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Bible de Jérusalem – Jérémie 8

8 En ce temps-là — oracle de Yahvé — on tirera de leurs tombes les ossements des rois de Juda, les ossements de ses princes, les ossements des prêtres, les ossements des prophètes et les ossements des habitants de Jérusalem. 2 On les étalera devant le soleil, la lune et toute l’armée du ciel, qu’ils ont aimés et servis, suivis et consultés, devant lesquels ils se sont prosternés.p Ils ne seront ni recueillis ni enterrés ; ils resteront sur le sol en guise de fumier.

p Les cultes astraux avaient été en grande faveur sous Manassé et Amon.

3 Et la mort vaudra mieux que la vie pour tous ceux qui resteront de cette race perverse, en tous lieuxq où je les aurai chassés, oracle de Yahvé Sabaot.

q L’hébr. répète ici « qui resteront »; omis par grec et syr.

Menaces, lamentations, instructions. Égarement d’Israël.r

4 Tu leur diras : Ainsi parle Yahvé.
Fait-on une chute sans se relever ?
Se détourne-t-on sans retour ?

r Cet ensemble 8.4—10.25 réunit des oracles prononcés au début du règne de Joiaqim, aux environs de 605. Les trois poèmes 8.4-7, 13-17 ; 9.1-8 poursuivent et élargissent les reproches à Israël. La lamentation 9.9-21 se continue en 10.17-22 et se conclut par une prière de Jérémie, 10.23-24 ; on a enfin ajouté d’autres poèmes de Jérémie 8.8-9, 10-12, 18-23 ; 9.22-23, 24-25. Le fragment 10.1-16 semble être d’une autre main.

5 Pourquoi ce peuple-là est-il rebelle,
pourquoi Jérusalem est-elle continuellement rebelle ?
Ils tiennent fermement à la tromperie,
ils refusent de se convertir.
6 J’ai écouté attentivement :
ils ne parlent pas dans ce sens-là.
Nul ne déplore sa méchanceté
en disant : « Qu’ai-je fait ? »
Tous retournent à leur course,
tel un cheval qui fonce au combat.
7 Même la cigogne dans le ciel
connaît sa saison,
la tourterelle, l’hirondelle et le martinet
observent le temps de leur migration.
Mais mon peuple ne connaît pas
le droit de Yahvé !

La Loi aux mains des prêtres.

8 Comment pouvez-vous dire : « Nous sommes sages
et la Loi de Yahvé est avec nous ! »
Vraiment c’est en mensonge que l’a changée
le calame mensonger des scribes !s

s Ici les prêtres, gardiens de la tradition incorporée dans les textes. La « parole », au v. 9, désigne sans doute le message des prophètes et la loi, sous une forme orale et peut-être déjà partiellement écrite.

9 Les sages seront honteux,
consternés et pris au piège.
Voilà qu’ils ont méprisé la parole de Yahvé !
Qu’est donc la sagesse pour eux ?

Reprise d’un fragment menaçant.t

10 Aussi donnerai-je leurs femmes à d’autres,
leurs champs à de nouveaux maîtres.
Car du plus petit au plus grand,
tous sont avides de rapines ;
prophète comme prêtre,
tous ils pratiquent le mensonge.

t Ce fragment, doublet de 6.12-15, n’est pas reproduit par le grec.

11 Ils pansent à la légère
la blessure de la fille de mon peuple,
en disant : « Paix ! Paix ! »
alors qu’il n’y a point de paix.
12 Les voilà dans la honte par leurs actes abominables,
mais déjà ils ne sentent plus la honte,
ils ne savent plus rougir.
Aussi tomberont-ils parmi ceux qui tombent,
ils trébucheront quand je les visiterai,
dit Yahvé.

Menaces à la Vigne-Juda.

13 Je vais les supprimer — oracle de Yahvé —,
plus de raisins à la vigne,
plus de figues au figuier,
même le feuillage se flétrit :
je leur ai fourni des gens qui les piétinent !
14 — « Pourquoi restons-nous tranquilles ?
Rassemblement !u
Gagnons nos villes fortifiées
pour y être réduits au silence,v
puisque Yahvé notre Dieu nous réduit au silence
et nous abreuve d’eau empoisonnée,
parce que nous avons péché contre lui.

u Le même verbe hébreu signifie « rassembler » et « supprimer », v. 13.

v Il s’agit ici du silence de la mort.

15 Nous espérions la paix : rien de bon !
le temps de la guérison : voici l’épouvante !
16 Depuis Dan on perçoit
le hennissement de ses chevaux ;
au cri retentissant de ses étalons
toute la terre est ébranlée :
ils viennent dévorer le pays et ses biens,
la ville et ses habitants. »
17 — Oui, voici que j’envoie contre vous
des serpents venimeux,
contre lesquels il n’existe pas de charme,
et ils vous mordront,
oracle de Yahvé.

Lamentation du prophète pour une famine.

18 Sans remède, la peine m’envahit,w
le cœur me manque.

w « sans remède » grec ; « ma gaieté (?) » hébr. — « (la peine) m’envahit », litt. « monte (sur moi) » `alah conj. ; « sur (la peine, sur moi) » `aley hébr. On pourrait à la rigueur comprendre, avec seulement la deuxième correction « une source de gaieté est pour moi peine ».

19 Voici l’appel au secours de la fille de mon peuple,
depuis une terre aux vastes étendues.
« Yahvé n’est donc plus en Sion ?
Son Roi n’y est-il plus ?
(Pourquoi m’ont-ils irrité par leurs idoles,
par ces vanités venues de l’étranger ?)
20 La moisson est passée, l’été est fini,
et nous ne sommes pas sauvés ! »
21 De la blessure de la fille de mon peuple je suis blessé,
je reste accablé, l’épouvante me tient.
22 N’y a-t-il plus de baume en Galaad ?x
N’y a-t-il là aucun médecin ?
Oui, pourquoi ne fait-elle aucun progrès,
la guérison de la fille de mon peuple ?

x Galaad, à l’est du Jourdain, au nord du Yabboq, pays des baumes et aromates, Gn 37.25 ; 43.11 ; cf. aussi 46.11.

23 Qui changera ma tête en fontaine
et mes yeux en source de larmes,
que je pleure jour et nuit
les tués de la fille de mon peuple !

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