Vigouroux – Matthieu 8
Guérison d’un lépreux et de beaucoup d’autres malades. Dispositions pour suivre Jésus-Christ. Tempête apaisée. Démons chassés, pourceaux précipités.
8 Lorsqu’Il fut descendu de la montagne, des foules nombreuses Le suivirent. 2 Et voici qu’un lépreux vint à (Lui) et L’adora, en disant : Seigneur, si Vous voulez, Vous pouvez me purifier. [8.2 Voir Marc, 1, 40 ; Luc, 5, 12. ― Un lépreux. La lèpre, maladie de la peau qui peut être très grave et faire tomber tout le corps en pourriture, était commune en Palestine. Elle rendait impur aux yeux de la loi celui qui en était atteint.]3 Jésus, étendant la main, le toucha, en disant : Je le veux, sois purifié. Et aussitôt sa lèpre fut guérie. 4 Et Jésus lui dit : Garde-toi d’en parler à personne ; mais va, montre-toi au prêtre, et offre le don que Moïse a prescrit, afin que cela leur serve de témoignage. [8.4 Voir Lévitique, 14, 2. ― En témoignage pour eux ; c’est-à-dire afin que ce soit pour eux un témoignage et une preuve incontestable de ma puissance et de ma fidélité à faire observer la loi. ― Le mot eux peut signifier par hébraïsme : à chacun des prêtres, ou bien : à la foule du peuple dont il est parlé au premier verset.]5 Lorsque Jésus fut entré dans Capharnaüm, un centurion s’approcha de Lui, Le priant, [8.5 Voir Luc, 7, 1. ― Capharnaüm. Voir Matthieu, 4, 13. ― Un centurion. Le centurion était le chef d’une centurie légionnaire, c’est-à-dire de cent hommes. Il était chargé de la discipline de sa centurie, en présidait les exercices et les travaux, et marchait à sa tête quand on allait au combat. Il avait comme insigne de son autorité un casque à cimier et une branche de vigne qui lui servait à châtier ceux de ses hommes qui enfreignaient les règles de la discipline. Sa paie était double de celle des soldats.]6 et disant : Seigneur, mon serviteur est couché dans ma maison, atteint de paralysie, et il souffre extrêmement. [8.6 Il y a une paralysie imparfaite qui consiste dans la privation ou du mouvement seul, ou du sentiment seul. C’est ce qu’ont reconnu tous les médecins tant anciens que modernes. Ainsi le paralytique, dont il est ici question, a pu souffrir extrêmement, même dans les parties paralysées, puisqu’il suffisait que les nerfs moteurs furent seuls affectés, tandis que les nerfs sensitifs étaient entièrement libres et pouvaient, par là même, servir d’instruments à la douleur.]7 Jésus lui dit : J’irai et je le guérirai. 8 Mais le centurion répondit : Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit ; mais dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri. [8.8 Voir Luc, 7, 6.]9 Car moi, qui suis un homme soumis à la puissance d’un autre, ayant sous moi des soldats, je dis à l’un : Va, et il va ; et à l’autre : Viens, et il vient ; et à mon serviteur : Fais cela, et il le fait. 10 En l’entendant, Jésus fut dans l’admiration, et dit à ceux qui Le suivaient : En vérité, Je vous le dis, je n’ai pas trouvé une si grande foi dans Israël. 11 Aussi Je vous dis que beaucoup viendront de l’orient et de l’occident, et auront place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des Cieux ; [8.11 Voir Malachie, 1, 11.]12 mais les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures. Là il y aura des pleurs et des grincements de dents. [8.12 Les ténèbres extérieures désignent l’enfer. Jésus-Christ continue l’allégorie d’un festin. Or dans les festins, la salle était toujours bien éclairée ; de sorte que ceux qui en étaient expulsés se trouvaient dans les ténèbres, pleurant et grinçant des dents de dépit et de rage.]13 Alors Jésus dit au centurion : Va, et qu’il te soit fait selon que tu as cru. Et le serviteur fut guéri à l’heure même. 14 Jésus, étant venu dans la maison de Pierre, vit sa belle-mère, qui était couchée, et qui avait la fièvre. 15 Il lui toucha la main, et la fièvre la quitta ; et elle se leva, et elle les servait. 