Bible de Jérusalem – Josué 8
4. LA PRISE DE AÏ
Ordre donné à Josué.
8 Yahvé dit alors à Josué : « Sois sans crainte ni frayeur ! Prends avec toi tous les gens de guerre. Debout ! monte contre Aï. Vois : je livre entre tes mains le roi de Aï, son peuple, sa ville et sa terre.
2 Tu traiteras Aï et son roi comme tu as traité Jéricho et son roi. Vous ne prendrez comme butin que les dépouilles et le bétail. Aie soin d’établir une embuscade contre la ville, par-derrière. »
Manœuvre de Josué.
3 Josué se leva, avec tous les gens de guerre, pour monter contre Aï. Josué choisit trente mille hommes d’élite et les fit partir de nuit
4 en leur donnant cet ordre : « Attention ! vous dresserez une embuscade contre la ville, par-derrière, sans vous éloigner beaucoup de la ville, et soyez tous sur le qui-vive.
5 Moi et tous les gens qui m’accompagnent, nous nous approcherons de la ville, et lorsque les gens de Aïj sortiront à notre rencontre comme la première fois, nous fuirons devant eux.
j « les gens de Aï » grec ; « ils » hébr.
6 Ils nous suivront alors et nous les attirerons loin de la ville, car ils se diront : « Ils fuient devant nous comme la première fois. »k k À la fin du v., hébr. ajoute « et nous fuirons devant eux », dittographie du v. 5.
7 Alors vous surgirez de l’embuscade pour prendre possession de la ville : Yahvé votre Dieu la livrera entre vos mains.
8 Dès que vous tiendrez la ville, vous la livrerez au feu, agissant selon la parole de Yahvé. Voyez, je vous ai donné un ordre. »
9 Josué les envoya. Ils allèrent au lieu de l’embuscade et se postèrent entre Béthel et Aï, à l’ouest de Aï. Josué passa la nuit au milieu du peuple,
10 puis le lendemain Josué se leva de bon matin, il passa le peuple en revue et, avec les anciens d’Israël, monta vers Aï en tête du peuple.
11 Tous les gens de guerre qui étaient avec lui montèrent, s’approchèrent jusqu’en face de la ville et campèrent au nord de Aï, la vallée se trouvant entre eux et la ville.
12 Josué prit environ cinq mille hommesl et les mit en embuscade entre Béthel et Aï, à l’ouest de la ville.
l Chiffre plus vraisemblable que celui de trente mille au v. 3.
13 Le peuple dressa l’ensemble du camp qui était au nord de la ville, et son embuscade à l’ouest de la ville. Josué alla cette nuit-là au milieu de la plaine.
Prise de Aï.
14 Dès que le roi de Aï eut vu cela, les gens de la ville se hâtèrent de se lever et de sortir pour que lui et tout son peuple aillent à la rencontre d’Israël pour le combattre, sur la descentem qui est face à la Araba ; mais il ne savait pas qu’il y avait une embuscade dressée contre lui derrière la ville.
m « descente » môrad conj., cf. 7.5 ; « lieu de rendez-vous » mo’ed.
15 Josué et tout Israël se firent battre par eux et ils s’enfuirent sur le chemin du désert.
16 Tout le peuple qui se trouvait dans la ville se mit à leur poursuite à grands cris. En poursuivant Josué, ils s’écartèrent de la ville.
17 Il ne resta pas un homme dans Aï (ni dans Béthel)n qui ne poursuivît Israël : ils laissèrent la ville ouverte et poursuivirent Israël.
n « ni dans Béthel » glose omise par le grec.
18 Yahvé dit alors à Josué : « Tends vers Aï le sabre que tu as en main,o car c’est en ta main que je vais la livrer. » Alors Josué tendit vers la ville le sabre qu’il avait en main.
o Non pas un simple signal mais un geste lui-même efficace, comme celui de Moïse, Ex 17.9, 11.
19 Et dès qu’il eut étendu la main, ceux de l’embuscade, surgissant en hâte de leur poste, coururent, pénétrèrent dans la ville, s’en emparèrent et se hâtèrent de la livrer au feu.
20 Les gens de Aï se retournèrent et virent : voici que la fumée de la ville montait vers le ciel. Aucun d’entre eux ne se sentit le courage de fuir ici ou là, tandis que le peuple en fuite vers le désert se retournait contre ceux qui le poursuivaient.
