8 En ce même temps, une grande persécution s'éleva contre l'Église de Jérusalem ; et tous, excepté les apôtres, furent dispersés en divers endroits de la Judée et de la Samarie*.
Cette première persécution (EUSEB. Hist., lib. II, cap. I) s'éleva l'année même de l'ascension du Sauveur, et Saul y eut une part considérable.
2 Or quelques hommes craignant Dieu prirent soin d'ensevelir Étienne, et firent ses funérailles avec un grand deuil.
3 Cependant Saul ravageait l'Église* ; il entrait dans les maisons, et en tirait par force les hommes et les femmes, pour les jeter en prison.
Voy. ci-dessous, chap. XXII, vers. 19, et chap. XXVI, vers. 9 et suiv.
4 Mais ceux qui étaient dispersés annonçaient la parole de Dieu en passant d'un lieu dans un autre.
5 Philippe*, étant donc venu dans la ville de Samarie, prêchait Jésus-Christ.
Il s'agit du diacre Philippe, et non de l'apôtre du même nom.
6 Et les peuples étaient attentifs aux choses que Philippe disait, et l'écoutaient tous avec une égale ardeur, voyant les miracles qu'il faisait.
7 Car les esprits impurs sortaient des corps de beaucoup de possédés, en jetant de grands cris,
8 Et beaucoup de paralytiques et de boiteux furent guéris.
9 Cette ville fut remplie d'une grande joie. Il y avait dans la même ville un homme nommé Simon, qui y avait exercé la magie auparavant, et avait séduit le peuple de Samarie, se disant être quelqu'un de grand ;
10 De sorte que tous le suivaient, depuis le plus grand jusqu'au plus petit, et disaient : Celui-ci est la grande vertu de Dieu*.
Sur l'imposteur Simon, confer. S. IREN. lib. I, cap. XX, — TERTULL. de Anima, cap. XVI, et Apolog., cap. XIII, — EUSEB. Hist., lib. II, cap. XII, — ORIGEN. contra Celsum, lib. I et V.
11 Ils le tenaient en grande considération, parce que depuis longtemps il leur avait troublé l'esprit par ses enchantements.
12 Mais, ayant cru ce que Philippe leur annonçait du royaume de Dieu, ils étaient baptisés, hommes et femmes, au nom de Jésus-Christ.
13 Alors Simon crut aussi ; et, après avoir été baptisé, il s'attachait à Philippe. Et voyant les prodiges et les grands miracles qui se faisaient, il en était dans l'admiration et la stupeur.
14 Les apôtres qui étaient à Jérusalem, ayant appris que ceux de Samarie avaient reçu la parole de Dieu, leur envoyèrent Pierre et Jean.
15 Ceux-ci, étant venus, prièrent pour eux, afin qu'ils reçussent le Saint-Esprit ;
16 Car il n'était encore descendu sur aucun d'eux* ; mais ils avaient été baptisés seulement au nom du Seigneur Jésus.
Ils n'avaient point encore reçu la grâce du sacrement de confirmation, parce que, selon la remarque de saint Épiphane (Hœres., XXI), Philippe, n'étant que diacre, ne pouvait pas leur donner le Saint-Esprit par l'imposition des mains.
17 Alors ils leur imposaient les mains, et ils recevaient le Saint-Esprit.
18 Lorsque Simon vit que le Saint-Esprit était donné par l'imposition de la main des apôtres, il leur offrit de l'argent,
19 En disant : Donnez-moi aussi ce pouvoir, afin que ceux à qui j'imposerai les mains reçoivent le Saint-Esprit. Mais Pierre lui dit :
20 Que votre argent périsse avec vous, parce que vous avez pensé que le don de Dieu peut s'acquérir avec de l'argent*.
L'impiété de Simon, qui estimait les choses saintes à prix d'argent, a fait donner à ce crime le nom de simonie.
21 Vous n'avez point de part, et vous ne pouvez rien prétendre à ce ministère ; car votre cœur n'est pas droit devant Dieu.
22 Faites donc pénitence de cette méchanceté, et priez Dieu, afin qu'il vous pardonne, s'il est possible, cette pensée de votre cœur ;
23 Car je vois que vous êtes dans un fiel d'amertume et dans les liens de l'iniquité.
24 Simon répondit : Priez le Seigneur pour moi, afin qu'il ne m'arrive rien de ce que vous avez dit.
25 Pierre et Jean, ayant rendu témoignage au Seigneur, et annoncé sa parole, revinrent à Jérusalem, après avoir prêché l'Évangile dans plusieurs contrées des Samaritains.
26 Or l'ange du Seigneur parla à Philippe, et lui dit : Levez-vous, et allez vers le midi, au chemin qui descend de Jérusalem à Gaza ; c'est la voie Déserte.
27 Et, se levant, il partit. Or un Éthiopien, eunuque* puissant de Candace, reine d'Éthiopie, et surintendant de tous ses trésors, était venu adorer à Jérusalem.
Ce mot est pris dans un sens général et non littéral ; le nom d'eunuque, chez les Orientaux, était souvent donné au ministre le plus puissant des princes.
28 Il s'en retournait assis sur son char, et lisant le prophète Isaïe.
29 Alors l'Esprit dit à Philippe : Avancez, et approchez-vous de ce char.
30 Aussitôt Philippe accourut, et ayant entendu que l'eunuque lisait le prophète Isaïe, il lui dit : Croyez-vous comprendre ce que vous lisez ?
31 Il lui répondit : Comment le pourrais-je, si quelqu'un ne me l'explique ? Et il pria Philippe de monter, et de s'asseoir près de lui.
32 Or le passage de l'Écriture qu'il lisait était celui-ci : Il a été mené comme une brebis à la boucherie, et il n'a point ouvert la bouche, comme un agneau qui reste muet devant celui qui le tond.
33 Dans son abaissement, il a été délivré de la mort à laquelle il avait été condamné. Qui racontera son origine ? Car sa vie sera retranchée de la terre* ?
Isaïe, LIII, 7 et 8.
34 L'eunuque, prenant la parole, dit à Philippe : De qui, je vous prie, le prophète dit-il cela ? de lui-même, ou de quelque autre ?
35 Alors Philippe, ouvrant la bouche, et commençant par cet endroit de l'Écriture, lui annonça Jésus*.
Ce seul mot, dit saint Augustin, comprend toutes les vérités chrétiennes, au moins les plus importantes.
36 Et comme ils suivaient la voie, ils trouvèrent de l'eau ; et l'eunuque lui dit : Voici de l'eau ; qui empêche que je sois baptisé ?
37 Philippe lui répondit : Vous pouvez l'être, si vous croyez de tout votre cœur. Il dit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu.
38 Il commanda aussitôt d'arrêter son char, et ils descendirent tous deux dans l'eau, et Philippe baptisa l'eunuque.
39 Étant sorti de l'eau, l'Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l'eunuque ne le vit plus ; mais il continua son chemin plein de joie.
40 Quant à Philippe, il se trouva à Azot, et il annonça l'Évangile à toutes les villes par où il passa, jusqu'à ce qu'il fût arrivé à Césarée*.
Le diacre Philippe était natif de Césarée.