Vigouroux – Cantique des cantiques 8
L’Epouse continue à exprimer ses désirs. Union des Epoux.
8 Qui me donnera de t’avoir pour frère, suçant les mamelles de ma mère, afin que je te trouve dehors, que je t’embrasse, et que désormais personne ne me méprise ? 2 Je te prendrai, et je te conduirai dans la maison de ma mère ; là tu m’instruiras, et je te donnerai une coupe de vin parfumé (aromatique), et le suc (nouveau) de mes grenades. 3 Sa main gauche est (sera) sous ma tête, et de sa droite il m’embrassera. 4 L’EPOUX. Je vous en conjure, filles de Jérusalem, ne troublez pas, et n’éveillez pas la bien-aimée, jusqu’à ce qu’elle-même le veuille. 5 LES FILLES DE JERUSALEM. Quelle est celle-ci qui monte du désert, enivrée (comblée) de délices, appuyée sur son bien-aimé ? Je t’ai (r)éveillée sous le pommier ; c’est là que (qu’a été corrompue) ta mère t’a conçue, là (a été violée) que celle qui t’a donné le jour t’a enfantée. [8.5 Sous le pommier, etc. D’après la version latine, on ne peut savoir si c’est l’Epoux ou l’Epouse qui dit ces paroles et les suivantes ; mais le texte hébreu les attribue formellement à l’Epouse.]6 Mets-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras, car l’amour est fort comme la mort, et le zèle de l’amour inflexible comme l’enfer ; ses lampes sont des lampes de feu et de flamme. [8.6 Comme un sceau sur ton bras. Allusion sans doute à une coutume semblable à celle des Assyro-Chaldéens, qui avaient pour sceau une pierre précieuse gravée, en forme de cylindre ; ils la portaient attachée à leur bras.]7 Les (De) grandes eaux n’ont pu éteindre l’amour, et les (des) fleuves ne le submergeront pas. Quand un homme donnerait toutes les richesses de sa maison pour l’amour, il les mépriserait comme un rien. 8 LES FRERES DE L’EPOUX. Notre sœur est petite, et elle n’a pas de mamelles ; que ferons-nous à notre sœur au jour où il faudra lui parler ? [8.8 Quand il faudra lui parler ; c’est-à-dire la demander en mariage. Comparer à Genèse, 34, verset 4 et suivants.]9 L’EPOUX. Si elle est un mur, bâtissons sur lui des créneaux (forts) d’argent ; si elle est une porte, fermons-la avec (appliquons dessus) des ais de cèdre. 10 L’EPOUSE. Je suis un mur, et mes mamelles sont comme une tour, depuis que j’ai paru devant lui, comme ayant trouvé (en lui) la paix. 11 Le pacifique a eu une vigne dans celle qui contient des peuples (nombreux) ; il l’a livrée à des gardiens ; chacun doit rendre mille pièces d’argent pour ses fruits. [8.11 Le pacifique ; c’est-à-dire Salomon, dont le nom hébreu a cette signification. ― Dans celle où il y a des peuples ; selon l’hébreu, dans Bahal Hâmôn, nom propre qui signifie maître, possesseur de multitude ; et suivant les Septante, dans Béélamôn, ville que plusieurs croient être Balamôn, mentionné dans le texte grec de Judith (voir Judith, 8, 3), et nommée Béthulie dans la Vulgate. ― Chacun ; c’est le vrai sens du mot hébreu traduit dans la Vulgate par homme (vir).]12 Ma vigne est devant moi. Les mille (pièces d’argent) sont pour toi, (ô) pacifique, et il y en a deux cents pour ceux qui gardent ses (les) fruits. [8.12 Ma vigne est devant moi ; pour moi, au contraire, je n’ai loué ma vigne à personne ; je la garde et la cultive moi-même. ― Les mille, pièces d’argent. ― Sont pour toi, pacifique ; littéralement de toi pacifique (tui pacifici), t’appartiennent. L’Epouse veut dire que sa propre vigne, soignée et cultivée par elle-même, rapportera bien plus que celle que l’Epoux a confiée à des gardiens étrangers.]13 L’EPOUX. O toi qui habites dans les jardins, nos (des) amis écoutent ; fais-moi entendre ta voix. 14 L’EPOUSE. Fuis, ô mon bien-aimé, et sois semblable à la gazelle (au chevreuil) et au faon des cerfs (biches) sur les montagnes des aromates. [8.14 Les montagnes des aromates, les montagnes sans doute où poussent des plantes aromatiques, comme à Cantique, 4, 6, la colline de l’encens.]