Vigouroux – Sagesse 7
Tous entrent dans cette vie et en sortent de la même manière. La sagesse est préférable à tous les autres biens. Avantages qu’on en retire. Louanges de la sagesse.
7 Je suis (assurément), moi aussi, un homme mortel, semblable à tous les autres, et de la race de celui qui le premier fut formé de terre ; mon corps a pris sa forme dans le sein de ma mère (j’ai été formé chair, note) ; [7.1 J’ai été formé chair ; c’est-à-dire corps ; mon corps a été formé.]2 pendant dix mois j’ai été formé d’un sang épaissi, à l’aide de la substance de l’homme, dans le repos propice du sommeil. [7.2 Voir Job, 10, 10. ― Dans l’espace de dix mois. L’année chez les Hébreux se composait de mois de 29 et 30 jours. La naissance de l’enfant arrivait ordinairement vers le milieu du dixième mois, et l’on comptait le mois commencé, dans le calcul que nous avons ici, selon un usage assez commun en Orient. C’est ainsi qu’il est dit que Jésus-Christ resta trois jours dans le tombeau, quoiqu’il n’y ait été mis que le vendredi soir et qu’il soit ressuscité le dimanche matin.]3 Après ma naissance, j’ai respiré (reçu, note) l’air commun à tous, et je suis tombé sur la même terre, et c’est par des pleurs que je me suis fait (d’abord) entendre, comme tous les autres. [7.3 J’ai reçu, etc. ; j’ai respiré l’air commun à tous les autres hommes.]4 J’ai été élevé (nourri) dans les langes, et avec de grands soins. 5 Car il n’y a pas de roi qui ait eu un autre genre (commencement) de naissance. 6 Il n’y a pour tous qu’une manière d’entrer dans la vie, et qu’une manière d’en sortir. [7.6 Voir Job, 1, 21 ; 1 Timothée, 6, 7.]7 C’est pourquoi j’ai désiré l’intelligence, et elle m’a été donné ; j’ai invoqué (le Seigneur), et l’esprit de sagesse est venu en moi ; [7.7 J’ai désiré, etc. Comparer à 3 Rois, 3, 9-11.]8 et je l’ai préférée aux royaumes et aux trônes, et j’ai estimé que les richesses n’étaient rien auprès (en comparaison) d’elle. [7.8 Et je l’ai mise, etc. Comparer à Proverbes, 8, vv. 10-11, 15-16.]9 Je ne lui ai pas comparé les pierres précieuses, car tout (l’or) n’est auprès d’elle qu’un peu de sable, et devant elle l’argent sera considéré comme de la boue. [7.9 Voir Job, 28, 15 ; Proverbes, 8, 11.]10 Je l’ai plus aimée que la santé et la beauté, et j’ai résolu de la prendre pour ma lumière, car sa clarté ne peut s’éteindre. 11 Tous les biens me sont venus avec elle, et j’ai reçu de ses mains des richesses innombrables ; [7.11 Voir 3 Rois, 3, 13 ; Matthieu, 6, 33. ― Richesses ; c’est le sens du grec, et même du latin de la Vulgate honestas, non seulement ici, mais dans tout le livre.]12 et je me suis réjoui en toutes choses, parce que cette sagesse marchait devant moi, et j’ignorais qu’elle était la mère de tous ces biens. 13 Je l’ai apprise sans arrière-pensée, et je la communique sans envie, et je ne cache pas ses richesses. 14 Car elle est un trésor infini pour les hommes ; ceux qui en ont usé ont eu part à l’amitié de Dieu, et se sont rendus recommandables par les dons de l’instruction (la science). 15 Dieu m’a donné de parler selon mes sentiments, et d’avoir des pensées dignes des dons (faveurs) que j’ai reçus, car il est lui-même le guide de la sagesse, et il redresse (le réformateur) les sages. 16 (Car) Nous sommes dans sa main, nous et nos discours (paroles), et toute la sagesse, et la science d’agir, et l’instruction. 17 C’est lui qui m’a donné la vraie connaissance (science) de ce qui est, et qui m’a fait savoir la disposition du monde et les vertus des éléments, 18 le commencement, la fin et le milieu des temps, les changements des solstices et la vicissitude des saisons, 19 les révolutions des années, les dispositions des étoiles, 20 la nature des animaux et les instincts (colères) des bêtes, la force des vents et les pensées des hommes, la variété des plantes et les vertus des racines. [7.20 Les colères des bêtes. Le sens du grec est plus général, il exprime tous les instincts des animaux. ― Les différences des plantes, la science de la botanique. ― Les vertus des racines, la connaissance des remèdes.]21 J’ai appris tout ce qui était caché et inconnu (imprévu), car la sagesse qui a tout créé me l’a enseigné. 22 En effet, il y a en elle un esprit d’intelligence, qui est saint, unique, multiple, subtil, disert, agile (prompt), sans tache, clair (certain), suave (doux), ami du bien, pénétrant, que rien ne peut empêcher d’agir, bienfaisant, [7.22 La sagesse dont il est question dans ce verset et les suivants est la Sagesse incréée, comme l’enseignent les théologiens, et comme le prouve la comparaison du langage de notre livre avec celui de l’Ecclésiastique, 24, verset 4 et suivants, et avec Hébreux, 1, 3.]23 humain, plein de bonté (bienveillant), stable, infaillible, sûr, (calme,) qui peut tout, qui voit tout, qui renferme tous les esprits, intelligent, pur et subtil. 24 Car la sagesse est plus active (prompte) que tous les êtres agiles (il y a de plus prompt), et elle atteint partout à cause de sa pureté. 25 Elle est la vapeur de la puissance (vertu) de Dieu, et la pure (une certaine) émanation de la clarté (gloire) du (Dieu) Tout-Puissant : c’est pourquoi la moindre impureté ne peut se trouver en elle, [7.25 La vapeur ; comme une odeur qui s’exhale de la vertu divine.]26 car elle est la splendeur de la lumière éternelle, le miroir sans tache de la majesté de Dieu, et l’image de sa bonté. [7.26 Voir Hébreux, 1, 3.]27 Elle est unique et (cependant) elle peut tout ; demeurant immuable, elle renouvelle toutes choses ; elle se répand à travers les générations (nations) dans les âmes saintes, et elle forme les amis de Dieu et les prophètes. 28 Car Dieu n’aime que celui qui habite avec la sagesse. 29 Elle est plus belle que le soleil et que (au-dessus de) toutes les constellations des étoiles ; si on la compare avec la lumière, elle l’emportera. [7.29 Au-dessus de toute disposition des étoiles ; c’est-à-dire supérieure par sa beauté à la disposition déjà si belle des étoiles du firmament. La traduction : Elle est plus élevée que toutes les étoiles, est aussi peu conforme à la Vulgate qu’au texte grec.]30 Car à celle-ci succède la nuit ; mais la malignité (malice) ne peut prévaloir contre la sagesse.