, expression qui évoque habituellement l'envie, l'avarice, cf. Mt 6.23n. – calomnie ou blasphème, le mot grec peut avoir l'un ou l'autre sens, cf. 3.28s ; 15.29n. – déraison ou folie (même terme 2Co 11.1n) : le terme peut avoir dans la Bible une connotation morale et spirituelle (voir Ps 14.1).]23 Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et souillent l'être humain.[choses mauvaises ou méchancetés.]
En pays non juif : la foi d'une femme syro-phénicienne
Mt 15.21-28
24 Il partit de là et s'en alla dans le territoire de Tyr. Il entra dans une maison ; il voulait que personne ne le sache, mais il ne put rester caché. [partit : litt. se leva. – dans le territoire de Tyr : certains mss ajoutent et de Sidon (v. 31n ; 3.8n) ; c'est une région peuplée en majorité de non-Juifs (cf. 1R 17.8-24).]25 Car une femme dont la fille avait un esprit impur entendit aussitôt parler de lui et vint se jeter à ses pieds. [la fille ou la petite fille, cf. v. 27n ; 5.23n. – avait (3.22n) un esprit impur (voir pur, impur) 1.23n. – se jeter à ses pieds 5.22+.]26 Cette femme était grecque, d'origine syro-phénicienne. Elle lui demandait de chasser le démon de sa fille. [grecque au sens très général de non juive (Rm 1.14n). – syro-phénicienne : la Phénicie (cf. 3.8n) était incluse dans la province romaine de Syrie. – chasser le démon 3.15+. – de sa fille : litt. hors de sa fille.]27 Il lui disait : Laisse d'abord les enfants se rassasier, car ce n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux chiens. [d'abord : cf. Rm 1.16. – chiens : autre traduction petits chiens ; le grec emploie un diminutif, qui pourrait désigner les chiens domestiques admis dans les maisons par opposition aux chiens des rues ou aux chiens de ferme ; mais les diminutifs de ce genre, particulièrement fréquents dans le grec de Mc, n'ont pas toujours une nuance précise (cf. 5.23n ; 8.7 ; 9.36n ; 10.13n), et il ne faut sans doute pas interpréter celui-ci comme un adoucissement de la parole de Jésus. Peut-être la formule fait-elle allusion à une façon dont les Juifs désignaient les non-Juifs (voir aussi Mt 7.6).]28 Mais elle lui répond : Seigneur, les chiens sous la table mangent bien les miettes des enfants... [Seigneur... ou, d'après certains mss : C'est vrai, Seigneur... mais les chiens... ; cf. Lc 16.21.]29 Il lui dit : A cause de cette parole, va : le démon est sorti de ta fille. 30 Quand elle rentra chez elle, elle trouva l'enfant étendue sur le lit : le démon était sorti.[Cf. Jn 4.50ss.]
En pays non juif : Jésus guérit un sourd-muet
Mt 15.29-31
31 Il sortit du territoire de Tyr et revint par Sidon vers la mer de Galilée, en traversant le territoire de la Décapole. [de Tyr... : certains mss portent de Tyr et de Sidon, et il revint vers la mer ; cf. v. 24n ; 3.8n. – Décapole 5.1n,20+.]32 On lui amène un sourd qui a de la difficulté à parler, et on le supplie de poser la main sur lui. [Cf. 8.22-26. – un sourd qui a de la difficulté à parler (ou un sourd bègue) : les termes grecs correspondants sont ceux qui traduisent les mots hébreux rendus par sourd et muet en Es 35.5s (LXX). – poser la main sur lui : cf. 5.23 ; Mt 9.18n.]33 Il l'emmena à l'écart de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, cracha et lui toucha la langue avec sa salive ; [Cf. 1.41+ ; 8.23+. – cracha : cf. 8.23. – avec sa salive : sous-entendu dans le texte.]34 puis il leva les yeux au ciel, soupira et dit : Ephphatha – Ouvre-toi ! [leva les yeux 6.41 ; Mt 14.19 ; Jn 11.41+. – soupira 8.12+. – Ephphatha : transcription, puis traduction (Ouvre-toi !) en grec d'un mot araméen (3.17n).]35 Aussitôt ses oreilles s'ouvrirent, sa langue se délia ; il parlait correctement. [Aussitôt : le terme correspondant est absent de certains mss. – sa langue se délia : litt. le lien de sa langue se dénoua, cf. Lc 13.16.]36 Jésus leur recommanda de n'en rien dire à personne, mais plus il le leur recommandait, plus ils proclamaient la nouvelle. [Cf. 1.25+,44-45n. – Jésus... : litt. il leur recommanda. – plus ils proclamaient la nouvelle : litt. plus ils proclamaient.]37 En proie à l'ébahissement le plus total, ils disaient : Il fait tout à merveille ! Il fait même entendre les sourds et parler les muets. [ébahissement 1.22+. – Il fait même entendre les sourds et parler les muets (ou, selon certains mss, des muets) ; cf. Es 35.5s ; Mt 11.5//.]