TOB – Juges 8
8 Les hommes d'Ephraïm dirent à Gédéon : « Que signifie cette manière d'agir envers nous en ne nous appelant pas lorsque tu partais combattre Madiân ? » Et ils le prirent violemment à partie. [Jg 12.1-6.]2 Gédéon leur dit : « Qu'ai-je donc fait de comparable à vous ? Le grappillage d'Ephraïm ne vaut-il pas mieux que la vendange d'Avièzer ? [Cueillette des grappes de raisin qui restent après la vendange.]3 C'est entre vos mains que Dieu a livré les chefs de Madiân, Orev et Zéev. Qu'ai-jedonc pu faire de comparable à vous ? » Dès qu'il eut prononcé cette parole, leur animosité contre lui s'apaisa.
Campagne de Gédéon à l'est du Jourdain
4 Gédéon arriva au Jourdain et le traversa, lui et les trois cents hommes qui étaient avec lui. Bien qu'épuisés, ils continuaient leur poursuite. 5 Il dit aux gens de Soukkoth : « Donnez, je vous prie, des galettes de pain à la troupe qui me suit, car ils sont épuisés, et je poursuis Zèvah et Çalmounna, rois de Madiân. » [Soukkoth : voir Gn 33.17 et la note ; Jos 13.27.
— Zèvah (victime) et Calmounna (ombre retranchée) sont probablement des surnoms ironiques donnés par le narrateur aux deux rois madianites.]6 Mais les chefs de Soukkoth répondirent : « Tiens-tu déjà en ton pouvoir Zèvah et Çalmounna pour que nous donnions du pain à ton armée ? » — 7 « Eh bien, répliqua Gédéon, quand le Seigneur aura livré entre mes mains Zèvah et Çalmounna, je vous fouetterai avec les épines du désert et les chardons. » [Autre traduction je vous foulerai sous (ou comme).]8 De là il monta à Penouël et il parla aux habitants de la même manière, et les gens de Penouël lui répondirent comme avaient répondu les gens de Soukkoth. [Ville de Transjordanie, proche de Soukkoth (voir Gn 32.31-32) ; 1 R 12.25.]9 Il dit aussi aux gens de Penouël : « Si je reviens sain et sauf, je renverserai cette tour ! »
10 Zèvah et Çalmounna se trouvaient dans le Qarqor avec leur armée, environ quinze mille hommes, tous ceux qui restaient de toute l'armée des fils de l'Orient. En effet, il était tombé cent vingt mille hommes sachant tirer l'épée. [Qarqor : lieu inconnu.
— fils de l'Orient : voir Jg 6.3 et la note.]11 Gédéon monta par la route des nomades à l'est de Novah et de Yogboha, et il battit l'armée, alors que celle-ci se croyait en sûreté. [Novah : nom d'un clan de Manassé en Transjordanie (voir Nb 32.42).
— Yogboha : ville de Gad, en Transjordanie, à 13km au nord-ouest d'Amman.]12 Zèvah et Çalmounna prirent la fuite, mais Gédéon les poursuivit, s'empara des deux rois de Madiân, Zèvah et Çalmounna, et il sema la panique dans toute l'armée.
13 Gédéon, fils de Yoash, revint du combat par la montée du Hèrès. [Localisation inconnue.]14 Il saisit un jeune homme de Soukkoth, qu'il interrogea et qui lui désigna par écrit les chefs de Soukkoth et ses anciens : soixante-dix-sept hommes. [Gn 4.24 ; 46.27 ; Jg 8.30 ; 9.2 ; 2 R 10.1.]15 Il se rendit alors auprès des gens de Soukkoth et leur dit : « Voici Zèvah et Çalmounna à propos desquels vous m'avez mis au défi, en disant : “Tiens-tu déjà en ton pouvoir Zèvah et Çalmounna pour que nous donnions du pain à tes hommes épuisés ?” » 16 Il prit les anciens de la ville, ainsi que des épines du désert et des chardons, et il en fit faire connaissance aux hommes de Soukkoth. [Texte hébreu incertain. Les versions anciennes lisent... chardons avec lesquels il piétina les hommes de Soukkoth.]17 Il renversa aussi la tour de Penouël et massacra les hommes de la ville.
18 Puis il dit à Zèvah et à Çalmounna : « Comment étaient les hommes que vous avez tués au Tabor ? » Ils répondirent : « Ils étaient comme toi. Ils avaient chacun l'air d'un fils de roi. » [Tabor Jg 4.6 : voir Jos 19.22 et la note. Gédéon fait allusion à une bataille inconnue, sans doute différente de celle du ch. 7.
