Vigouroux – Psaumes 90
(Hébreu : 90).
Le Psalmiste décrit la grandeur de Dieu et la faiblesse de l’homme, dont la vie, déjà très courte, est encore abrégée par ses iniquités. Il prie le Seigneur de visiter et de consoler le peuple d’Israël.
89 Prière de Moïse, (l’)homme de Dieu.
[89.1 Prière, etc. Voir pour ce titre les interprètes.][89.1-17 Ce psaume, le plus ancien de la collection, a dû être chanté par le peuple d’Israël depuis l’Exode et ainsi conservé de mémoire. Plusieurs des traits qu’il contient rappellent la manière de Moïse. Voir Deutéronome, chapitres 32 et 33. C’est à cause de son antiquité qu’il est placé en tête du 4e livre. ― Il fut composé sans doute à la suite de la condamnation porté contre les Israélites par le Seigneur qui, pour les punir de leurs continuelles révoltes, leur annonça que tous ceux qui avaient atteint l’âge de 20 ans, au moment de la sortie d’Egypte, périraient dans le désert.][89.1-6 Contraste entre la brièveté de la vie de l’homme et l’éternité de Dieu.]
Seigneur, vous avez été (êtes devenu) pour nous un refuge, de génération en génération. 2 Avant que les montagnes eussent été faites, ou que la terre et le monde (l’univers) eussent été formés, vous êtes Dieu de toute éternité, et dans tous les siècles (d’un siècle jusqu’à un autre siècle). [89.2 Avant que, etc. Le Psalmiste fait ressortir ici l’éternité et l’immutabilité de Dieu, pour l’opposer à la faiblesse et à la brièveté de la vie humaine dont il va parler.]3 Ne réduisez (détournez) pas l’homme à l’abaissement (vers l’abjection), vous qui avez dit : Revenez, enfants (vers moi, fils) des hommes. [89.3 Ne détournez pas, etc. ; c’est-à-dire ne permettez pas qu’un homme se tourne, etc. ― L’Ecriture dit souvent que Dieu fait ce qu’il permet seulement. ― Fils des hommes ; hébraïsme, pour hommes.]4 Car mille ans sont à vos yeux comme le jour d’hier qui n’est plus, et comme une veille de la nuit ; [89.4 Veille nocturne ; littéralement veille dans la nuit. Nous avons eu déjà occasion de remarquer qu’en hébreu les adjectifs sont souvent remplacés par un substantif précédé d’une préposition. Or l’expression veille nocturne désigne ici un espace de temps très court, puisque les Hébreux divisaient la nuit en trois veilles.]5 on les compte pour rien ; tel est le cas que l’on fait de leurs années. [89.5 Leurs années ; c’est-à-dire les années des fils des hommes, nommés au verset 3.]6 Comme l’herbe, il passe en un matin ; le matin elle fleurit, et elle passe ; le soir elle tombe, se durcit et se dessèche. [89.6 Que le matin, etc. C’est le sens exact de la Vulgate et des Septante. Les traducteurs rendent généralement les verbes de ce verset par le présent ou le futur de l’indicatif ; le texte hébreu est susceptible de ces deux temps ; mais, selon nous, le contexte favorise plutôt le premier ; car le Psalmiste, voulant montrer la brièveté et la fragilité de la vie humaine, doit tout naturellement invoquer, en preuve, un fait existant, et dont l’expérience a été déjà faite.]7 Car nous sommes consumés (avons défailli) par votre colère, et nous avons été troublés par votre fureur. [89.7-11 Ce sont les péchés de l’homme (d’Israël rebelle dans le désert), qui abrègent ses jours en attirant la colère de Dieu sur lui.]8 Vous avez mis nos iniquités en votre présence, et notre vie à la lumière de votre visage. 9 C’est pourquoi tous nos jours se sont évanouis, et nous avons été consumés (avons défailli) par votre colère. Nos années se passent en de vains soucis, comme pour (s’exercent comme) l’araignée. [89.9 Nos années, etc. nos années sont semblables à l’araignée qui travaille et s’épuise à faire une toile si fragile, que le moindre attouchement peut la détruire. ― S’exercent. Comparer à Psaumes, 34, 28.]10 Les jours de nos années sont en tout (elles-mêmes) de soixante-dix ans ; pour les plus forts (robustes), de quatre-vingts ans. Le surplus n’est que peine et que douleur ; car alors survient la faiblesse (votre mansuétude), et nous sommes affligés (emportés). [89.10 Voir Ecclésiastique, 17, 8. ― En elles-mêmes ; ordinairement ; si aucune maladie ou tout autre accident extraordinaire ne vient en abréger le cours. ― Mais survient, etc. ; c’est-à-dire notre vie ne va pas ordinairement au-delà de quatre-vingts ans, parce que votre douce miséricorde vient, en nous enlevant de ce monde, nous délivrer des infirmités et des autres misères, qui, dans un âge plus avancé, font de la vie une mort continuelle.]11 Qui connaît la puissance de votre colère, et qui (, à cause de la colère qu’il a de vous,) comprend combien votre colère est redoutable ? 12 Apprenez-nous à reconnaître (Faites ainsi connaître) votre droite, et instruisez notre cœur dans la sagesse. [89.12 Ce verset commence, pour le sens, à Faites, etc. ― Enumérer est la conclusion de la phrase du verset précédent.][89.12-17 Prière à Dieu, pour qu’il ait pitié de ses serviteurs et leur accorde ses grâces.]13 Revenez, Seigneur ; jusques à quand nous rejetterez-vous ? Laissez-vous fléchir en faveur de vos serviteurs. [89.13 Jusqu’à quand ? … Voir Psaumes, 6, 4.]14 Nous avons été comblés, dès le matin, de votre miséricorde ; nous avons tressailli d’allégresse et de bonheur tous les jours de notre vie (dans les délices). [89.14-15 On pourrait traduire ces deux versets conformément à l’hébreu, de cette manière : Remplissez-nous de votre miséricorde dès le matin (c’est-à-dire au plus tôt, sans tarder), et nous tressaillirons, etc., et nous passerons, etc., et nous nous réjouirons.]15 Nous nous sommes réjouis à proportion des jours où vous nous avez humiliés, et des années où nous avons vu le malheur. [89.15 Nous avons vu. Voir Psaumes, 88, 49.]16 Jetez un regard sur vos serviteurs et sur vos œuvres, et guidez leurs enfants (fils). 17 Que la lumière (splendeur) du Seigneur notre Dieu brille sur nous ; dirigez (d’en haut) les ouvrages (œuvres) de nos mains ; oui, dirigez l’œuvre de nos mains.