16 Quand le soir fut venu, on Lui présenta de nombreux possédés, et Il chassait les (malins) esprits par Sa parole, et Il guérit tous ceux qui étaient malades ; [8.16 Voir Marc, 1, 32. ― On a voulu expliquer les possessions dont il est parlé dans les évangélistes par de simples maladies ou par un dérèglement de l’imagination, ou par des possessions purement spirituelles, ou enfin par le seul emportement des passions. Mais les termes dont se sont servis les écrivains sacrés et Jésus-Christ lui-même sont trop clairs et trop explicites pour qu’on puisse les entendre autrement que l’Eglise les a toujours entendus, c’est-à-dire des possessions dans les lesquelles le démon agit sur les corps.]17 afin que s’accomplît ce qui avait été dit par le prophète Isaïe : Il a pris Lui-même nos infirmités, et S’est chargé de nos maladies. [8.17 Voir Isaïe, 53, 4 ; 1 Pierre, 2, 24.]18 Or Jésus, voyant des foules nombreuses autour de Lui, ordonna de passer à l’autre bord du lac. [8.18 De la mer de Galilée.]19 Alors un scribe, s’approchant, Lui dit : Maître, je Vous suivrai partout où Vous irez. 20 Jésus lui dit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer Sa tête. [8.20 Voir Luc, 9, 58.]21 Un autre de Ses disciples Lui dit : Seigneur, permettez-moi d’aller d’abord ensevelir mon père. 22 Mais Jésus lui dit : Suis-Moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts. 23 Puis Il monta dans une barque, et Ses disciples Le suivirent. [8.23 Voir Marc, 4, 36 ; Luc, 8, 22.]24 Et voici qu’il s’éleva sur la mer une si grande tempête, que la barque était couverte par les flots ; et Lui, Il dormait. [8.24 « Il n’y a de tempête sur la mer de Tibériade que par les vents d’ouest. Venant de la côte de Capharnaüm, ils devaient chasser la barque avec violence et l’empêcher d’aborder. » (J.-H. MICHON.)]25 Ses disciples s’approchèrent de Lui, et L’éveillèrent, en disant : Seigneur, sauvez-nous, nous périssons. 26 Et Jésus leur dit : Pourquoi êtes-vous effrayés, hommes de peu de foi ? Alors Se levant, Il commanda aux vents et à la mer, et il se fit un grand calme. 27 Ces hommes furent dans l’admiration, et ils disaient : Quel est Celui-ci, à qui les vents et la mer obéissent ? 28 Lorsqu’ils furent arrivés à l’autre bord, au pays des Géraséniens, deux possédés vinrent au-devant de Lui, sortant des sépulcres, si furieux que personne ne pouvait passer par ce chemin. [8.28 Voir Marc, 5, 1 ; Luc, 8, 26. ― Voir Matthieu, note 8.16 sur les possessions. ― Gérasa (le texte grec porte : Gergésa) était situé, d’après l’opinion commune, à l’endroit où sont aujourd’hui les ruines informes de Khersa sur la rive gauche de l’ouadi es-Semak, qui se jette dans le lac de Génésareth à l’est. Là entre l’ouadi es-Semak et l’ouadi Fik, vis-à-vis de la ville de Tibériade, cessent les collines et commence la plaine qui s’étend au nord sur la rive orientale du lac. Les ruines de Khersa sont entourées d’un mur. Un peu au sud, en un seul endroit, sont des rochers très escarpés qui s’avancent en pointe dans la mer de Galilée et c’est de là que les porcs poussés par les démons durent se précipiter dans les flots. Partout ailleurs il y a une bande de terre cultivable entre les montagnes et le lac. ― Sortant des sépulcres. Les tombeaux chez les Juifs pouvaient servir d’habitation. C’étaient des cavernes ou des excavations artificielles au milieu des jardins ou des champs ou dans les flancs des montagnes. Ils étaient souvent assez vastes, renfermant des cours avec des chambres souterraines, disposées le long de corridors et remplies de niches où l’on plaçait des cadavres ; on fermait ensuite la niche avec une pierre. Sur plusieurs de ces tombeaux on élevait des édicules. Les démoniaques dont parle saint Matthieu pouvaient habiter dans l’un de ces édicules ou dans les corridors du tombeau.]29 Et voici qu’ils se mirent à crier, en disant : Qu’y a-t-il entre Vous et nous, Jésus, Fils de Dieu ? Etes-Vous venu ici pour nous tourmenter avant le temps ? 30 Or, il y avait non loin d’eux un grand troupeau de porcs qui paissaient. [8.30 Voir Marc, 5, 11 ; Luc, 8, 32.]31 Et les démons Le priaient, en disant : Si Vous nous chassez d’ici, envoyez-nous dans ce troupeau de porcs. 32 Il leur dit : Allez. Et étant sortis, ils entrèrent dans les pourceaux ; et voici que tout le troupeau alla se précipiter avec impétuosité dans la mer, et ils moururent dans les eaux. [8.32 Le troupeau tout entier se précipita dans la mer. Voir Matthieu, note 21.19.]33 Alors les gardiens s’enfuirent ; et venant dans la ville, ils racontèrent tout cela, et ce qui était arrivé aux possédés. 34 Et voici que toute la ville sortit au-devant de Jésus, et, L’ayant vu, ils Le priaient de S’éloigner de leur territoire. [8.34 Voir Marc, 5, 17 ; Luc, 8, 37.]