5 Quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu, et quiconque aime Celui qui l'a engendré aime aussi Celui qui est né de Lui. [1-5. Saint Jean revient sur deux marques de la filiation divine du chrétien : la foi en la divinité du Christ, et l'amour de Dieu notre Père se prolongeant dans l'amour de nos frères. Les deux amours sont inséparables : le premier est le critère du second (et réciproquement : IV, 20). En eux se résument les commandements divins, qui ne sont pas lourds pour une âme généreuse (Matthieu XI, 30). De plus, les enfants de Dieu sont vainqueurs du monde (Jean XVI, 33), parce que la foi en Jésus, Fils de Dieu, les unit à lui, les fait participer à sa vie et par suite à sa victoire.]
4 Car tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde ; et la victoire qui a vaincu le monde, c'est notre foi.
6 C'est lui qui est venu par le moyen de l'eau, du sang et de l'Esprit ; non pas avec l'eau seulement, mais avec l'eau et le sang. Et c'est l'Esprit qui rend témoignage, parce que l'Esprit est la vérité. [6-7 C'est le fameux comma johanneum, ou verset des trois témoins. Le Christ est venu dans le monde, non seulement par le moyen de l'eau au baptême, mais aussi par le moyen du sang au Calvaire. Jésus, baptisé par le Précurseur, a en outre répandu son sang, pour expier nos fautes (voir I, 7 ; IV, 10). C'est donc bien le Fils de Dieu et pas seulement un homme qui est mort sur la croix. Il semble que saint Jean voit en outre dans l'eau le symbole du baptême chrétien et dans le sang le symbole de la Passion ou de l'Eucharistie (comparer le coup de lance : Jean XIX, 34). L'eau est témoin de la divinité de Jésus, proclamé Fils de Dieu lors de son baptême ; le sang témoigne de l'obéissance parfaite du Christ à son Père (Jean XIV, 31) et prouve sa divinité, la Passion étant la condition de la Résurrection qui est la preuve par excellence. Enfin l'Esprit-Saint qui est la vérité même (Jean XVI, 13) rend lui aussi témoignage (Jean XV, 26 ; XVI, 13), par toute son action dans l'Église. Ces trois témoins s'accordent à attester la filiation divine de Jésus et sont intimement unis ; en ce sens, ils ne font qu'un. Les mots entre parenthèses constituent une belle formule du dogme trinitaire, mais font défaut dans la plupart des manuscrits, versions anciennes et citations des Pères. Ils sont estimés inauthentiques par la presque unanimité des commentateurs. Le décret du Saint Office du 13 janvier 1897, déclarant qu'on ne pouvait sans danger mettre en doute l'authenticité, a été presque tout de suite interprété comme n'ayant qu'une valeur disciplinaire et comme destiné à éviter que les docteurs privés ne s'attribuent le droit de trancher la question en dernier ressort. Cette interprétation a été rendue officielle par un nouveau décret le 2 juin 1927 : l'authenticité peut être librement discutée, avec la prudence qui s'impose. (Euchiridion Biblicum, 120, 121).]
9 Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est supérieur, car c'est le propre témoignage de Dieu, qu'il a rendu au sujet de son Fils. [9-12. Nous acceptons le témoignage des hommes quand il offre les garanties voulues ; à plus forte raison le témoignage dont il vient d'être question ne saurait-il être récusé, car c'est le témoignage de Dieu lui-même. Ce témoignage a pour objet la filiation divine de Jésus ; il engendre la foi en celui qui le reçoit. Plus profondément encore, il concerne notre vivification par l'union au Fils de Dieu, participation, par le moyen de son Fils, à la vie même de Dieu, qui est la vie éternelle (voir IV, 9 ; Jean V, 26 ; VI, 58).]
10 Celui qui croit au Fils de Dieu possède ce témoignage en lui. Mais celui qui ne croit pas en Dieu fait de lui un menteur parce qu'il n'ajoute pas foi au témoignage que Dieu a rendu au sujet de son Fils.
13 Je vous ai écrit tout cela afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au Nom du Fils de Dieu.
14 Et nous avons en lui cette assurance que si nous demandons une chose conforme à sa volonté, il nous exauce.
16 Si quelqu'un voit son frère commettre un péché qui ne va pas jusqu'à la mort, qu'il prie, et Dieu lui donnera la vie ; cela pour ceux qui n'ont pas péché mortellement.
Mais il y a un péché qui aboutit à la mort ; ce n'est pas pour celui-là que je dis de prier. [16-17. Mais pour le péché qui « aboutit à la mort », c'est-à-dire l'apostasie, la perte de la foi, la conversion est moralement impossible et la prière, sans être interdite, est jugée inutile par l'Apôtre. C'est la même pensée que dans Hébreux VI, 4-8 ; X, 26-31 (comparer le péché contre l'Esprit dans l'Évangile : Marc III, 29 et parallèles). Il s'agit uniquement de fautes graves, que nous appellerions aujourd'hui mortelles ; mais dans le premier cas le pécheur n'a pas perdu la foi ; il n'est pas, comme l'apostat, dans une situation moralement désespérée.]
18 Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas, mais celui qui est né de Dieu se garde lui-même et le Mauvais n'a pas de prise sur lui. [18-20. Le véritable enfant de Dieu ne devrait jamais pécher (comparer III, 6, 9). Les croyants ont reçu du Christ l'intelligence, la lumière de la révélation (comparer II, 20) ; ils connaissent le Dieu Véritable, ils lui sont unis en Jésus-Christ, vrai Dieu comme le Père et vie éternelle.]