21 Voyant que ceux de l’embuscade avaient pris la ville et que la fumée montait de la ville, Josué et tout Israël firent volte-face et attaquèrent les gens de Aï.
22 Les autres sortirent de la ville à leur rencontre, de sorte que les gens de Aï se trouvèrent au milieu des Israélites, ayant les uns d’un côté et les autres de l’autre. Ceux-ci les battirent jusqu’à ce qu’il ne leur restât plus un survivant ni un rescapé.
23 Mais on prit vivant le roi de Aï et on l’amena à Josué.
24 Quand Israël eut fini de tuer tous les habitants de Aï, dans la campagne et dans le désert où ils les avaient poursuivis, et que tous jusqu’au dernier furent tombés au fil de l’épée, tout Israël revint à Aï et en passa la population au fil de l’épée.
25 Le total de tous ceux qui tombèrent ce jour-là, tant hommes que femmes, fut de douze mille, tous gens de Aï.
L’anathème et la ruine.
26 Josué ne ramena pas la main qu’il avait étendue avec le sabre, jusqu’à ce qu’il eût voué à l’anathème tous les habitants de Aï.
27 Israël ne prit pour butin que le bétail et les dépouilles de cette ville, selon l’ordre que Yahvé avait donné à Josué.
28 Josué incendia Aï et il en fit pour toujours une ruine, un lieu désolé jusqu’à aujourd’hui.
29 Quant au roi de Aï, il le pendit à un arbrep jusqu’au soir ; mais au coucher du soleil, Josué ordonna qu’on descendît de l’arbre son cadavre. On le jeta ensuite à l’entrée de la porte de la ville, et on amoncela sur lui un grand tas de pierres, qui existe jusqu’à aujourd’hui.
p Ce traitement ignominieux qui faisait parfois suite à la mise à mort d’un ennemi, cf. 10.26-27, était une marque d’infamie que pratiquaient également d’autres peuples, cf. 1 S 31.10. Mais, selon la loi de Dt 21.22-23, les suppliciés devaient être détachés avant la nuit, d’où Jn 19.31.
5. SACRIFICE ET LECTURE DE LA LOI SUR LE MONT ÉBALq
L’autel de pierres brutes.
30 Alors Josué édifia un autel à Yahvé, Dieu d’Israël, sur le mont Ébal,
q Les vv. 30-35, qui interrompent les récits de la conquête puisque Josué est encore à Gilgal en 9.6, sont d’un rédacteur qui s’inspire des chap. 11, 27 et 31 du Deutéronome. Ils ont peut-être pour but de rappeler l’alliance et la bénédiction accordées à Israël avant que celui-ci ne conclue une alliance avec un groupe étranger (chap. 9).
31 comme Moïse, serviteur de Yahvé, l’avait ordonné aux Israélites, comme il est écrit dans le livre de la Loi de Moïse : un autel de pierres brutes que le fer n’aura pas travaillées. Ils y offrirent des holocaustes à Yahvé et immolèrent des sacrifices de communion.
Lecture de la Loi.
32 Là, Josué écrivit sur les pierres une copie de la Loi de Moïse, que celui-ci avait écrite devant les Israélites.
33 Tout Israël, avec ses anciens, ses scribes et ses juges, se tenait de part et d’autre de l’arche, en face des prêtres lévites qui portaient l’arche d’alliance de Yahvé, les étrangers comme les citoyens, moitié sur le front du mont Garizim et moitié sur le front du mont Ébal,r comme Moïse, serviteur de Yahvé, l’avait ordonné pour bénir en premier lieu le peuple d’Israël.
r Cette scène se déroule à l’ouest de Sichem, dominée au nord par l’Ébal et au sud par le Garizim. C’est sur le Garizim que se dressera le temple schismatique des Samaritains. Il sera profané par Antiochus Épiphane, 2 M 6.2 ; cf. 5.23. Jésus fait allusion à ce culte en Jn 4.21.
34 Puis Josué lut toutes les paroles de la Loi — la bénédiction et la malédiction — suivant tout ce qui est écrit dans le livre de la Loi.
35 Il n’y eut pas un mot de tout ce que Moïse avait ordonné qui ne fût lu par Josué en présence de toute l’assemblée d’Israël, y compris les femmes, les enfants et les étrangers qui vivaient au milieu d’eux.