9 Dès qu'ils furent partis, Judith entra dans son oratoire, se revêtit d'un cilice, se mit de la cendre sur la tête, se prosterna devant le Seigneur, et criait vers lui en disant :
2 Seigneur Dieu de mon père Siméon*, qui lui avez mis l'épée entre les mains pour se défendre des étrangers, lesquels, transportés d'une passion impure, violèrent une vierge, et la couvrirent de confusion en lui faisant outrage ;
Judith ne loue dans Siméon que le zèle qu'il avait mis à venger l'outrage fait à sa sœur Dina, sans approuver ce qu'il y avait de criminel dans les circonstances de cette action. Ce passage montre évidemment que Judith était de la tribu de Siméon.
3 Qui avez donné leurs femmes en captivité et rendu leurs filles captives, et qui avez livré leurs dépouilles en partage à vos serviteurs dévorés de votre zèle, secourez, je vous prie, Seigneur mon Dieu, une veuve comme moi.
4 Vous avez opéré les premières merveilles, et vous avez résolu d'exécuter tous vos desseins, et il ne s'est fait que ce que vous avez voulu.
5 Toutes vos voies sont préparées, et vos jugements sont établis par votre providence.
6 Jetez les yeux maintenant sur le camp des Assyriens, comme vous les avez jetés sur le camp des Égyptiens lorsque leurs troupes armées poursuivaient vos serviteurs, se confiant en leurs chars, leur cavalerie et la multitude de leurs soldats.
7 Vous avez jeté un regard sur leur camp, et les ténèbres se sont appesanties sur eux.
8 L'abîme a retenu leurs pieds, et ils furent submergés dans les eaux.
9 Ainsi périssent, Seigneur, ceux qui ont confiance dans leur multitude, et qui se glorifient dans leurs chars, leurs dards, leurs boucliers, leurs flèches et leurs lances,
10 Ignorant que vous êtes notre Dieu, vous qui dès le commencement écrasez les armées, et que votre nom est le Seigneur.
11 Levez votre bras, comme vous avez fait autrefois ; brisez leur force par votre force ; que votre colère écrase ceux qui se promettent de violer votre sanctuaire, de déshonorer le tabernacle de votre nom, et de renverser votre autel avec leur épée*.
Judith n'est mue, dans sa résolution, que par des motifs religieux et patriotiques. Elle désire vivement éviter la profanation du temple de Jérusalem, soit qu'il n'eût pas encore été renversé, soit qu'il eût été rétabli.
12 Faites, Seigneur, que la tête de cet orgueilleux soit coupée avec sa propre épée.
13 Qu'il soit pris par ses propres yeux comme dans un piège, et vous le frapperez par les paroles affectueuses qui sortiront de ma bouche*.
La conduite de Judith s'explique assez par les mœurs de l'Orient, et on ne saurait lui reprocher la faiblesse morale d'Holoferne. Le général assyrien, comme on le voit par toute cette histoire, était un homme intempérant et débauché. Judith n'avait pas d'autre intention que de délivrer le peuple d'Israël du danger auquel il se trouvait exposé.
14 Donnez-moi assez de constance dans le cœur pour le mépriser, et assez de force pour le perdre.
15 Ce sera un monument glorieux pour votre nom, qu'il périsse par la main d'une femme.
16 Car votre puissance, Seigneur, n'est point dans la multitude des hommes ; vous ne vous plaisez point dans la force des chevaux, et dès le commencement les superbes ne vous ont point plu ; tandis que vous avez toujours agréé les prières de ceux qui sont humbles et doux*.
La prière de Judith est fervente et animée de sentiments propres à toucher le cœur de Dieu.
17 Dieu des cieux, créateur des eaux, Seigneur de toute créature, exaucez-moi, exaucez celle qui a recours à vous dans sa misère, et qui espère tout de votre miséricorde.
18 Souvenez-vous, Seigneur, de votre alliance ; mettez les paroles dans ma bouche, et fortifiez la résolution de mon cœur, afin que votre maison demeure toujours dans la sainteté,
19 Et que toutes les nations connaissent que c'est vous qui êtes Dieu, et qu'il n'y en a point d'autre que vous.