9 Je dis la vérité devant Jésus-Christ. Je ne mens pas, et ma conscience me rend ce témoignage par le Saint-Esprit,
2 Qu'il y a une profonde tristesse en moi, et une douleur continuelle dans mon cœur.
3 Car je souhaitais d'être moi-même anathème à l'égard de Jésus-Christ, pour mes frères qui me sont unis selon la chair* ;
Saint Paul, pressé par une charité généreuse et comme aveugle, qui ne réfléchit pas si le sacrifice qu'elle veut faire est possible, exprime le désir d'être éternellement rejeté et séparé de Jésus-Christ, pourvu que par ce moyen il procure le salut de ses frères (S. JEAN CHRYSOSTOME, ORIGÈNE) ; mais ce souhait n'est pas absolu, puisque, outre qu'il procède d'une condition impossible, l'Apôtre désire en même temps posséder l'amour de Dieu. On peut donc ne voir dans ces paroles qu'une hyperbole dictée par un zèle qu'on admire, mais qui ne doit pas être poussé à la rigueur.
4 Qui sont Israélites ; à qui appartiennent l'adoption des enfants de Dieu, sa gloire, son alliance, sa loi, son culte et ses promesses ;
5 Qui ont pour pères les patriarches, et de qui est sorti selon la chair le Christ même, qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni dans tous les siècles. Amen.
6 Ce n'est pas que la parole de Dieu soit restée sans effet. Car tous ceux qui descendent d'Israël ne sont pas Israélites ;
7 Et tous ceux qui sont de la race d'Abraham ne sont pas ses enfants ; mais Dieu lui dit : C'est en Isaac que sera ta postérité* ;
Gen., XXI, 12.
8 C'est-à-dire, ceux qui sont enfants selon la chair ne sont pas pour cela enfants de Dieu* ; mais ce sont les enfants de la promesse qui sont comptés dans la postérité.
Voy. Galat., IV, 22 et suiv.
9 Car voici les termes de la promesse : Je viendrai en ce même temps, et Sara aura un fils*.
Gen., XVIII, 10.
10 Et non seulement Sara, mais aussi Rébecca, qui eut ses deux fils à la fois d'Isaac, notre père*.
Gen., XXV, 24.
11 Car avant qu'ils fussent nés, ou qu'ils eussent fait aucun bien ni aucun mal, afin que le dessein que Dieu avait fait par son choix fût immuable,
12 Non à cause de leurs œuvres, mais par la volonté de Celui qui appelle, il lui fut dit :
13 L'aîné sera assujetti au plus jeune*, selon qu'il est écrit : J'ai aimé Jacob, et j'ai haï Ésaü*.
Gen., XXV, 23.
C'est-à-dire Ésaü a été moins aimé, moins privilégié : tel est ici le sens du mot haï, comme dans plusieurs autres endroits de l'Écriture.
14 Que dirons-nous donc ? Y a-t-il de l'injustice en Dieu ? Nullement.
15 Car il dit à Moïse : J'aurai pitié de qui j'ai pitié ; et je ferai miséricorde à qui je ferai miséricorde*.
Exode, XXXIII, 19.
16 Cela ne dépend donc ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu, qui fait miséricorde.
17 Aussi est-il dit à Pharaon dans l'Écriture : Voici pourquoi je t'ai suscité, c'est pour faire éclater en toi ma puissance, et pour que mon nom soit annoncé par toute la terre*.
Exode, IX, 16.
18 Il a donc pitié de qui il veut, et il endurcit qui il veut*.
L'endurcissement provient de la faute des pécheurs. Parfois on attribue à Dieu ce qu'il permet seulement.
19 Vous me direz peut-être : Après cela pourquoi Dieu se plaint-il ? car qui est-ce qui résiste à sa volonté ?
20 O homme, qui es-tu pour contester avec Dieu ? Un vase d'argile dit-il à celui qui l'a formé : Pourquoi m'as-tu fait ainsi* ?
Voy. Sag., XV, 7. — Isaïe, XLV, 9. — Jérém., XVIII, 6.
21 Le potier n'a-t-il pas le pouvoir de faire de la même masse d'argile un vase d'honneur et un autre d'ignominie ?
22 Si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une patience extrême les vases de colère préparés pour la perdition,
23 Afin de manifester les richesses de sa gloire sur les vases de miséricorde qu'il a préparés pour la gloire,
24 Sur nous, qu'il a de plus appelés non seulement d'entre les Juifs, mais aussi d'entre les gentils,
25 Selon ce qu'il dit dans Osée* : J'appellerai mon peuple ceux qui n'étaient point mon peuple, ma bien-aimée celle que je n'avais point aimée, et l'objet de ma miséricorde celle à qui je n'avais point fait miséricorde ;
Osée, II, 24.
26 Et il arrivera que dans le lieu même où je leur avais dit : Vous n'êtes point mon peuple, ils seront appelés enfants du Dieu vivant*.
Osée, I, 10.
27 Et Isaïe s'écrie à l'égard d'Israël : Quand le nombre des enfants d'Israël serait égal à celui du sable de la mer, il n'y aura qu'un reste de sauvé*.
Isaie, X, 22.
28 Or le Seigneur accomplira cette parole* et l'abrégera avec équité ; oui, le Seigneur abrégera cette parole sur la terre ;
Cette parole, c'est-à-dire cette prophétie d'Isaïe. L'Apôtre insinue ici que la masse des Juifs ne sera pas toujours, comme en ce moment, endurcie et rejetée, mais qu'à la fin des temps Dieu accomplira sur les restes de ce peuple ses desseins de miséricorde.
29 Et comme Isaïe avait dit auparavant : Si le Seigneur des armées ne nous avait réservé un rejeton, nous serions devenus comme Sodome et semblables à Gomorrhe.
30 Que dirons-nous donc ? Que les gentils, qui ne cherchaient point la justice, ont embrassé la justice, et la justice qui vient de la foi ;
31 Et qu'Israël, au contraire, en recherchant la loi de justice, n'est point parvenu à la loi de justice.
32 Et pourquoi ? Parce qu'ils ne l'ont point recherchée par la foi, mais par les œuvres de la loi. Car ils se sont heurtés contre la pierre d'achoppement,
33 Selon qu'il est écrit : Voici que je mets en Sion une pierre d'achoppement et une pierre de scandale, et quiconque croit en lui ne sera point confondu*.
Le royaume de Dieu est comparé à un édifice dont Jésus-Christ est la pierre angulaire et fondamentale. Les Juifs endurcis, en voulant rejeter cette pierre, se sont heurtés et brisés contre elle. Les gentils se sont laissé unir à elle, et ont été incorporés à la divine construction. (S. Matth., XXI, 42.)