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Bible de Jérusalem – Cantique des cantiques 7

LE CHŒUR

7 Reviens, reviens, Sulamite ;f
reviens, reviens, que nous te regardions !

LE BIEN-AIMÉ

Ah ! Vous la regardez, la Sulamite,
comme une danse en deux chœurs !g

f « La pacifiée », nom symbolique dérivé de shalôm (cf. 8.10), comme le nouveau « Salomon » (3.7s) son partenaire, et faisant allusion à la belle Avishag la Shunamite (1 R 1.3.15 ; 2.17.21).

g Danse nuptiale ou guerrière, à deux groupes ou à deux partenaires, scandée par le chœur. C’est pourquoi la description de la danseuse débute par les pieds ; elle est symétrique à celle de 4.1-6 dont elle reprend certains éléments (les faons jumeaux, la tour), mais elle est plus sensuelle et l’ordre est différent il va de bas en haut. Les termes de comparaison sont disparates collier, coupe, froment, faons, tour, puis des particularités géographiques inattendues qui ont suggéré de lire ici une description allégorique de la Terre sainte la bien-aimée a les yeux en Transjordanie (Heshbôn, cf. Nb 21.26), le nez au Liban et la tête au Carmel. La porte de Bat-Rabbim, la porte « des nombreux », est inconnue.

2 Que tes pieds sont beaux dans tes sandales,
fille de prince !
La courbe de tes flancs est comme un collier,
œuvre des mains d’un artiste.
3 Ton giron, une coupe arrondie,
que les vins n’y manquent pas !
Ton ventre, un monceau de froment,
de lis environné.
4 Tes deux seins ressemblent à deux faons,
jumeaux d’une gazelle.
5 Ton cou, une tour d’ivoire.
Tes yeux, les piscines de Heshbôn,
près de la porte de Bat-Rabbim.
Ton nez, la tour du Liban,
sentinelle tournée vers Damas.
6 Ton chef se dresse, semblable au Carmel,
et les nattes de ta tête sont comme la pourpre ;
un roi est pris dans ces ruissellements.h

h Littéralement « rigole où l’eau circule ». Le Carmel et la pourpre évoquent la côte phénicienne. On pense à Hiram de Tyr qui fut lié par traité à David et à Salomon (2 S 5.11 ; 1 R 5.15s ; 9.10s ; 2 Ch 2.2s). On rapproche un chant d’amour égyptien « De ses cheveux elle a lancé contre moi ses rêts. »

7 Que tu es belle, que tu es charmante,
ô amour, ô délices !i

i Littéralement « fille de délices » syr. et Aquila ; « dans les délices » hébr. — Les vv. 7-10 expriment un mouvement passionné vers la possession physique de l’aimée.

8 Dans ton élan tu ressembles au palmier,j
tes seins en sont les grappes.

j Trois femmes de la Bible, Gn 38.6 ; 2 S 13.1 ; 14.27, s’appellent Tamar, « palmier », symbole de la beauté féminine, comme l’explicitent les deux dernières références.

9 J’ai dit : Je monterai au palmier,
j’en saisirai les régimes.
Tes seins, qu’ils soient des grappes de raisin,
le parfum de ton souffle, celui des pommes ;
10 tes discours, un vin exquis !

LA BIEN-AIMÉEk

Il va droit à mon bien-aimé,
comme il coule sur les lèvres de ceux qui sommeillent.l

k La bien-aimée enchaîne avec le dernier mot de l’aimé (vin) et affirme la réciprocité de leur amour.

l Sens incertain. Le grec a « sur mes lèvres et dents » (safatay weshinnay).

11 Je suis à mon bien-aimé,
et vers moi se porte son désir.m

m Allusion à Gn 3.16, ou le même mot très rare signifie l’attrait de la femme pour son mari.

Dixième poème

12 Viens, mon bien-aimé,
allons aux champs !n
Nous passerons la nuit dans les villages,o

n Ce poème débute comme le précédent (6.11). L’évocation du printemps rappelle 2.10-14, mais ici l’invitation vient de la bien-aimée. Les jardins sont le cadre favori des scènes d’amour égyptiennes.

o « dans les villages » ou « parmi les grappes de henné » c’est le même mot en hébreu, cf. 1.14 ; 4.13.

13 dès le matin nous irons aux vignobles.
Nous verrons si la vigne bourgeonne,
si ses pampres fleurissent,
si les grenadiers sont en fleur.
Alors je te ferai
le don de mes amours.p

p Il faut donner au mot son sens le plus réaliste, que développe le stique suivant la mandragore passait pour exciter l’amour et donner la fécondité, cf. Gn 30.14-16 ; les fruits réservés au bien-aimé évoquent non plus le printemps mais l’automne, le temps de l’amour consommé.

14 Les mandragores exhalent leur parfum,
à nos portes sont tous les meilleurs fruits.
Les nouveaux comme les anciens,
je les ai réservés pour toi, mon bien-aimé.

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