— fils de roi : les frères de Gédéon ont été exécutés parce qu'on les a considérés comme des chefs.]19 Il leur dit : « C'étaient mes frères, les fils de ma mère ! Par la vie du Seigneur, si vous les aviez laissé vivre, je ne vous tuerais pas. » [Gn 43.29 ; Dt 13.7 ; Ct 8.1.]20 Puis il dit à Yètèr, son fils aîné : « Lève-toi et tue-les ! » Mais le jeune homme ne tira pas son épée, car il avait peur, n'étant encore qu'un jeune homme. [Le proche parent d'un homme tué par un autre avait le devoir de faire périr le meurtrier. C'est ce qu'on appelait la « vengeance du sang » ; Gn 4.14-15,23-24 ; Nb 35.19-29 ; Jos 20.1-3 ; 2 S 3.27,30 ; 14.7 ; 21.1-9.]21 Zèvah et Çalmounna dirent alors : « Lève-toi toi-même et frappe-nous, car tel est l'homme, telle est sa bravoure. » Alors Gédéon se leva et tua Zèvah et Çalmounna, puis il prit les croissants qui étaient au cou de leurs chameaux. [tel est l'homme... : les rois trouvent plus glorieux de mourir de la main d'un guerrier brave que de celle d'un adolescent peureux Jg 9.54.
— croissants : sortes de bijoux en forme de quartier de lune.]
Fin de la carrière de Gédéon
22 Les hommes d'Israël dirent à Gédéon : « Sois notre souverain, toi-même, puis ton fils, puis le fils de ton fils, car tu nous as sauvés de la main de Madiân. » 23 Gédéon leur dit : « Ce n'est pas moi qui serai votre souverain, ni mon fils. Que le Seigneur soit votre souverain ! » [1 S 8.7 ; 12.12.]
24 Puis Gédéon leur dit : « Je voudrais vous faire une demande : Donnez-moi chacun un anneau de votre butin ! » En effet, les vaincus avaient des anneaux d'or puisque c'étaient des Ismaélites. [Collecte des anneaux d'or Ex 32.2-3.
— Ismaélites possède apparemment ici le sens général de nomades ou de caravaniers (voir Gn 37.25-28 ; 39.1).]25 Ils répondirent : « Oui, nous allons te les donner ! » Ils étendirent un manteau et y jetèrent chacun un anneau de son butin. 26 Le poids des anneaux d'or qu'il avait demandés s'éleva à mille sept cents sicles d'or, sans compter les croissants, les pendants d'oreilles et les vêtements de pourpre que portaient les rois de Madiân, sans compter non plus les colliers qui étaient au cou de leurs chameaux. [sicles : voir au glossaire POIDS ET MESURES.
— pourpre : étoffe précieuse, de couleur rouge.]27 Gédéon en fit un éphod qu'il installa dans sa ville, à Ofra. Tout Israël vint se prostituer là, devant cet éphod, qui devint un piège pour Gédéon et pour sa maison. [L'éphod peut désigner ici soit un étui où l'on met les objets sacrés utilisés pour la divination, soit plus probablement une statue divine Jg 17.5 ; 18.14-20 ; Os 3.4. Il est différent de l'éphod Ex 25.7 (voir la note).
— se prostituer : voir Os 1.2 ; 2.4 et la note.
— un piège Jg 2.3.]
28 Ainsi Madiân fut abaissé devant les fils d'Israël et il ne releva plus la tête. Le pays fut en repos pendant quarante ans durant la vie de Gédéon. [Jg 3.11.]
29 Yeroubbaal, fils de Yoash, s'en alla et demeura dans sa maison. 30 Gédéon eut soixante-dix fils, issus de son sang, car il avait beaucoup de femmes. [Jg 9.5,24,56.]31 Quant à sa concubine, qui se trouvait à Sichem, elle lui enfanta, elle aussi, un fils, à qui il imposa le nom d'Abimélek. 32 Gédéon, fils de Yoash, mourut après une heureuse vieillesse et il fut enseveli dans le tombeau de Yoash, à Ofra d'Avièzer. [Jg 10.2,5 ; 12.7,10,12,15 ; 16.31.]
33 Mais après la mort de Gédéon, les fils d'Israël recommencèrent à se prostituer aux Baals, et ils adoptèrent Baal-Berith pour dieu. [Rechute dans l'idolâtrie Jg 2.19 ; 3.12 ; 4.1 ; 6.1 ; 10.6 ; 13.1.
— Baal-Berith (comme en 9.4) ou El-Berith (Jg 9.46) : dieu de l'alliance ou des serments. Il s'agit probablement du dieu adoré à Sichem (voir Jg 9.4).]34 Les fils d'Israël ne se souvinrent plus du Seigneur, leur Dieu, qui les avait délivrés de la main de tous leurs ennemis d'alentour, 35 et ils ne firent preuve d'aucune loyauté envers la maison de Yeroubbaal-Gédéon, après tout le bien qu'il avait fait à Israël.