8 Or ces paroles furent entendues de Judith, veuve, fille de Mérari, fils d'Idox, fils de Joseph, fils d'Ozias, fils d'Élaï, fils de Jamnor, fils de Gédéon, fils de Raphaïm, fils d'Achitob, fils de Melchia, fils d'Énan, fils de Nathania, fils de Salathiel, fils de Siméon, fils de Ruben*.
Ces paroles, fils de Ruben, ne sont pas dans le grec ; mais il y a fils d'Israël. C'est pourquoi Serrarius, Bellarmin et plusieurs autres, suivant saint Fulgence (Epist. II, cap. XIV), croient que c'est une faute dans la Vulgate : vu principalement que, ni dans la Genèse, ni dans l'Exode, ni dans les Paralipomènes, où les enfants de Ruben sont nommés, on n'en trouve aucun qui soit nommé Siméon ; Judith, en outre, déclare elle-même qu'elle est de la tribu de Siméon. (Ch. IX, v 2.)
2 Son mari s'appelait Manassé ; il mourut au temps de la moisson de l'orge.
3 Car lorsqu'il surveillait ceux qui liaient les gerbes dans les champs, l'ardeur du soleil lui donna sur la tête, et il mourut à Béthulie, sa ville, où il fut enseveli avec ses pères.
4 Il y avait déjà trois ans et demi que Judith était restée veuve.
5 Elle avait au haut de sa maison une chambre secrète où elle demeurait enfermée avec ses servantes.
6 Elle portait un cilice sur les reins et jeûnait tous les jours de sa vie, excepté les jours de sabbat, les premiers jours du mois et les fêtes de la maison d'Israël.
7 Elle était très-belle, et son mari lui avait laissé de grandes richesses, beaucoup de serviteurs et des héritages où elle avait de nombreux troupeaux de bœufs et de moutons.
8 Elle était très-renommée, parce qu'elle avait une grande crainte du Seigneur ; et nul n'aurait pu dire la moindre parole à son désavantage.
9 Ayant donc appris qu'Ozias avait promis de livrer la ville dans cinq jours, elle envoya vers Chabri et Charmi, anciens du peuple,
10 Qui vinrent la trouver, et elle leur dit : Quel est ce bruit qu'Ozias a consenti de livrer la ville aux Assyriens, s'il ne vous venait du secours dans cinq jours ?
11 Et qui êtes-vous, pour tenter le Seigneur ?
12 Ce n'est pas une parole qui provoque sa miséricorde, mais plutôt qui excite sa colère et allume sa fureur.
13 Vous avez prescrit à Dieu le terme de sa miséricorde, et vous lui avez fixé un jour selon votre volonté.
14 Mais comme le Seigneur est patient, faisons pénitence de cette faute et implorons sa miséricorde avec larmes.
15 Dieu, en effet, ne menace pas comme un homme, et il ne s'enflamme point de colère comme les enfants des hommes.
16 C'est pourquoi humilions nos âmes devant lui, servons-le avec un cœur humble ;
17 Disons au Seigneur avec larmes de nous faire miséricorde suivant sa volonté, afin que, comme l'orgueil de nos ennemis nous a remplis de trouble, notre humilité aussi devienne pour nous un sujet de gloire.
18 Car nous n'avons point suivi les péchés de nos pères, qui ont abandonné leur Dieu et adoré des dieux étrangers,
19 Et qui, par ce crime, ont mérité d'être abandonnés à leurs ennemis, lesquels les ont tués, pillés et couverts de confusion. Mais pour nous, nous ne connaissons point d'autre Dieu que lui.
20 Attendons humblement sa consolation, et il nous vengera des afflictions que nos ennemis, altérés de notre sang, nous font souffrir ; il humiliera toutes les nations qui s'élèvent contre nous, et les couvrira de honte, lui le Seigneur notre Dieu.
21 Et maintenant, mes frères, comme vous êtes les anciens du peuple de Dieu, et que leur vie dépend de vous, relevez leur cœur par vos paroles en les faisant souvenir que nos pères ont été tentés pour éprouver s'ils servaient Dieu véritablement.
22 Ils doivent se souvenir qu'Abraham, notre père, a été tenté, et qu'ayant été éprouvé par beaucoup d'afflictions, il est devenu l'ami de Dieu.
23 Ainsi Isaac, Jacob, Moïse, et tous ceux qui ont plu à Dieu, ont passé par plusieurs afflictions, et sont restés fidèles.
24 Ceux qui n'ont pas reçu ces épreuves dans la crainte du Seigneur, qui ont témoigné leur impatience et ont irrité le Seigneur par leurs reproches et par leurs murmures,
25 Ont été exterminés par l'exterminateur, et ont péri par les morsures des serpents*.
Judith fait allusion aux faits rapportés dans les Nombres, XI, 1 ; XIV, 12 ; XXI, 4, 5 et 6. (Voy. I Cor., X, 10.)
26 C'est pourquoi ne témoignons point d'impatience dans ces maux que nous souffrons ;
27 Mais considérons que ces supplices sont moindres que nos péchés ; croyons que ces fléaux dont Dieu nous châtie comme ses serviteurs, nous sont envoyés pour nous corriger, et non pour nous perdre.
28 Ozias et les anciens lui répondirent : Tout ce que vous avez dit est véritable, et il n'y a rien à reprendre dans vos paroles.
29 Nous vous supplions donc de prier pour nous, parce que vous êtes une femme sainte et craignant Dieu.
30 Judith leur répondit : Comme vous reconnaissez que ce que je vous ai pu dire est de Dieu,
31 Éprouvez aussi si ce que j'ai résolu de faire vient de lui, et priez-le afin qu'il affermisse le dessein que j'ai formé.
32 Vous vous tiendrez cette nuit à la porte de la ville, et je sortirai avec ma servante* ; et priez le Seigneur, afin que, comme vous avez dit, il regarde son peuple dans cinq jours.
L'expression abra, que porte le texte, convient plutôt à une intendante, à une femme de confiance, qu'à une servante ordinaire.
33 Je ne veux pas que vous cherchiez ce que j'ai dessein de faire ; et jusqu'à ce que je revienne vers vous, qu'on ne cesse de prier le Seigneur notre Dieu pour moi.
34 Ozias, prince de Juda, lui dit : Allez en paix, et que le Seigneur soit avec vous, pour se venger de nos ennemis. Et, l'ayant quittée, ils s'en allèrent.