Vigouroux – Amos 8
Autre vision d’Amos sur la ruine d’Israël. Iniquité de ce peuple. Vengeances du Seigneur sur lui. Description de ces vengeances.
8 Le Seigneur Dieu m’a montré ceci : voici, il y avait un crochet à (pour abattre des) fruits. [8.1 M’a montré, et or voici, etc. Voir Amos, 7, 1. ― Un crochet ; dans l’orignal : une corbeille de fruits.]2 Et il me dit : Que vois-tu, Amos ? Je répondis : Un crochet à (pour abattre des) fruits. Et le Seigneur me dit : La fin est venue pour mon peuple d’Israël ; je ne continuerai pas à lui pardonner (je ne le traverserai plus à l’avenir, note). [8.2 Je ne le traverserai plus ; littéralement, je n’ajouterai pas à le traverser (non adjiciam ut pertranseam eum) ; je le délaisserai, je l’abandonnerai à lui-même. Voir sur cet hébraïsme le 2° à la fin des Observations préliminaires des Psaumes. L’hébreu porte à la lettre : Je n’ajouterai pas à passer à lui ; à me déclarer pour lui, à le défendre contre ses ennemis ; ce qui revient à notre explication de la Vulgate. Cependant on interprète généralement ainsi ce passage : je ne le laisserai pas plus longtemps impuni, je ne dissimulerai pas ses fautes.]3 Les gonds du temple grinceront en ce jour-là, dit le Seigneur Dieu ; beaucoup mourront, le silence régnera en tous lieux. [8.3 Du temple érigé à Béthel, en l’honneur du veau d’or.]4 Ecoutez ceci, vous qui écrasez le pauvre, et qui faites périr les indigents du pays ; 5 vous qui dites : Quand le mois sera-t-il passé, pour que nous vendions nos marchandises ? quand finira le Sabbat, pour que nous ouvrions nos greniers, que nous diminuions la mesure, que nous augmentions le prix (sicle, note), et que nous pesions dans (substituions) de(s) fausses balances, [8.5 Le mois ; ou bien, le premier jour du mois ; la néoménie, selon saint Jérôme, Théodoret, etc. D’ailleurs le mot hébreu signifie l’un et l’autre. Quoique la loi n’ordonnât le repos que pour la néoménie du septième mois, on l’observait communément dans Israël pour toutes les autres. ― Alors (et). Voir sur ce mot, Osée, 11, 1. Les marchands animés par la soif du gain se plaignaient de ce que les fêtes les empêchaient de faire leur trafic ordinaire. ― Le sabbat ; signifie probablement ici, comme dans bien d’autres passages, l’année sabbatique, pendant laquelle il n’était pas permis de faire aucune récolte, ni de cultiver la terre. ― Afin que, etc. Ces marchands avares mesuraient ce qu’ils livraient avec de petites mesures, et en recevaient le prix au plus haut poids qu’ils pouvaient, l’argent monnayé n’étant pas encore en usage. Or l’inégalité des poids et des mesures était défendue par la loi mosaïque (voir Deutéronome, 25, 13-14), et le Sage dit que c’est une abomination aux yeux du Seigneur (voir Proverbes, 20, vv. 10, 23).]6 et nous achèterons les pauvres pour de l’argent, et les indigents pour des chaussures, et nous vendrons les criblures du blé ? 7 Le Seigneur a juré contre l’orgueil de Jacob : Jamais je n’oublierai toutes (Si j’oublierai jamais aucune de, note) leurs œuvres. [8.7 Si j’oublierai ; pour que je n’oublierai pas. Voir, sur les formules de serment chez les hébreux, Psaumes, note 94.11.]8 Est-ce que, à cause de cela, le pays ne sera pas ébranlé, et tous ses habitants ne seront-ils pas dans le deuil ? Ne montera-t-il tout entier comme le fleuve ? ne s’élèvera-t-il et ne se dissipera-t-il pas comme le fleuve d’Egypte ? [8.8 Tous entièrement (universus) ; c’est-à-dire tous les habitants. ― Monteront, etc. ; iront en captivité dans le vaste royaume d’Assyrie, comme le fleuve du Nil s’élève au-dessus de ses bords, et se dissipe après ses débordements. Tout ce que la Vulgate dit ici des habitants de la terre d’Israël, le texte hébreu le rapporte à la terre elle-même ; ce que fait aussi la Vulgate dans une phrase parallèle, voir Amos, 9, 5.]9 En ce jour-là, dit le Seigneur Dieu, le soleil se couchera à midi, et je couvrirai la terre de ténèbres au moment de la pleine (en un jour de) lumière ; [8.9 Le soleil, etc. La plupart des Pères expliquent ceci de l’obscurcissement qui arriva à la mort de Jésus-Christ.]10 je changerai vos fêtes en deuil, et tous vos cantiques en lamentations ; je couvrirai de sacs tous les dos, et je rendrai chauves toutes les têtes ; je mettrai le pays dans le deuil comme pour un fils unique, et sa fin sera comme un jour amer. [8.10 Voir Tobie, 2, 6 ; 1 Machabées, 1, 41. ― Je mettrai, etc. ; je vous réduirai tous à vous revêtir d’un sac, et à vous raser la tête. Cela se pratiquait dans le deuil.]11 Voici, les jours viennent, dit le Seigneur, où j’enverrai la famine (faim) dans le pays ; non la famine (faim) du pain, ni la soif de l’eau, mais celle d’entendre la parole du Seigneur. 12 Et ils seront dans l’agitation d’une mer à l’autre, et de l’aquilon à l’orient ; ils courront de tous côtés, cherchant la parole du Seigneur, et ils ne la trouveront pas. 13 En ce jour-là, les belles jeunes filles (vierges) et les jeunes gens mourront de soif, 14 eux qui jurent par le péché de Samarie, et qui disent : Vive (Il vit) ton Dieu, ô Dan ! et vive (elle vit,) la voie de Bersabée ! et ils tomberont, et ils ne se relèveront plus. [8.14 Le péché de Samarie ; le faux dieu Baal. ― Il vit ! pour vive ! ― Ton Dieu, Dan. L’un des veaux d’or avait été placé à Dan, ville située près des sources du Jourdain. ― La voie ; hébraïsme pour la religion, le culte. ― Tomberont ; littéralement, et tomberont. Voir sur ce et purement pléonastique, Osée, 11, 1. ― Dan, Bersabée. Voir Juges, note 20.1.]