Vigouroux – Apocalypse 9
Cinquième trompette, chute d’une étoile qui ouvre le puits de l’abîme ; fumée épaisse qui en sort ; sauterelles qui se répandent sur la terre : premier malheur. Sixième trompette, quatre anges liés sur le fleuve de l’Euphrate sont déliés ; cavalerie nombreuse qui fait périr la troisième partie des hommes : commencement du second malheur.
9 Le cinquième ange sonna de la trompette ; et je vis une étoile qui était tombée du ciel sur la terre, et la clef du puits de l’abîme lui fut donnée. [9.1 Une étoile ; c’est-à-dire un grand hérétique. ― Lui fut donnée ; c’est-à-dire fut donnée à l’étoile qui s’en servit pour ouvrir le puits de l’abîme, et non à l’ange. C’est le sens indiqué par la construction même de la phrase. Ajoutons que les quatre anges précédents ne paraissent que pour sonner de la trompette, et qu’ils laissaient agir les fléaux, quand ceux-ci sont appelés. ― « Au son de la cinquième trompette, saint Jean voit d’abord un être sublime et brillant, qui a été précipité du ciel, ouvrir l’abîme, demeure des démons et des exécuteurs de la justice divine. La fumée qui s’en échappe donne l’idée d’une éruption volcanique, et rappelle celle du Vésuve qui avait effrayé le monde dix-huit ans auparavant. Immédiatement après, apparaît une multitude innombrable de sauterelles, semblables à des escadrons de cavaleries armés en guerre, lesquelles répandent partout la désolation, sans nuire pourtant à la société de ceux qui portent sur le front le signe du Dieu vivant. Cette peinture rappelle celle de Joël, chapitres 1 et 2, et doit avoir une signification analogue. » (L. BACUEZ.).]2 Elle ouvrit le puits de l’abîme, et il monta du puits une fumée, comme la fumée d’une grande fournaise ; et le soleil et l’air furent obscurcis par la fumée du puits. 3 Et de la fumée du puits sortirent des sauterelles qui se répandirent sur la terre. Et il leur fut donné un pouvoir (puissance) semblable au pouvoir (à la puissance) qu’ont les scorpions sur la terre ; 4 et il leur fut ordonné de ne pas faire de mal à l’herbe de la terre, ni à aucune verdure, ni à aucun arbre, mais seulement aux hommes qui n’ont pas le sceau de Dieu sur leurs fronts ; 5 et il leur fut donné de ne pas les tuer, mais de les tourmenter pendant cinq mois ; et le tourment qu’elles causaient était comme le tourment que cause le scorpion quand il pique un homme. 6 En ces jours-là, les hommes chercheront la mort, et ils ne la trouveront pas ; ils désireront mourir, et la mort fuira loin d’eux. [9.6 Voir Isaïe, 2, 19 ; Osée, 10, 8 ; Luc, 23, 30.]7 Ces sauterelles étaient semblables à des chevaux préparés pour le combat ; sur leur tête il y avait comme des couronnes ressemblant à de l’or, et leurs visages étaient comme des visages d’hommes. [9.7 Voir Sagesse, 16, 9.][9.7 et suivants. « La description qui suit emprunte ses traits aux sauterelles naturelles, mais en les transformant et les agrandissant d’une façon merveilleuse. La tête de ces animaux, semble sortir du thorax, comme celle du cheval sort du plastron qui recouvre son poitrail (voir Job, 39, 20 ; Joël, 2, 4) ; à Naples, on les appelle encore cavaletti, en Allemagne Heupferde, c’est-à-dire chevaux du foin. Elles ont à la tête une protubérance ou crête à reflet d’un jaune vert : c’est le diadème d’or. Cette tête offre, en outre, une vague ressemblance avec le profil du visage humain. Leurs longues antennes rappellent des cheveux de femmes, leur voracité les dents du lion (voir Joël, 1, 6), leur dur thorax une cuirasse de fer. Pour le bruit de leurs ailes, comparer à Joël, 2, 5. » (CRAMPON)]8 Et elles avaient des cheveux comme des cheveux de femmes, et leurs dents étaient comme les dents des lions ; 9 elles avaient des cuirasses comme des cuirasses de fer, et le bruit de leurs ailes était comme le bruit de chars à plusieurs chevaux qui courent au combat ; 10 elles avaient des queues semblables à celles des scorpions, et il y avait des aiguillons dans leurs queues, et leur pouvoir était de nuire aux hommes pendant cinq mois. 11 Elles avaient pour roi au-dessus d’elles l’ange de l’abîme, appelé en hébreu Abaddon, en grec Apollyon, et en latin l’Exterminateur. 12 Le premier malheur est passé ; et voici, il vient encore deux malheurs après cela (ceux-ci). 13 Le sixième ange sonna de la trompette ; et j’entendis une voix qui venait des quatre cornes de l’autel d’or, qui est devant Dieu. [9.13 « Aux quatre coins de l’autel étaient placées quatre cornes, emblèmes de la puissance de la prière et du sacrifice (voir Exode, 30, 3). L’autel d’où part la voix est celui-là même où les prières des saints montaient devant Dieu (voir Apocalypse, 8, verset 3 et suivants) : elles ont été exaucées et ont obtenu de Dieu la plaie qui va être décrite. » (CRAMPON)]14 Elle disait (dit) au sixième ange qui avait la trompette : Délie les quatre anges qui sont liés sur le grand fleuve de l’Euphrate. [9.14 Les quatre anges, « probablement de bons anges, quoiqu’ils soient présentés comme liés ; ce qui lie les anges, dit Bossuet, ce sont les ordres suprêmes de Dieu. ― L’Euphrate est mis ici par figure : c’est de là que, dans l’Ancien Testament (voir Isaïe, 7, 20 ; 8, 7 ; Jérémie, 46, 10) partaient les armées ennemies pour ravager les Juifs infidèles. » (CRAMPON) ― Le grand fleuve d’Euphrate a sa source en Arménie, arrose la Syrie, la Mésopotamie et la Babylonie et après s’être mêlé au Tigre, se jette dans le golfe Persique.]15 Et (aussitôt) les quatre anges, qui étaient prêts pour l’heure, le jour, le mois et l’année, furent déliés, afin de tuer la troisième partie des hommes. 16 Et le nombre des cavaliers de cette armée était de vingt fois mille fois dix mille (deux cent millions) ; car j’en entendis le nombre. 17 Et je vis ainsi les chevaux dans ma vision : ceux qui les montaient avaient des cuirasses (couleur) de feu, et d’hyacinthe, et de soufre ; les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lions, et de leur bouche il sortait du feu, de la fumée et du soufre. 18 Par ces trois plaies, par le feu, par la fumée et par le soufre qui sortaient de leur bouche, la troisième partie des hommes fut tuée. 19 Car la puissance de ces chevaux était dans leur bouche et dans leurs queues. En effet, leurs queues étaient (sont) semblables à des serpents ; elles ont des têtes, et c’est par elles qu’elles font du mal. 20 Et les autres hommes, qui n’avaient pas été tués par ces plaies, ne se repentirent pas des œuvres de leurs mains, de manière à ne plus adorer les démons et les idoles d’or, d’argent, d’airain, de pierre et de bois, qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher ; 21 et ils ne firent point pénitence de leurs meurtres, ni de leurs maléfices (empoisonnements), ni de leurs impudicités, ni de leurs rapines (larcins).